[Portrait] MIAO YING - Exposition « 目 Chine - Une nouvelle génération d’artistes » Centre Pompidou, Paris (jusqu’au 3 février 2025)

1732274199768 Chine-info Emmanuel Lincot

Dans cette exposition, la première depuis « Alors la Chine ? » (2003), et réalisée cette fois-ci avec le concours de West Bund Museum Shanghai Project, le visiteur peut découvrir des œuvres conçues par une nouvelle génération d’artistes.

Au nombre de 21, ce sont des hommes ou des femmes aux trajectoires très individualisées. Au contraire des générations précédentes, peu d’entre eux sont rattachés au système des beaux-arts de leur pays. Ils n’enseignent pas. En revanche, ils sont issus de régions très différentes et le tiers d’entre eux ont une carrière d’artiste à l’international et vivent parfois même à l’étranger. Nous proposons une série de dix portraits. Miao Ying est la cinquième d’entre eux. 

Pilgrimage into Walden XII, Chapter Two: Surplus Intelligence, 2021-2022 Film, Scripted by Chat GPT and animated on game engine - 5K Resolution 33’27”Commissioned by Museo d'Arte Moderna di Bologna, 2021. © Courtesy of Galerie Nächst St. Stephan, Kiang Malingue and the artist

Partageant sa vie entre New York et Shanghai, cette artiste née en 1985, très au fait des nouvelles technologies, est sans doute la première à recourir à l’Intelligence Artificielle pour réaliser une vidéo de toute première importance, aussi ludique que grinçante, Pilgrimage into Walden XII. Œuvre citationnelle s’il en est, qui se réfère à un ouvrage célèbre du psychologue et comportementaliste américain Burrhus Skinner - lequel s’est lui-même inspiré de l’œuvre de l’écrivain David Thoreau - elle porte notre regard sur une société utopiste. Celle-ci n’est pas sans nous faire penser aux expériences des sociétés totalitaires du XXe siècle. Que Miao Ying par ailleurs, mette en scène un cafard dans cette histoire où le spectateur l’accompagne à travers des scènes hallucinées où se succèdent des maisons sorties d’un décor à la Walt Disney et des attroupements d’hommes revêtant des bottes d’officiers de la Wehrmacht, évoque une tout autre référence. C’est celle rétrospectivement de La Métamorphose de Franz Kafka, de son héros, Gregor Samsa qui, à la suite d’une nuit de cauchemar, s’aperçoit qu’il s’est transformé en un « insecte monstrueux ».

Qu’il faille y voir une critique des dérives toujours possibles d’un système technologique donné est une évidence, et Miao Ying avait déjà défrayé la chronique sur un sujet connexe, près de dix années auparavant, et lors de la cinquante-sixième biennale de Venise par une installation devenue culte – Holding a kitchen to cut the internet cable. Cet intérêt pour le langage, son altération, du fait de la censure ou de la massification de l’information l’a très tôt intéressée, que ce soit en entreprenant des études à l’Afred University de New York dans le domaine des arts électroniques ou encore auprès de Zhang Peili - comme vidéaste - et de Geng Jianyi - en tant que performeur - des artistes pionniers qui ont été ses enseignants à la prestigieuse China Academy of Art de Beijing. Elle s’y est par ailleurs initiée à l’art réaliste-socialiste. Preuve s’il en est que Miao Ying est l’une des créatrices contemporaines les plus talentueuses de sa génération. Et qu’elle cultive une connaissance fine de l’héritage littéraire mais aussi artistique tant de l’Occident que de la Chine.

Exposition «  Chine  - Une nouvelle génération d’artistes » 

Jusqu’au 3 février 2025

Centre Pompidou, Paris

Ouvert tous les jours de 11 h à 21 h à l’exception du mardi

Photo du haut : Vue de l’exposition © Centre Pompidou, Mnam-Cci, Audrey Laurans.



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