C’est à l’Espace Culturel ICICLE que peut se voir l’œuvre de l’artiste Ru Xiao Fan. Pour cet artiste diplômé de l’École des Beaux-Arts de Nankin puis de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, et qui a déjà exposé au musée Guimet ses sculptures inspirées des Immortels taoïstes, il s’agit ici d’exposer des peintures sur la thématique des bambous. Dans la culture chinoise, les bambous incarnent des valeurs essentielles : résilience, humilité, amitié, harmonie, perdurance aussi. Cette œuvre nous renvoie à une méditation sur les origines chinoises de l’artiste autant que sur le monde d’aujourd’hui.

Qui a visité les bambouseraies du Sichuan sous la neige ou étudié la symbolique des jardins classiques en Chine sait l’importance primordiale du bambou. Allégorie du lettré, il sait s’adapter à l’adversité sans jamais rompre. Matériau parfois plus solide que l’acier, il sert aussi bien à l’édification des échafaudages de chantier qu’à la fabrication des baguettes qui accompagnent les tables partout en Asie sinisée… Mais pour la première fois sans doute, voit-on ici des scènes de désolation et de mort qui habitent l’artiste. Crânes jonchant le sol rappelleront aux historiens de l’art l’étrange parenté entre cette peinture que nous livre Ru Xiao Fan et celle, contemporaine de l’agression japonaise contre la Chine dans les années trente, d’un Gao Jianfu. Ses Sept sages de la forêt des bambous, toile de grand format, est loin d’évoquer l’épicurisme que l’on prête à ces lettrés en rupture de ban de l’antiquité, épris de bons mots et de vin et que toute la littérature chinoise a exalté comme un modèle libertaire. Il s’agit là de toute autre chose. D’un espace mental assurément hanté par le spectre de la destruction sans doute. À voir donc. Le si contemporain Ru Xiao Fan. 

Exposition personnelle de Ru Xiao Fan 

« Les Saisons des bambous »

ICICLE

35 avenue George V

75008 Paris

Photos: Ru Xiaofan / ICICLE