
Exposition « Les Routes de la soie - Entre vestiges et imaginaire » à l’Hôtel Département des Expositions du Var - Draguignan (jusqu’au 29 septembre 2024)
Pas une seule région de l’immense Eurasie n’a été épargnée par le développement de ces axes de communication à la fois terrestres et maritimes, matériels et immatériels. La scénographie que l’on doit à l’agence de design belge Kascen mais aussi le rassemblement des œuvres, la plupart prêtées par le musée Guimet, doivent beaucoup au commissariat de cette remarquable exposition, Valérie Zaleski, maître d’œuvre d’un projet d’exposition exemplaire que l’on espère voir se développer davantage en province.
Le visiteur, au premier des trois étages de cette exposition, est
accueilli par une carte et des photographies qui rappellent l’épopée des
découvreurs scientifiques des routes de la soie. C’est le Britannique Aurel
Stein, le Français Paul Pelliot qui réalisent les premiers relevés
topographiques, prennent les premiers clichés immortalisant les grottes
bouddhistes de Kuqa, Kyzil et surtout Dunhuang où des milliers de manuscrits
écrits à la fois en chinois, tokharien, tibétain et ouïghour vont être
identifiés pour comprendre l’histoire de la région, véritable creuset de
civilisations voyant émerger à l’époque du haut Moyen Âge des puissances
impériales rivales.
Le visiteur découvre avec bonheur les jatakas (épisodes de la vie du Bouddha) en terre cuite ramenés de l’oasis de Tumshuq ou plus loin, un « mingqi », ou tablette funéraire comme ce superbe Étranger au visage voilé datant de la dynastie T’ang (VIIe siècle) emprunté au Museo d’Arte Orientale de Turin. Parmi l’ensemble de ces collections émergent des étoffes en soie, en parfait état de conservation. Elles rappellent l’intérêt que manifestait Byzance pour ces pièces qui longtemps furent l’apanage exclusif de fabricants chinois.
L’exposition
s’attache aussi à des communautés de pèlerins intermédiaires comme les
chrétiens nestoriens établies aux points névralgiques des connexions entre la
Perse, la Chine et l’Asie centrale. Plusieurs artefacts témoignent de cette
présence comme cette pierre excavée au Kirghizistan, accompagnée d’une croix et
d’inscriptions syriaques mais aussi cette réplique de la stèle de Beilin à
Xi’an, plus communément appelée stèle des nestoriens qui atteste à la lisière
de la capitale impériale chinoise de la présence de ces communautés.
Une partie importante de l’exposition est également consacrée au bouddhisme avec cette admirable statuaire du Gandhara, témoignant d’une double influence stylistique hellénistique et indienne et dont les avatars se sont considérablement développés en Chine même à travers les sites rupestres de Longmen et de Yungang.
On reste enfin émerveillé par le film réalisé au début des années 30 par André Sauvage en tant que membre de la Croisière Jaune organisée par André Citroën. Le visiteur en verra des extraits en contemplant Palmyre, Bagdad, la Hunza, les plus hauts sommets de l’Himalaya mais aussi Kachgar, la Mongolie et enfin Pékin. Une exposition qui ouvre à la connaissance et qui se prête au rêve.
Exposition « Les Routes de la soie -
Entre vestiges et imaginaire »
Hôtel Départemental des Expositions du Var
1 boulevard Maréchal Foch
83300 Draguignan
Ouvert tous les jours de 10 h à 19 h
Catalogue à 25 euros
Photos : site de l'HDEV
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