
[Portrait] HAO LIANG – Exposition « 目 Chine - Une nouvelle génération d’artistes » - Centre Pompidou, Paris (jusqu’au 3 février 2025)
Au nombre de 21, ce sont des hommes ou des femmes aux trajectoires très individualisées. Au contraire des générations précédentes, peu d’entre eux sont rattachés au système des beaux-arts de leur pays. Ils n’enseignent pas. En revanche, ils sont issus de régions très différentes et le tiers d’entre eux ont une carrière d’artiste à l’international et vivent parfois même à l’étranger. Nous proposons une série de dix portraits. Hao Liang est le deuxième d’entre eux.
Hao Liang a de qui tenir : issu d’une famille de Chengdu, né en 1983, sa marraine, collectionneuse d’art, était une amie proche du célèbre artiste Zhang Daqian. Depuis, ce peintre d’abord tenté par une carrière d’enseignant, puis bien vite dissuadé par une de ses connaissances, l’artiste Xu Lei, grand admirateur par ailleurs des classiques chinois a intégré les plus prestigieux musées américains et le galeriste Gagosian le représente à Hong Kong. Hao Liang est un homme de métier. À l’heure où les savoir-faire sont le plus souvent bradés, Hao Liang n’a de cesse de rappeler que l’accomplissement de ses œuvres requiert le plus souvent des semaines de préparation. La soie est le support privilégié de ses lavis. Le gris de ses abstractions ou de ses paysages n’est pas sans nous faire penser à la grande peinture de la dynastie Song, et celle de Guo Xi (1020-1090) plus particulièrement, qu’il sait admirablement mettre en résonance avec celle, postérieure, d’un Dong Qichang (1555-1636), reconnaissable d’entre toutes aux formes anguleuses de ses rochers.
Cette manière d’établir des synthèses entre les styles et les périodes n’a rien d’orthodoxe comme le rappelait l’ancien conservateur du Centre Ullens à Pékin Philip Tinari ; l’un des premiers occidentaux à l’avoir repéré. Que cet artiste cultive aussi son attachement à la poésie n’a rien pour surprendre. Celle des T’ang dit en mots ce que la peinture traduit en images, dans leur évanescence comme dans la fugacité des sentiments qu’elles expriment. Ses Impressions of Iceland, toile de grand format, exposée pour la première fois au Centre Pompidou, est en esprit la composition sans doute la plus taoïste de l’exposition.
Tout, semble nous dire Hao Liang, est suspendu au cours des mutations. Non seulement ce qui est observable dans la Nature mais aussi au plan de l’imaginaire. D’où le diptyque choisi par l’artiste qui juxtapose deux ensembles ; procédé qui relève d’une dialectique inversée dans le choix d’une horizontalité des supports pourtant traditionnellement suspendus à la verticale. On notera aussi un effet de sfumato qui rappelle le souci constant de l’artiste d’effacer tout repère. Un « au-delà des mots » (yan wei yan), nous disent les plus anciens traités d’esthétique chinois, qui soustrait le spectateur à toute emprise qu’exercerait le regard, et qui nous invite à une très grande liberté dans cette contemplation offerte.
Exposition « 目 Chine, une nouvelle génération d'artistes »
Jusqu'au 3 février 2025
Ouvert tous les jours de 11 h à 21 h à l’exception du mardi
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