Né en 1980 à Shanghai, diplômé du Shanghai Institute of Shanghai et l’Académie des Beaux-Arts, Yang Yongliang enseigne dans cette ville. S’il s’inspire du shanshui hérité de la prestigieuse dynastie des Song, ses œuvres ne relèvent pas moins d’une tradition réinventée. Elle tient compte de l’extraordinaire transformation urbaine que la Chine a connue au cours de ces dernières décennies.

À se rapprocher d’un peu plus près, on constatera que le lavis a disparu au profit de sujets éclectiques (pylônes, câbles électriques, barres d’immeubles…), le tout comme pixélisé et dans un univers qui rappelle davantage un dispositif sculptural qu’un rouleau des temps anciens. Cet univers est celui, dantesque, des mutations traversées par tout un pays et qui affirme l’emprise de l’homme sur son environnement. Loin d’être harmonieux, le paysage tel que nous le dépeint Yang Yongliang rappelle davantage le monde apocalyptique d’un Altdorfer ou les scènes infernales, chères à un Monsu Desiderio.

L’artiste sait à merveille exciter nos sens : de loin, les montagnes semblent faire l’objet d’un dialogue avec des Maîtres anciens, comme une citation faite aux géants de la peinture classique chinoise (Guo Xi, Shi Tao…) ; de près, l’artiste nous montre un univers noir. Mais écoutons-le : « cette série est dédiée à ceux qui gardent espoir d’aller de l’avant, dans un monde en constante mutation ». Inquiétante étrangeté, en vérité que nous laisse entrevoir l’artiste qui, dans un télescopage de temporalités nous fait entrer dans l’illusion d’un progrès harmonieux. Dans sa manière de nous dire les choses, il n’en est pas moins très critique sur notre monde contemporain.

S’y rendre :
PARIS-B
62 rue de Turbigo
75003 Paris

https://www.paris-b.com/exhibition/imagined-landscape/

Photos © Theo Baulig, Courtesy : Yang Yongliang / PARIS-B.