
Exposition de He Xi « À l’heure où blanchit la campagne » - Espace ICICLE, Paris (du 10 octobre au 14 novembre 2024)
Se découvrent des œuvres d’une très grande poésie peintes par l’artiste He Xi dans cet espace situé à proximité des Champs-Elysées et dédié à l’art contemporain chinois. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Chine (Zhejiang), He Xi appartient à cette génération qui se caractérise par la maîtrise d’un métier très sûr. Il n’est pas sans rappeler les œuvres aux motifs animaliers de l’école du Lingnan. Elles prêtent une attention particulière à une reproduction méticuleuse des détails. He Xi ne déroge pas à cette tradition et à une touche très précise qui, dans les traités d’esthétique chinois, est connue sous l’appellation de gongbi.
Il suffit d’observer ici un chat solitaire, là un lapin sur des toiles d’un très grand format pour constater qu’il y a là un travail de longue haleine ; lequel n’épuise en rien la lente méditation qui s’installe d’une manière d’autant plus pénétrante que le gris, souvent associé aux rêves, est la couleur dominante de chacune de ces compositions. Avide de découvertes et de lectures, He Xi, nous dit Myriam Kruger, Commissaire de cette exposition et habituée aux arts de la Chine qu’elle fréquente depuis longtemps, se nourrit de l’histoire de l’art et de la pensée chinoise autant qu’occidentale.
Magritte ou Kafka l’inspirent tout comme les grands peintres et lettrés de la dynastie des Song, tels que Su Dongpo, dont un célèbre vers donne à l’exposition son titre chinois : « Et déjà l’Est se teintait de blanc », à cette même « heure où blanchit la campagne » sous la plume de Victor Hugo, huit siècles plus tard et à huit mille kilomètres de distance. Outre la célèbre postérité de leurs vers pour désigner l’aube, ces deux grands poètes, si éloignés soient-ils, ont beaucoup en commun : le courage, l’engagement, le goût de la liberté et l’expérience de l’exil, autant d’éléments qui caractérisent aussi He Xi. Dans les contrées ténébreuses et dépeuplées de cet artiste solitaire, pas l’ombre d’une silhouette humaine. On y croise des animaux aussi furtifs qu’étranges.
Figurent-ils le rôle d’intercesseur comme celui que représentaient des scènes funéraires inspirées jadis de la mythologie taoïste ? Et la mer déchaînée que peint He Xi ? N’est-elle pas le signe le plus visible de ces mutations toujours éphémères et brusques qui animent l’âme humaine ? Peintre des passages, He Xi est aussi un artiste de la continuité…
© 2024 portrait de He Xi par Victor Marvillet
« À l’heure où blanchit la campagne »
Exposition de He Xi
Du 10 octobre au 14 novembre 2024
35, avenue George V
75008 Paris
Ouvert tous les jours de 11 h à 19 h sauf le dimanche
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