Le taoïsme, au-delà des frontières chinoises

1646132412038 China News Wang Xinli, Zhang Qianyi
Le taoïsme, prônant « l’harmonie multiple », s’internationalise et propose des solutions, inclusives et durables, dans les échanges religieux. 

Le taoïsme, religion authentiquement chinoise, fait partie du rayonnement de la civilisation de l’empire du Milieu. Alors que les échanges économiques et culturels s'intensifient à travers le monde, la Chine mise sur la culture traditionnelle afin d’étendre son influence. Comment le taoïsme pourrait servir de pont culturel entre la Chine et le reste du monde ? Analyse résultant d’échanges avec plusieurs spécialistes des milieux taoïste et universitaire.

Le taoïsme ou l’ADN culturel de la société chinoise

Le terme « taoïsme » est issu du mot chinois tao (ou dao, en caractère chinois) qui signifie la « voie ». Dans la Chine antique, tao désignait également le « chef », ou encore la « paix ». Selon Zhan Shichuang, directeur du Centre de recherches sur Lao Tseu, de l’Université de Sichuan, si ce terme fut apparu la première fois avant la fondation de la dynastie Qin (221 av. J.-C. – 207 av. J.-C.), c'est durant la Période des Printemps et Automnes (771 av. J.-C. – 476 av. J.-C.) que Lao Tseu  a pris le tao pour la « matrice de l’univers », en se basant sur le sens premier du mot. Le tao, considéré depuis comme la « Mère du Monde », incarne en lui-même l’amour avec un grand A. Il donne naissance à toutes choses, avant de les nourrir et de les conforter.

Le taoïsme prône l’harmonie de l’homme avec le monde, le respect des lois de la Nature, l’alignement du corps et de l’univers, l’enrichissement de soi ainsi que la paix. Au fil du temps, le taoïsme a réussi à créer un modèle idéologique et culturel, à la fois original et solide, qui a eu un impact profond sur différentes disciplines en Chine, telles que la philosophie, la politique, l'art, la médecine, l'archéologie, l'aéronautique et la protection de l’environnement. Le taoïsme constitue donc un des piliers principaux de la culture traditionnelle chinoise.

Le véritable esprit du taoïsme

Pour Chen Jinguo, directeur du centre de recherches de religions modernes de l’Académie chinoise des sciences sociales, le respect des lois de la Nature est sans doute l’un des clés pour comprendre le taoïsme. « Nous devons respecter la voie du ciel, ainsi que celle de l’homme et les fusionner de manière organique. C’est l’essence du taoïsme », explique-t-il. Selon lui, le respect de la nature, la quête de liberté ainsi que l'égalité sont les reflets modernes du taoïsme.

La culture traditionnelle chinoise, dont le taoïsme, a pour objectif ultime la réalisation de l'harmonie, la garantie fondamentale du respect mutuel entre les différentes cultures. Dans ce sens, « l’harmonie multiple », un concept prôné par le taoïsme, servirait sans doute de modèle pour résoudre certains conflits internationaux engagés sur la base de confrontations religieuses. 

Le taoïsme, fer de lance du « soft power » chinois

Selon Zhan Shichuang, on compte aujourd’hui 5 millions d’adeptes du taoïsme à travers le monde. En Asie de l’Est et du Sud-Est, les temples taoïstes, très nombreux, ont toujours pour fonctions d’encadrer des rituels religieux ou des affaires commerciales au sein de la communauté. Le taoïsme exerce également une influence non négligeable sur la culture japonaise. En témoignent les dix instituts taoïstes sous tutelle de l’Association du taoïsme japonais, qui ont collectionné un grand nombre d'œuvres classiques sur l’histoire et la culture chinoise. Si les passionnés du taoïsme se trouvent notamment en Asie, les Occidentaux sont également nombreux à s’intéresser à cette religion. « Ils sont venus dans les Montagnes Qingcheng et Fenghuang à Chengdu pour apprendre le taoïsme avant de retourner dans leur propre pays pour y créer des associations taoïstes », explique Zhan Shichuang.

Pour Xu Yihua, politologue et professeur à l’Université de Fudan, si dans l’histoire, la religion était aux premières loges des échanges culturels entre la Chine et le reste du monde, elle continue de jouer ce rôle jusqu’à aujourd’hui. Il juge nécessaire de miser sur le taoïsme pour promouvoir la culture traditionnelle chinoise à travers le monde. Mais depuis longtemps, ce sont les pays Occidentaux qui ont dominé les échanges culturels et religieux et exporté leurs propres religions dans les pays du Sud. La situation évolue dans les années 50 du XXsiècle, au moment où le centre de gravité religieux s’est peu à peu déplacé vers les pays du tiers-monde. Un contexte favorable à l’internationalisation du taoïsme. Dans le monde d'aujourd'hui, alors que le dialogue constitue un outil essentiel pour faire entendre la voie de pays et de civilisations différents, le dialogue sur le plan religieux prend de plus en plus de place dans les échanges interculturels.

Si le peuple chinois souligne, historiquement et culturellement, l'importance d'apprendre des autres au lieu d’une simple évangélisation, il serait plus facile pour la Chine de proposer des solutions, inclusives et durables, dans les échanges religieux sur la scène internationale. Cela permettra une plus grande mise en valeur du taoïsme dans les échanges culturels.

Photo : cérémonie culturelle sur le site de Wudang Shan © Wikimedia commons

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