
Répertoire lyrique chinois : quelles créations ?
Si la programmation des œuvres d’opéra en Chine a été très largement perturbée par la pandémie durant ces deux dernières années, il suffit de se pencher sur la saison 2018-19 du Centre national des arts du spectacle (Pékin) notamment pour se rendre compte que ce ne sont plus seulement des œuvres d’origine étrangère ou celles des années Mao qui sont jouées mais bien de créations. Preuve s’il en est que l’on assiste à un complet renouvellement du répertoire. Court inventaire avant que la saison ne reprenne et, espérons-le, sous des cieux plus cléments…
Bien sûr des œuvres anciennes
étaient encore programmées. Les Gardes rouges du lac Hong Hu, créée en
1959 est l’une des plus symptomatiques de la période maoïste et a fait l’objet
de très nombreuses adaptations que ce soit pour le cinéma ou la télévision.
Les Gardes rouges du lac Hong Hu © chncpa.org
Mais il y avait surtout 17 nouvelles productions lyriques commandées auprès de
compositeurs nationaux. Elles témoignent d’une réelle vitalité de la scène lyrique
chinoise. Parmi les plus significatives : King Zhuang of Chu (2018)
met en valeur l’histoire plurimillénaire de la Chine et celle de sa culture
antique au Sichuan.
King Zhuang of Chu © China News
L’opéra TU Youyou
(2016), raconte quant à lui l’histoire vraie de la chercheuse chinoise en
pharmacie – dont l’œuvre porte le nom – qui a obtenu en 2015 le prix Nobel de
médecine pour ses travaux de recherche contre le paludisme.
Tu Youyou © DR.
Legend of the Chinese Song Fairy de la compositrice Lei Lei célèbre le peuple Zhuang, deuxième plus grande minorité ethnique de la Chine.
Legend of the Chinese Song Fairy © Douban
Fang Zhimin, composé en 2015 par Meng
Weidong, s’inspire de l’histoire réelle d’un martyr communiste exécuté par le
Guomindang dans les années trente. Lan Huahua (2017) est l’un des opéras
renouant avec les sources d’inspiration du folklore musical du nord-ouest du
pays tandis que The Long March composé un an plus tôt est un opéra
sublimant l’Armée populaire de libération dans ses efforts
révolutionnaires ; épisode auquel Xi Jinping ne cesse de se référer. Sandalwood
Death (Le Supplice du santal)
raconte par ailleurs, à partir d’un roman composé par le prix Nobel de
littérature Mo Yan, l’histoire d’une famille chinoise du Shandong résistant
contre les troupes allemandes de Qingdao en 1914. 2047 Apologue 2,
enfin, est une réflexion sur la rencontre entre modernité et tradition réalisée
dans sa forme opératique en 2018 par le cinéaste Zhang Yimou.
2047 Apologue 2 © China News
D’aucuns y verront des interprétations sur un mode apologétique et grandiose de la Chine. Mais une chose est certaine, un public jeune et cultivé est en demande de ces nouvelles créations. Elles façonnent le goût et l’on espère voir un jour l’une ou l’autre de ces créations se produire un jour en France...
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