Exposition « LUXES » au Musée des Arts Décoratifs (du 15 octobre 2020 au 2 mai 2021)

1603292546000 Chine-info Emmanuel Lincot

S’il est une civilisation qui a porté très haut les valeurs du luxe, c’est bien celle de la Chine. L’un des mérites de cette exposition est de ne pas se limiter aux seuls choix de l’Occident, ou plus particulièrement ceux de la France. « Luxes » nous renvoie à une très grande diversité des approches anthropologiques en tenant compte de la part essentielle que la Chine a pris dans le monde de l’art et de la rareté de ses objets. Un ravissement que l’on peut découvrir au Musée des Arts Décoratifs (MAD), jusqu’au printemps prochain.

Qilin - Chine, dynastie Qing (1644-1912), règne de Qianlong (1736-1796) / Émaux cloisonnés, cuivre, dorure / Paris, musée des Arts décoratifs / Don David David-Weill, 1923 © MAD Paris/Jean Tholance

La période sino-mandchoue de la dynastie Qing (1644-1911) est sans doute la mieux représentée. On y verra une coupe fabriquée à la manufacture de Jingdezhen en porcelaine monochrome. La simplicité de la forme posée sur un pied très légèrement cintré lui confère une grande sobriété mais également son élégance. Par ailleurs, cet intérêt pour l’esthétique chinoise ne s’est jamais démenti en Europe même. En témoigne ce baromètre-thermomètre façon pagode chinoise, daté de 1750. Il associe les techniques européennes à celle de la laque importée de Chine que tentera de concurrencer le vernis Martin, auxquels les marchands merciers parisiens ont souvent eu recours. Cet intérêt pour une mode aussi luxueuse qu’exotique se décline en réalisations diverses, tel ce flacon de parfum, superbement orné d’une pagode chinoise; le jardin chinois étant à l’époque des Lumières une source d’inspiration infinie.

Parure de tête - Chine, dynastie Qing (1644-1912), XIXe siècle / Vannerie, plumes de martin-pêcheur, pierres fines, perles fines, verre, carton, papier, fils métalliques, fibres textiles / Paris, musée des Arts décoratifs © MAD Paris/Jean Tholance

C’est précisément à cette époque que l’effervescence décorative du luxe chinois connait un tournant. Il offre un saisissant contraste au sentiment de l’épure si cher au luxe japonais, ces céramiques élémentaires, réparées avec délicatesse lorsqu’elles ont été brisées, à l’instar de la pratique du Kintsugi. On le voit à travers cette parure de tête, décorée de perles fines, et surmontée de plumes bleues du martin-pêcheur, alors très en vogue à la Cour de Pékin au XIXe siècle. Ou encore par le choix de ce paravent en laque de Coromandel dont raffolaient les Européens. Depuis la Chine, il avait transité par l’Inde avant d’atteindre l’Europe.

Paravent de douze feuilles - Chine, dynastie Qing (1644-1912), XVIIe-début XVIIIe siècle / Bois, laque, textile, enduit, pigments ; technique kuan cai, dite « laque de Coromandel » / Paris, musée des Arts décoratifs © MAD Paris/Jean Tholance

Ces styles et leurs formes empruntés à la Chine se poursuivent avec les réalisations au début du XXe siècle des vases d’un Jean Dunand qui innove dans l’alliage subtil du cuivre et de la laque. Ces formes portent haut les valeurs d’un esthétisme qui n’est pas sans faire penser à la sobriété des céramiques du néolithique, découvertes à la même époque dans le bassin du Fleuve jaune. A voir et à revoir.

Photo du haut : Guo Pei - Robe Magnificient Gold, Collection « Samsara » Pékin, 2006 / Soie, fil, fil d’or, fil d’argent, accessoires Swarovski / Guo Pei, Samsara Collection © Photographe : Russel Wong

INFORMATIONS PRATIQUES

Exposition LUXES

Du 15 octobre 2020 au 2 mai 2021

Musée des Arts Décoratifs (MAD)

107 rue de Rivoli

75001 Paris

Catalogue : 35 euros

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