Ils font fondre le cœur des Français : à Beauval, des singes dorés venus de Chine
C’est une grande première mondiale : trois singes dorés, trésors nationaux chinois, ont posé leurs valises au zoo de Beauval. Accueillis en fanfare après deux quarantaines rigoureuses, ils ont immédiatement conquis le public français par leur grâce espiègle et leurs interactions touchantes. Baptisés Jinhua, Jindou et Jinbao, ces ambassadeurs à fourrure incarnent un nouveau chapitre dans la coopération franco-chinoise en matière de biodiversité.
Après une longue période de quarantaine, trois singes dorés originaires de Chine ont rencontré pour la première fois leur public français au Zooparc de Beauval, le 7 mai dernier. Une cérémonie de bienvenue conviviale et une cérémonie d’attribution de prénom ont été organisées pour permettre au public français de mieux connaître cette espèce emblématique de Chine, accueillie dans un zoo en dehors d’Asie pour la première fois.
Le directeur du zoo de Beauval, Rodolphe Delord, a déclaré que leur arrivée représente un moment significatif pour le parc. Dans son discours, il a présenté les trois singes et souligné les efforts de la Chine pour protéger sa faune sauvage, y compris les pandas géants et les singes dorés. Lors du moment tant attendu de l’annonce des noms choisis, « Jinhua » et « Jindou » ont été attribués à deux femelles respectivement âgées de 5 et 7 ans, le mâle de 6 ans a reçu quant à lui le nom de « Jinbao ». Ces noms ont été choisis par vote en ligne effectué sur le site du zoo de Beauval, sur des noms proposés par leur partenaire du zoo de Shanghai.
Interrogé, Rodolphe Delord a confié que l’arrivée des singes dorés est un événement sans précédent pour le zoo : « Jamais je n’aurais imaginé pouvoir un jour présenter ces animaux au public français. Pour nous, leur venue est à la fois une opportunité majeure et une responsabilité importante. Nous savons que, tout comme les pandas géants, les singes dorés jouent un rôle dans le rapprochement des relations franco-chinoises. À long terme, les échanges entre la Chine et la France en matière de biodiversité sont très positifs, et nous espérons que de tels projets continueront. Au fil des années, nous avons bâti une coopération autour des pandas, et l’arrivée de ces singes dorés marque une nouvelle avancée dans cette collaboration », a affirmé M. Delord.
Le responsable de la santé animale du zoo de Beauval, le Dr. Antoine Leclerc, a indiqué qu’ils avaient subi de nombreux contrôles sanitaires en Chine avant leur départ, suivis d’une quarantaine de 40 jours. À leur arrivée en France, ils ont de nouveau été placés en quarantaine pendant 30 jours. Les vétérinaires expérimentés du parc continueront de surveiller leur état de santé quotidiennement.
Objets à l'effigie du singe doré, déjà en vente au zoo de Beauval. © Ma Xingjian/Nouvelles d'Europe
Lors de la rencontre avec le public, les visiteurs ont semblé touchés par le charme et la vivacité des trois singes dorés, ainsi que par leurs interactions mutuelles. Beaucoup ont sorti leurs téléphones ou leurs appareils photo pour capturer ces instants, ponctués d’exclamations émerveillées. Pour renforcer l’ambiance festive, le personnel du zoo s’était déguisé en singes dorés. Un soigneur habillé en singe s’est assis près d’une fenêtre, et l’un des singes s’est approché de l’autre côté de la vitre, interagissant avec lui – une scène qui a enthousiasmé les spectateurs.
« La première fois que j’ai vu ces trois singes dorés, j’ai été très ému. J’imagine combien les Chinois de France doivent être fiers de les voir ici. Pour nous, Français, c’est un animal que nous ne connaissions pas vraiment, dont on ne parlait presque jamais », a déclaré un visiteur, les larmes aux yeux. « Je veux leur dire : bienvenue en France ! Ils auront une vie heureuse à Beauval, car ici, les animaux sont bien soignés. Je leur souhaite santé et longue vie. Je reviendrai souvent leur rendre visite. »
Jinhua, Jindou et Jinbao viennent du zoo de Shanghai et sont arrivés en France le 3 avril. Selon une annonce antérieure de l’Association chinoise pour la conservation de la faune sauvage, celle-ci a signé en novembre dernier un accord de coopération internationale avec le zoo de Beauval pour un programme de dix ans dédié à la protection des singes dorés.
Le zoo (ou Zooparc) de Beauval, situé à Saint-Aignan dans le centre de la France, est l’un des parcs zoologiques les plus renommés en France et en Europe. Outre les singes dorés, il abrite également quatre pandas géants venus de Chine.
Le singe doré, trésor discret des montagnes chinoises
Nom scientifique : Rhinopithecus roxellana
Ce singe, que les Chinois appellent jin sī hóu (金丝猴, littéralement « singe à fils d’or »), vit exclusivement dans les régions montagneuses du centre de la Chine, principalement dans le Sichuan, le Shaanxi et le Gansu, ce qui explique pourquoi la Chine en a fait un animal emblématique. On le trouve dans des forêts humides de haute altitude, entre 1 500 et 3 400 mètres, où les hivers sont rigoureux et la végétation clairsemée. Pour survivre, il a développé une épaisse toison orange-dorée qui lui donne l’apparence d’une créature légendaire.
Un mode de vie social et fragile
Le rhinopithèque doré est un animal hautement social : il vit en larges troupes pouvant dépasser 200 individus, organisées autour de plusieurs mâles dominants et de groupes de femelles. Son alimentation, essentiellement végétarienne, varie selon les saisons : feuilles, bourgeons, écorces, fruits, parfois champignons ou insectes. Peu prolifique, la femelle ne donne naissance qu’à un petit tous les deux ans en moyenne, après une gestation de six à sept mois. C’est un animal discret, difficile à observer, qui préfère les hauteurs des arbres et les zones reculées. Ce comportement, combiné à son habitat difficile d’accès, explique pourquoi
il est resté longtemps mal connu, même en Chine.
Un statut préoccupant, une protection renforcée
Le singe doré est aujourd’hui classé comme espèce en danger. La fragmentation de son habitat, causée par la déforestation, les routes ou l’urbanisation, menace sa survie. On estime que moins de 15 000 individus subsistent à l’état sauvage. Face à cela, la Chine a mis en place plusieurs réserves naturelles dédiées à sa protection, et intégré l’espèce à ses grands programmes de conservation de la biodiversité.
Photo du haut : première rencontre avec le public français au zoo de Beauval. © Ma Xingjian/Nouvelles d'Europe
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