Réunion des Deux Sessions du Parlement chinois : quels enjeux ?

1615384752291 Chine-info Emmanuel Lincot

La Chine a donné le 4 mars le coup d’envoi à ses « deux sessions » (lianghui) annuelles, à savoir les réunions plénières de l’Assemblée populaire nationale et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois. Plusieurs centaines de députés participent à des débats importants. Ils portent tout particulièrement cette année sur la question démographique et son corollaire, la question des retraites. Car, et selon la formule consacrée, la « Chine a toutes les chances de devenir vieille avant de devenir riche ».

 

La Covid-19 a montré par ailleurs la vulnérabilité du maillage social. Les personnes âgées se retrouvent de plus en plus seules et le risque de délitement social entre les générations existe bel et bien. Autre sujet abordé : le retour de la croissance et comment faire face à la rivalité qu'opposent les États-Unis à la Chine dans le domaine de la high tech. Par ailleurs, les dispositifs de la loi sur la sécurité nationale sont renforcés et tout particulièrement vis-à-vis de Hong Kong où le nouveau principe énoncé par le Président Xi Jinping, et selon lequel « seuls des patriotes peuvent gouverner Hong Kong », tient lieu désormais de principe.

 

En donnant le coup d’envoi à chacune de ces deux sessions, le premier ministre chinois, Li Keqiang s’est félicité des « résultats stratégiques majeurs obtenus dans la lutte contre la Covid-19 » et a rappelé que l’année 2021 serait marquée par les célébrations du 100e anniversaire du Parti Communiste Chinois. À l’adresse de Taïwan, Li Keqiang souhaitait « promouvoir un développement pacifique des relations entre les deux rives du détroit ». Alors que les tensions se multiplient dans cette partie de la mer de Chine, ce sont des signes d’apaisement encourageants, même si la publication par le ministère des finances, quelques minutes seulement après que le premier ministre a achevé de prononcer son discours, et faisant état d’une augmentation significative des dépenses militaires (6,8 %, 1 355 milliards de yuans soit 175 milliards d’euros) et les déclarations souverainistes du ministre des affaires étrangères montrent en définitive que nul n’ait décidé véritablement d’en prendre le chemin.

 

Si ce budget ne représente que le quart de celui du Pentagone, il reste en augmentation constante par rapport aux années précédentes. À propos de l’économie, Li Keqiang s’est voulu prudent. Avec une croissance de 6 %, il confirme le fait que la Chine sera dans les mois à venir à l’avant-garde de la relance mondiale. Les prix à la consommation devraient toutefois progresser de 3 %. C’est un défi pour le gouvernement qui a engagé une lutte contre la pauvreté et qui veillera à maintenir le taux de chômage « en dessous de 5,5 % » ; une première en Chine qui montre que le ralentissement de la croissance mondiale ajouté à l’impact de la Covid-19 a fait des ravages dans le domaine de l’emploi.

 

L’accent a été davantage mis sur l’innovation technologique et en suivant deux objectifs : « accélérer la construction d’une société numérique » et réduire le pic des émissions de carbone « d’ici 2030 ».

 

 

Emmanuel LINCOT est spécialiste d'histoire politique et culturelle de la Chine, professeur à l'Institut catholique de Paris.

 

  

Photo © CHEN Jianli/Xinhua

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