Longtemps présumé disparu, le garrulaxe de Courtois, une espèce classée en danger critique d'extinction en Chine, connait aujourd'hui une lente mais encourageante reprise de sa population, grâce à d'intenses efforts de conservation.

Dans le district de Wuyuan, dans la province chinoise du Jiangxi (est), cet oiseau est devenu un emblème des efforts croissants de la Chine en matière de protection de la faune sauvage et d'amélioration progressive de son environnement écologique. Fruit d'un engagement de longue haleine, cette mobilisation bénéficie également du soutien actif de la France, où le garrulaxe fut identifié pour la première fois il y a plus d'un siècle.

Le 14 mai, une habitante du village de Shimen de Wuyuan, a aperçu un garrulaxe de Courtois en détresse au bord d'une rivière. Alertée, une équipe locale de protection de la faune est rapidement intervenue pour porter secours à l'oiseau.

Identifiable à sa calotte bleu vif, sa gorge jaune, son masque noir et son dos brun, ce passereau figure sur la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), au rang des espèces "en danger critique d'extinction". Il est considéré comme l'un des plus rares au sein de l'ordre des passériformes.

Après avoir frôlé l'extinction, seuls quelque 200 spécimens étaient recensés dans la nature en 2006, la population mondiale du garrulaxe de Courtois est aujourd'hui estimée à environ 600 individus, concentrés dans les régions de Wuyuan, Dexing et leurs alentours.

Mais cet oiseau entretient également un lien historique fort avec la France. Le premier spécimen fut collecté par un missionnaire français en 1919 à Wuyuan. Quatre ans plus tard, en 1923, des ornithologues français lui attribuèrent son nom scientifique officiel. Ce n'est qu'en 2000, après plusieurs décennies sans observation, que l'oiseau réapparaît dans son habitat originel.

Face à cette redécouverte, les autorités chinoises ont lancé une série d'initiatives de protection. Selon le directeur adjoint du Bureau des forêts du district de Wuyuan, Yan Jiajun, l'exploitation des forêts naturelles de feuillus est interdite depuis 2009 à Wuyuan. Le district a également créé 193 micro-réserves naturelles, couvrant l'ensemble des sites de reproduction du garrulaxe de Courtois.

En 2024, de nouvelles règlementations de protection ont désigné des "zones cœur" interdites à toute activité économique. Un fonds spécial a également été mis en place pour financer les efforts de conservation. Le même année, l'Administration d'Etat des forêts et des prairies a validé la création d'un centre national de recherche et de conservation du garrulaxe de Courtois, installé dans le Jiangxi.

A l'échelle mondiale, il n'existe pas encore de système mature de reproduction artificielle pour les oiseaux de l'ordre des passériformes. "Percer les défis techniques de la reproduction artificielle du garrulaxe de Courtois et établir une population ex situ viable constitue une priorité urgente à l'heure actuelle", explique Zhang Weiwei, professeure à l'Université d'agriculture du Jiangxi.

La France joue, elle aussi, un rôle actif dans cette dynamique. Le Parc zoologique et botanique de Mulhouse a été le premier en France à accueillir un garrulaxe de Courtois, dès 1995. Depuis, il collabore avec d'autres établissements européens dans le cadre de programmes de reproduction en captivité. En octobre 2023, une conférence sino-française s'est tenue à Wuyuan, scellant une coopération renforcée autour de la constitution de banques génétiques, de la création de bases de reproduction et de la restauration des habitats naturels.

Aujourd'hui, plus de 300 individus sont élevés en captivité à travers l'Europe, l'Asie et les Amériques.

Symbole du succès en matière de protection aviaire, le garrulaxe de Courtois incarne désormais le potentiel de la coopération environnementale internationale. La Chine et la France entendent renforcer ce partenariat historique et élargir ce modèle de collaboration à la sauvegarde de la biodiversité mondiale. Une alliance qui transcende les frontières pour écrire ensemble de nouveaux chapitres de la conservation écologique.

Photo © Xinhua