Lang Lang : la musique au-delà des frontières

1642503165073 chinanews.com Wang Fan, Liao Pan

À 39 ans, Lang Lang a déjà une brillante carrière à son actif. Le pianiste virtuose chinois s’est notamment produit avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, avec le « Big Five » (cinq plus prestigieux orchestres symphoniques des États-Unis), lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ou encore à l’Exposition universelle. 

Celui qui joue dans les plus grandes salles de concert du monde s’engage aussi maintenant en faveur de grandes causes. Nommé Messager de la paix des Nations unies en 2013, Lang Lang a mis sur pied la Fondation « Lang International Music » à New-York, se donnant pour mission de former de nouvelles générations de talents et interprètes. Probablement l’un des interprètes chinois les plus connus au monde, il fait à présent son grand retour. En septembre dernier, Lang Lang a débuté une tournée mondiale de plus de 20 étapes, de l’Amérique du Nord jusqu’au Moyen-Orient en passant par l’Europe. Il se confie aujourd’hui à China News, dans le cadre d’une interview exclusive. 

China News : La tournée que vous avez commencée en septembre aux États-Unis est la suite d’une longue série de performances. Qu’est-ce qui est différent cette fois-ci ?

Lang Lang : Cette fois-ci c’est particulier. L’épidémie de Covid-19 n’est pas encore terminée, j’étais donc plutôt nerveux au départ. Réaliser cette tournée n’a pas été une décision facile. 

C.N. : L’interprétation des Variations Goldberg (l’œuvre célèbre de Jean-Sébastien Bach) va être un moment fort de cette tournée. Comment vous-y êtes-vous préparé ?   

L. L. : J’ai commencé à m’exercer aux Variations Goldberg à l’âge de 10 ans. Cette œuvre a été le premier grand défi de ma carrière. Les Variations sont d’une telle profondeur et d’une telle ampleur, qu’il n’est plus seulement ici question de technique. Elle représente une certaine grandeur d’esprit, elle est construite avec la même perfection que les pyramides d’Égypte ou la Grande Muraille de Chine. Dans le même temps, cette œuvre est presque vivante, elle exprime des émotions. Certes, pas forcément belles et heureuses, certains passages sont même assez tristes et sombres. Mais il y a aussi beaucoup de grâce. Je me prépare à jouer cette œuvre en concert depuis plus de 20 ans. J’ai toujours voulu le faire, mais je n’en avais pas le courage auparavant. Je me suis décidé à la jouer sur scène il y a seulement 4 ans.

C.N. : Dans le passé, vous avez aussi joué de grands morceaux tels qu’Imagine de John Lennon ou We Are The World (chanson enregistrée par le groupe américain USA for Africa en 1985), interprétée lors d’un concert magistral à Central Park à New-York. Lors de l’Exposition universelle de 2020 à Dubaï, vous avez aussi joué les Liebesträume (le chef d'œuvre de Franz Liszt). Quelles impressions pensez-vous avoir laissé à votre public ? 

"J’ai grandi dans un environnement familial fait de musique : mon père jouait du erhu (un instrument traditionnel chinois à deux cordes) et ma mère aimait beaucoup les chants et les danses traditionnelles."

L. L. : Le festival de Central Park a réuni des gens du monde entier pendant 24 heures, et a permis de servir de grandes causes communes comme la protection de l’environnement ou la lutte contre la pauvreté. J’étais très heureux de représenter la Chine et le peuple chinois à cet évènement d’envergure internationale. We Are The World, le fameux morceau de Michael Jackson, figurait d’ailleurs aux côtés d’autres grands titres faisant la promotion de la paix et de l’union des hommes partout dans le monde. Ce festival a été énormément suivi.

C.N. : Il vous arrive souvent de jouer des œuvres chinoises lors de vos spectacles. Comment parvenez-vous à toucher la sensibilité de personnes qui viennent de différents pays avec la culture chinoise ? 

L. L. : La musique touche la sensibilité de tout le monde, peu importe notre nationalité. Une belle musique fait toujours réagir celui qui l’écoute, c’est un langage universel. Lors d’un concert que je donnais à Washington, à l’occasion du réveillon du Nouvel An chinois, j’ai commencé par jouer Moli hua (« Fleur de jasmin », une chanson folklorique chinoise très populaire). J’avais ensuite continué sur une belle ouverture avec des morceaux de Beethoven. Dans mes plus récentes prestations en revanche, je commence toujours par mes œuvres chinoises favorites. Il faut dire que j’ai grandi dans un environnement familial fait de musique : mon père jouait du erhu (un instrument traditionnel chinois à deux cordes) et ma mère aimait beaucoup les chants et les danses traditionnelles. J’ai été habitué à jouer des musiques traditionnelles depuis tout petit. J’espère aujourd’hui pouvoir diffuser un peu de cette culture familiale à chaque concert. Et ce d’autant plus que je me produis désormais face à un public diversifié. Tout le monde doit pouvoir découvrir notre musique traditionnelle chinoise. 

Lang Lang salue son public lors d’une cérémonie organisée à l’occasion de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, en 2010. World Economic Forum, CC-BY-SA-2.0,via Wikimedia Commons.

C.N. : Vous endossez le rôle de Messager de la paix des Nations unies. Comment utilisez-vous la musique, la culture et le dialogue pour promouvoir la paix et le développement ? Comment faites-vous pour partager ce message ?

L. L. : J’espère chaque année pouvoir servir la fraternité dans le monde en tant que Messager de la paix des Nations unies. Nous faisons beaucoup de projets, à l’image du concert d’inauguration pour l’Assemblée générale des Nations unies en septembre de l’année prochaine, qui sera l’occasion d’interroger le sens que nous donnons à cette fraternité. Ce sera aussi l’occasion d’interroger la manière dont on pourrait apporter un avenir meilleur au monde et surtout aux nouvelles générations. Je pense que nous devons tous exprimer de meilleurs sentiments vis-à-vis de nos semblables. C’est très important, peu importe d’ailleurs que je dise cela en tant que Messager de la paix des Nations unies, en tant que Chinois ou en tant que citoyen du monde. Il faut toujours porter ce message d’union. 

C.N. : La bourse de formation des jeunes talents couvrant la période 2022-2024, mise en place par votre fondation, est actuellement ouverte aux inscriptions. Quelles sont vos attentes vis-à-vis des jeunes pianistes du monde entier ?

L. L. : Dans la mesure où ce dispositif est en pleine internationalisation, il faut pouvoir compter sur les talents du monde entier. Nous porterons cette fois-ci une attention particulière aux candidatures internationales. C’est ce à quoi je porte intérêt depuis longtemps, en cherchant des candidats qui viennent d’Europe, d’Asie, d’Amérique ou d’Afrique. Le monde d’aujourd’hui est un « village global », il faut aller chercher toujours plus de pianistes talentueux. Ils peuvent d’ailleurs aussi venir en Chine, afin qu’ils viennent se former dans des grands instituts et qu’ils viennent jouer lors de grands concerts. Il faut qu’ils viennent fréquenter d’autres jeunes talentueux. Je pense que c’est ce genre d’initiative qui peut aider à une plus grande fraternité dans le monde. 

Cet article a été originellement publié en chinois le 21 novembre 2021 sur chinanews.com. 

Photo © compte Weibo de Lang Lang 

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