Expressions de politesse - Leçon de chinois

1609758726472 Le 9 Joël Bellassen

Phénomène de langue

Toute langue fossilise des expressions de politesse, de déférence, qui sont une part de la relation entre les personnes et qui se reflètent le plus souvent dans le registre soutenu, notamment écrit. La langue chinoise ne fait pas exception et est riche d’expressions de politesse, survivances d’une élégance surannée ou de conceptions dépassées. Une autre particularité de ces expressions est qu’elles reflètent le « jeu de face » propre aux convenances chinoises, tout particulièrement celui consistant à donner de la face à son interlocuteur. Autant d’écarts culturels, autant de difficultés de traduction en perspective. Jugeons plutôt...

Le fils et l’épouse de l’interlocuteur seront désignés sous le terme de 令郎 lìngláng (« votre honorable fils ») et de 尊夫人 zūn fūrén (« votre respectée épouse »), alors que le fils et l’épouse du locuteur seront appelés de façon dépréciative 犬子 quănzĭ (« mon chiot de fils ») et 贱内 jiànnèi (« ma médiocrité restant à l’intérieur »), voire 山荆 shānjīng (« mes ronces montagnardes »). L’expression 您贵姓 ? nínguìxìng ? (« votre précieux nom ? ») est équivalente à notre « à qui ai-je l’honneur ? », mais diffère cependant par le fait d’être omniprésente au quotidien et d’attendre en réponse 免贵, 弊姓 ......miăn guì, bìxìng... (« Je décline cet honneur, mon nom délabré est... »). De telles expressions sont de fait des possessifs de déférence. D’autres expressions de politesse ont encore cours, comme 寒舍 hánshè (« ma froide demeure » pour « chez moi »), bĭrén (« ma médiocre personne » pour « moi-même »), zhuōzhù (« mon texte malhabile » pour « mon texte »), zhuōbĭ (« mon pinceau malhabile » pour « ma peinture » ou « ma calligraphie »), autant de productions personnelles que l’on dédicacera avec des formules telles que zhĭjiào ou yăzhèng, soit : « veuillez m’indiquer (mes fautes, afin que) je les corrige » et « (veuillez me faire part de) vos élégantes corrections ».

Le caractère du mois

LA CLÉ DES SIGNES

Le sinogramme entre en composition dans deux autres sinogrammes, avec une valeur à la fois phonétique et sémantique :

mèi : charmer

méi : linteau de porte

L’élément dit phonétique (ici méi : sourcil) doit être interprété de façon plus souple : le linteau de porte apparaît dans ce cas comme le sourcil de la porte ; quant à la notion de charme, l’association avec les sourcils est transparente dans la tradition chinoise.

MOTS ET EXPRESSIONS

眉目 méimù : évolution positive d’une situation [sourcils et yeux]

眉月 méiyuè : lune naissante ; fins sourcils de femme [sourcils-lune]

八字眉 bā zì méi : dessin des sourcils en vogue chez les femmes sous les Han et les Tang [sourcils en forme de caractère « huit »]

Joël BELLASSEN, ancien professeur des universités, est inspecteur général honoraire de chinois au ministère de l’Éducation nationale.

 

Commentaires

Rentrez votre adresse e-mail pour laisser un commentaire.