On connaît Henri Cernuschi et son musée éponyme situé à la lisière du parc Monceau, un ancien jardin anglo-chinois d’ailleurs. Pour autant, nul ne pouvait avoir le souvenir de ce que cet esthète voyageur avait pu rapporter de son voyage en Asie, il y a 150 ans. La très belle scénographie de cette exposition que l’on doit à deux commissaires, Éric Lefebvre et Manuela Moscatellio, permet de plonger dans les arcanes de cette première collection, de saisir le japonisme, présidant au goût qui avait alors en Europe mais aussi et surtout des pièces chinoises remarquables, bronzes et peintures dont un magnifique rouleau peint par Du Jin au XV^e siècle, Poètes et immortels.  

Musée Chinois et Japonais de M. Cernuschi - 1880 © Paris Musées-Musée Cernuschi

Poètes et immortels d_après Du Jin (actif de 1465 à 1505) © Paris Musées-Musée Cernuschi

Salle-Boudha_HD_1180_@Cernuschi_Paris Musées_©Pierre Antoine

Tel Émile Guimet, l’intérêt de Cernuschi pour l’art religieux le conduit à rapporter des pièces bouddhistes. Et cet intérêt pour les objets de culte le conduit après son séjour au Japon en 1871 vers la Chine du fleuve Yangzi jusqu’aux régions de la Mongolie. Il fait ainsi l’acquisition d’un bronze doré représentant Manjusri chevauchant un lion de l’époque des Ming et bien d’autres encore auprès des antiquaires de Liulichang à Pékin. En tout, ce sont mille cinq cents bronzes chinois et japonais qu’il va présenter ensuite au public français, en 1873, dans le cadre d’une exposition qui a lieu au palais de l’industrie. Nombre d’artistes y sont présents. Parmi lesquels, Gustave Moreau mais aussi Émile Reiber qui publie ses dessins de la collection Cernuschi à des fins d’éducation artistique et invente pour Christofle des pièces d’orfèvrerie inspirées des bronzes du collectionneur. Il n'est pas le seul de ces artistes à puiser à partir de la collection Cernuschi une source d’inspiration quasi-inépuisable. François Pompon, élève de Rodin, grand sculpteur animalier est l’un d’eux. En 1882, Cernuschi évoquait la création du musée par ces mots : « J’ai amené tous ces bronzes à Paris et je les ai fait enchâsser dans une maison de l’avenue Velasquez construite exprès. Voilà ce que je donne à la Ville ». Selon les vœux de Cernuschi, le musée sera ouvert au public en 1898. Nous continuons aujourd’hui d’en bénéficier.

Exposition « Retour d’Asie. Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme »

Musée Cernuschi

7 avenue Vélasquez

75008 Paris

Téléphone : 01 53 96 21 50