Ancien correspondant technologique à la Silicon Valley et traducteur chinois de la biographie d’Elon Musk, Zhou Hengxing revient, dans une interview accordée à China News, sur la création de Pandaily, un site d’information en anglais axée sur la technologie et le commerce chinois.  

Si le nom et le logo de Pandaily, un pure player en langue de Shakespear, intègrent l'emblématique panda, il ne s'agit en aucun cas d'un quotidien consacré à ces animaux adorables. Bien au contraire, Pandaily est un site d'information de référence sur la technologie et le business chinois, destiné à un public anglophone. Dans son entretien avec China News, Zhou Hengxing, fondateur du média, retrace l'histoire de son entreprise et partage ses réflexions sur la meilleure façon de promouvoir l'innovation chinoise dans le reste du monde.

Quel a été le déclic pour lancer Pandaily ?

Lors de mon expérience de correspondant technologique dans la Silicon Valley, j'ai été frappé par le nombre d'entrepreneurs et d'investisseurs qui me posaient des questions sur la technologie chinoise. Ils me présentaient à leurs amis intéressés par la Chine. Cette observation m'a fait prendre conscience de l'asymétrie d'information qui existait entre les univers technologiques chinois et américains. Tandis que la Chine connaissait parfaitement les rouages de la Silicon Valley, cette dernière, pour sa part, manquait de compréhension vis-à-vis de la Chine, bien qu'elle a commencé à réaliser que le pays n'était plus un simple imitateur. En effet, ces dernières années, de nouveaux produits et modèles d'innovation ont émergé en Chine. Si certains acteurs de la Silicon Valley étaient désireux d'apprendre auprès de leurs homologues chinois, ils étaient contraints de passer par des intermédiaires comme moi en raison de la barrière linguistique.

Au-delà de la Silicon Valley, d'autres régions et pays, tels que l'Inde, l'Asie du Sud-Est et l'Europe, portent également un intérêt croissant sur la technologie chinoise. C'est ainsi que l'idée de lancer un média anglophone spécialisé dans la technologie a pris forme. L'essor d'Internet nous a permis de toucher un public mondial via les moteurs de recherche et les réseaux sociaux, à moindre coût. Nous avons choisi d'intégrer l'élément panda dans notre nom et logo car nous souhaitions couvrir l'actualité technologique chinoise de manière ludique et accessible. L’image du panda renvoie une vision positive de la Chine pour les étrangers. C'est ainsi que nous avons opté pour le nom pandaily.com.

Quel est le parcours de développement de Pandaily ?

Depuis sa création en 2017, Pandaily dispose de plusieurs comptes sur les réseaux sociaux populaires auprès des Occidentaux. Cette présence nous permet d'interagir directement avec les utilisateurs étrangers et de leur offrir une meilleure compréhension de la Chine. À nos débuts, lorsque notre média était encore peu connu, nous avons misé sur des partenariats avec des leaders d'opinion de la Silicon Valley et participé à divers événements organisés dans ce haut lieu de la technologie américaine afin d'élargir notre influence.

Notre parcours a débuté par la rédaction d'articles, puis s'est enrichi par la création de vidéos et par le lancement d'un podcast devenu influent dans la Silicon Valley. Conscients que de nombreux lecteurs étrangers ne se contentent pas de lire des informations et souhaitent également se rendre en Chine, nous organisons des visites guidées dans des entreprises technologiques chinoises de premier plan, telles que Tencent, Alibaba ou Meituan. Ces visites permettent aux entrepreneurs de start-up d'e-commerce, par exemple, de découvrir des concepts innovants comme les boutiques physiques de Hema, de déguster des fondues chinoises chez Haidilao, de savourer un thé Heytea ou encore de se promener dans le quartier Huaqiangbei, véritable temple de la haute technologie chinoise à Shenzhen. Ces expériences immersives sont très appréciées et constituent une source d'inspiration précieuse pour les participants. En complément de ces visites, les journalistes de Pandaily et des professionnels de différents secteurs dispensent des formations aux entrepreneurs étrangers, leur offrant ainsi des informations plus approfondies et pointues sur la technologie chinoise. C'est ainsi qu'un entrepreneur indien, fondateur de la plateforme de livraison de repas Swiggy, a été particulièrement impressionné par le modèle O2O (du commerce en ligne au commerce hors ligne) adopté par les plateformes chinoises de livraison de repas. Inspiré par ce nouveau modèle économique, il a décidé de nouer des partenariats avec Meituan, le leader chinois de la livraison de repas.

« Tout sur l'innovation chinoise », votre devise résume votre mission. Quel est votre public cible ? 

Notre public cible est principalement composé d'étrangers intéressés par la Chine, notamment des professionnels du secteur technologique, des créateurs de start-ups et des investisseurs en capital-risque. L'Amérique du Nord concentre le plus grand nombre de nos lecteurs, suivie par l'Asie du Sud-Est et l'Europe. Cependant, nous observons une croissance constante du lectorat en provenance du Moyen-Orient.

Les centres d'intérêt de nos lecteurs vis-à-vis de l'univers technologique chinois varient en fonction de leur pays d'origine. Le public américain, en particulier celui de la Silicon Valley, se montre particulièrement intéressé par les start-ups, notamment les entreprises d'intelligence artificielle, tandis que les lecteurs d'Asie du Sud-Est et d'Inde s'intéressent davantage aux entreprises chinoises comme Xiaomi, OPPO et OnePlus, qui commercialisent également leurs produits dans leurs régions. Au cours des deux dernières années, les entreprises spécialisées en intelligence artificielle et en e-commerce transfrontalier suscitent un intérêt croissant.

Quant aux leaders technologiques de la Silicon Valley, quel regard portent-ils sur la Chine ?

Ayant eu l'opportunité d'interviewer des personnalités telles qu'Elon Musk, PDG de Tesla, et Sam Altman, PDG d'OpenAI, et étant également le traducteur chinois de la biographie d'Elon Musk, je peux affirmer que ces leaders technologiques de la Silicon Valley portent un regard particulièrement positif sur la Chine.

Leur intérêt pour le marché chinois n'est pas fortuit. Tesla, par exemple, s'est implantée en Chine il y a dix ans et a connu une croissance fulgurante, atteignant aujourd'hui un succès considérable. Sans l'accès au marché chinois et à ses chaînes de production et usines locales, l'entreprise américaine n'aurait sans doute pas pu se développer à un rythme aussi effréné. Cette réussite illustre l'importance stratégique que Tesla accorde à la Chine et à ses collaborations avec les acteurs locaux.

Elon Musk et Sam Altman possèdent une connaissance approfondie de l'écosystème des start-ups chinoises. Elon Musk, notamment, suit de près l'évolution de constructeurs automobiles chinois tels que BYD ou encore celle d'entreprises aéronautiques locales. Quant à Sam Altman, ancien directeur général de Y Combinator - un fonds d'investissement américain spécialisé dans les start-ups en phase d'amorçage -, il a lancé une filiale chinoise pour soutenir les entrepreneurs chinois, témoignant ainsi de sa confiance dans le dynamisme et le potentiel de l'innovation chinoise.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.