Membre du collectif Tendance Floue, prix Niépce en 2007, Bertrand Meunier est le parfait représentant de cette photographie documentaire française attaché à la photographie argentique, pour qui le médium est un outil de compréhension du monde avant d’être une technique d’enregistrement. Cette exposition est une rétrospective de ses différentes campagnes photographiques en Chine depuis ces dernières décennies.

Nous étions habitués à la photographie déjà historique d’un Rong Rong, d’un Liu Zheng, d’un Zhang Hai’er ou plus près de nous, celle d’un Marc Riboud ou d’un François Daireaux, tous pris d’une passion pour la Chine. Mais Bertrand Meunier aura sans doute bien plus marqué le début de notre siècle encore. Le point commun entre chacun de ces photographes ? Documenter certes. Avec un souci toutefois de saisir le portrait de simples anonymes sur un mode à la fois désabusé et, osons le mot, compassionnel. Que sa démarche évoque celle de cinéastes hongrois, tel Bela Tarr, russe - Ivan Tverdovski – ou chinois – Jia Zhangke et Wang Bing – n’a rien pour surprendre. On y retrouvera le même parti pris : prêter à travers ses images une voix aux sans voix et s’attarder sur un monde qui disparaît, celui des ruines industrielles bien sûr comme des petites gens, ouvriers et mineurs de fond que l’Histoire semble parfois oublier trop vite. L’attachement de Bertrand Meunier au noir et blanc ajoute à cette profondeur de champ qui se devine sur ces scènes de désolation que laisse entrevoir la Chine et son univers industriel. Après une première présentation au Musée Nicéphore Niépce, à Chalon-sur-Saône (France) l’exposition Erased est désormais montrée en Belgique et propose en quelque 80 tirages argentiques, des vidéos, des installations, des coupures de presse, un regard renouvelé́ sur le travail au long cours, mené́ par le photographe en Chine de 1999 à 2019.

S’y rendre : 

Musée de la Photographie

Av. Paul Pasteur 11, 6032 Charleroi – Belgique

Fermé le lundi

Catalogue :

Erased de Bertrand Meunier (avec des photographies de Pierre Haski) au prix de 47 euros