Un dialogue culturel franco-chinois sur la conservation numérique du patrimoine culturel de Dunhuang a été organisé sur Internet, lors de la journée internationale des musées, le 18 mai.

Des institutions françaises et chinoises, telles que l'Académie de Dunhuang et le Musée national des arts asiatiques - Guimet, ont lancé conjointement le projet "Grottes de Dunhuang numériques", visant à partager à l'échelle mondiale les reliques découvertes dans les grottes sous forme numérique.

Les Grottes de Mogao, un site du patrimoine mondial de l'UNESCO situé à Dunhuang, dans la province chinoise du Gansu (nord-ouest), furent construites à partir de 366 apr. J.-C., abritant des fresques s'étendant sur 45 000 m². Depuis leur découverte au début du XXe siècle, environ 40 000 reliques ont été emportées à l'étranger, notamment en France, un des plus grands conservateurs des reliques de Dunhuang de nos jours.

Dans le but d'exposer à l'échelle mondiale les reliques des grottes de Dunhuang, le projet utilise des technologies comme la collecte numérique des reliques, l'intelligence artificielle et la réalité virtuelle, tout en attachant de l'importance à l'innovation et à l'expérience, afin de donner de nouvelles formes à la culture traditionnelle.

Le projet a été rendu accessible via un mini-programme Wechat baptisé "Voyager à Dunhuang en ligne" (Yunyoudunhuang). Depuis sa mise en ligne le 20 février 2020, ce mini-programme est devenu un accès important permettant aux Chinois de voyager en ligne à Dunhuang dans le contexte de l'épidémie de COVID-19 et a accueilli près de 39,88 millions de visiteurs.

"L'esthétique orientale incarnée dans les grottes de Dunhuang représente une mondialité, et reflète une culture multiethnique et multirégionale", a indiqué Zhao Shengliang, directeur général de l'Académie de Dunhuang. "Nous espérons utiliser les moyens numériques pour mieux promouvoir la culture de Dunhuang dans le monde."

Connu mondialement pour les arts asiatiques, le musée français Guimet conserve de nombreuses reliques de Dunhuang, comme des manuscrits et les peintures sur soie. D'après Vincent Lefèvre, conservateur général du musée, les Grottes de Mogao sont un patrimoine culturel de toute l'humanité. Il souhaite que, grâce aux nouvelles technologies, ce patrimoine chinois merveilleux soit accessible au plus large public afin de mieux faire connaître la civilisation chinoise et humaine.

Ce dialogue culturel sino-français s'est tenu dans l'espoir de bâtir des ponts entre la France et la Chine à l'aide des technologies, de rétablir les échanges culturels bloqués par l'épidémie entre les deux pays et d'explorer ensemble l'innovation et la réinvention des musées à l'ère numérique.

L'histoire franco-chinoise liée à Dunhuang ne date pas d'hier. Dans les années 1940, l'artiste chinois Chang Shuhong a fondé l'Institut national d'art de Dunhuang en Chine après près de dix ans de séjour en France. Il s'agit d'une institution consacrée aux recherches sur les arts de Dunhuang, devenue plus tard l'Académie de Dunhuang. En fait, cette initiative a commencé lorsqu'il a découvert, durant une promenade en bord de Seine, "Le catalogue des grottes de Dunhuang", ouvrage compilé par le sinologue français Paul Pelliot.

À la suite du lancement de l'initiative "la Ceinture et la Route", la Chine et la France ont également renforcé leur coopération sur Dunhuang.

La numérisation des reliques de Dunhuang reste au cœur des échanges franco-chinois. En 2015, la Bibliothèque nationale de France a fait un don de manuscrits de Dunhuang sous forme numérique de haute définition aux institutions culturelles et muséales chinoises, réalisant ainsi la "restitution numérique" en Chine des manuscrits de Dunhuang conservés en France. En 2016, le musée Guimet a offert à l'Académie de Dunhuang plus de 400 copies numérisées de photographies anciennes des Grottes de Mogao.