Pour cette rétrospective, l’Asie et plus particulièrement la Chine sont à la fête. En trois séquences se découvre l’évolution de la société chinoise: celle des années Mao et du Mouvement des Cent Fleurs, de la fin de la Révolution culturelle, des monts Huangshan dans l’Anhui, puis de la Chine des années de croissance. De 1956 aux premières années 2000, c’est sous l’œil d’un photographe exceptionnel qu’il nous est ainsi permis, en ces temps de Covid, de voyager !…

Avant Riboud, peu de photographes s’étaient aventurés en Chine à l’exception notable de Robert Capa, en 1938, qui avait couvert la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945) et Henri Cartier-Bresson, en 1949. Au reste, ces deux aînés seront ses mentors lorsque le jeune Riboud fera ses premiers pas à l’agence Magnum. Ses photographies de la Chine sont d’autant plus rares qu’elles nous montrent la fin d’un monde et le début d’une industrialisation qui mobilise alors toute une nation. Il faudra attendre 1971 avant que Riboud n’y remette les pieds. Il couvre alors la fin de la Révolution culturelle et le retour d’une certaine normalisation qui permettra à Deng Xiaoping de lancer les réformes que l’on sait. C’est sous l’impulsion de son ami, le peintre Zao Wou-ki qui l’incitera à découvrir les Huangshan, qu’il retourne en Chine, au début des années quatre-vingt.

Huang Shan - Chine, 1985 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG

Entre brumes et élévations karstiques, cette Chine des paysages dont se sont inspiré des générations de lettrés contraste étonnamment avec l’essor des cultures urbaines que Riboud saisit aussi sur le vif. Ici, il immortalise des mingong venus travailler en ville, là c’est un couple d’ouvriers vivant dans les lilong (barres d’habitations en briques percées de ruelles) aux foyers précaires de la conurbation de Shanghai.

Vitrine d’un magasin d’antiquités - Pékin, Chine, 1957 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG

L’œuvre de Riboud intègre désormais les collections nationales. Un très beau catalogue revient sur ces années riches en voyages dont chaque tranche fit l’objet d’expositions et d’éditions de livres toujours accompagnés de textes écrits par les meilleures plumes en leur temps (Claude Roy, Jean Daniel, Jean Lacouture…) lesquelles nourrissaient la même passion pour l’Orient.

Portrait de Marc Riboud - Chine, 1996 © Xiao Quan

Exposition MARC RIBOUD, HISTOIRES POSSIBLES

Du 16 décembre 2020 au 3 mai 2021

Musée Guimet

6, place d'Iéna

75116 Paris

Ouvert tous les jours sauf le mardi, à partir de la mi-janvier.

Le musée est fermé les 25 décembre, 1^er janvier et 1^er mai.

Réservation conseillée : billetterie.guimet.fr

Tarifs : 11,50 € plein tarif / 8.50 € tarif réduit

Catalogue : MARC RIBOUD – HISTOIRES POSSIBLES Une coédition MNAAG / RMN-GP - 272 pages, 240 illustrations - Prix : 35 €

Photo du haut : Les fenêtres d’antiquaire - Rue Liulichang, Pékin, Chine, 1965 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG