[Portrait] LU YANG - Exposition « 目 Chine - Une nouvelle génération d’artistes » Centre Pompidou, Paris (jusqu’au 3 février 2025)

1731584285231 Chine-info Emmanuel Lincot

Dans cette exposition, la première depuis « Alors la Chine ? » (2003), et réalisée cette fois-ci avec le concours de West Bund Museum Shanghai Project, le visiteur peut découvrir des œuvres conçues par une nouvelle génération d’artistes.

Au nombre de 21, ce sont des hommes ou des femmes aux trajectoires très individualisées. Au contraire des générations précédentes, peu d’entre eux sont rattachés au système des beaux-arts de leur pays. Ils n’enseignent pas. En revanche, ils sont issus de régions très différentes et le tiers d’entre eux ont une carrière d’artiste à l’international et vivent parfois même à l’étranger. Nous proposons une série de dix portraits. Lu Yang est le quatrième d’entre eux. 

Je est un autre… : si l’on pense à Lu Yang et à son double Doku, aux avatars les plus divers empruntés à l’animé et aux mangas japonais qui hantent ses vidéos, c’est à cette assertion d’Arthur Rimbaud que l’on pense d’abord et avant tout. D’une part, parce que Lu Yang partage sa vie entre la Chine et le Japon, entre deux identités qui l’éloignent de toute définition exclusive le concernant, et d’autre part parce que sa vie d’artiste androgyne est entièrement pénétrée de culture bouddhiste. Elle oscille entre désir de sainteté, vacuité absolue et anéantissement de ses propres sentiments. Le decorum des palais où évolue la figure théâtrale du personnage qu’il incarne à l’écran est intégralement emprunté à l’univers des mandalas himalayens, des temples du Cambodge comme à la symbolique des chorégraphies balinaises ou des arts martiaux de Shaolin. 

Vue de l’exposition © Centre Pompidou, Mnam-Cci, Audrey Laurans

Lu Yang appartient à cette génération née avec la révolution internet et le métavers. Hirsute, parfois démoniaque, l’artiste apparaît à la manière d’un Lokapala des légendes médiévales, défenseur d’un sanctuaire imaginaire, manipulateur ou lui-même manipulé par des forces telluriques comme le serait un samouraï antique. Ce dispositif, et dans un rythme haletant, questionne au-delà de l’artiste, le statut de l’individu. Pris dans un champ de forces, traversé d’énergies contraires, Lu Yang semble rappeler toutes les contradictions qui le traversent. Non seulement, il ne s’appartient pas mais il met en scène le regard d’un regardant / regardé dans un triple rapport aussi communicatif que déroutant. Ne le sachant que trop, Lu Yang renoue ainsi avec Le théâtre et son double écrit, il y a près d’un siècle, par l’un de ses plus illustres prédécesseurs, Antonin Artaud…

Exposition «  Chine  - Une nouvelle génération d’artistes » 

Jusqu’au 3 février 2025

Centre Pompidou, Paris

Ouvert tous les jours de 11 h à 21 h à l’exception du mardi

Photo du haut : DOKU, The self, 2022. Vidéo HD, couleur, son, 36’ © Lu Yang / Courtesy de l’artiste et de Société, Berlin

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