« Bonheur » (fu) : le caractère chinois qui perpétue la « culture de la faveur céleste »

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En Chine, la coutume traditionnelle du Nouvel An chinois consistant à afficher le caractère  (), dont la signification peut être « bonheur » ou « faveur céleste », ne s’est jamais perdue.

Lors des Jeux olympiques d'hiver qui viennent de se terminer à Pékin, le président du Comité international olympique (CIO), M. Bach, a tenu le caractère 福 () dans ses mains et a adressé ses meilleurs vœux au peuple chinois pour la nouvelle année du Tigre.

Quelle part de l'ADN culturel et de la vision émotionnelle du peuple chinois est portée par le caractère 福 () ? Chen Ji, vice-président de l'Association chinoise de protection du patrimoine culturel immatériel et expert de la « culture de la faveur céleste », a récemment accordé une interview au China News Service pour l'expliquer.

China News Service : Représentant une partie importante de la culture chinoise, quelle est l'ancrage historique et la dimension culturelle de la « culture de la faveur céleste » ? Actuellement, quelle est la portée réelle et la valeur mondiale de sa diffusion ?

Chen Ji : L’histoire de la « culture chinoise de la faveur céleste » remonte à l’antiquité, elle est intemporelle. Apparu il y a trois mille ans parmi les caractères chinois les plus anciens, le caractère 福 () a d’une part un sens profond apprécié à la fois par les élites et le commun des mortels, et d’autre part fait preuve d’une nature riche, populaire et d’immense inclusivité. Les experts ont confirmé que la coutume d'afficher le caractère 福 () date, à minima, de la dynastie des Song du Sud. En outre, divers rituels et activités ont également été transmis jusqu'à nos jours tels que : demander les faveurs du ciel, prier, accorder des faveurs, demander et  recevoir une bénédiction, bénéficier et toucher au bonheur. Ainsi, la culture des faveurs célestes est devenue une coutume vivante unique et un symbole culturel de la nation chinoise.

Au cours de sa diffusion à travers les siècles, les Chinois ont représenté la teneur des faveurs célestes de nombreuses façons dont la plus significative initialement définis dans le Classique des documents pendant la dynastie des Zhou est celle des « cinq bonheurs » : « le premier est la longévité, le deuxième est la richesse, le troisième est la santé et la tranquillité, le quatrième est la vertu, le cinquième est la mort heureuse ». Ceci signifie que les critères de la vie la plus parfaite sont la longévité, la richesse, le bien-être, la vertu et mourir de vieillesse en bonne santé. À la fin de la dynastie Han, le contenu des cinq bonheurs a été transformé devenant ainsi : « la longévité, la richesse, la prospérité, la paix et le bonheur, ainsi qu'un grand nombre d'enfants et de petits-enfants ». Aujourd'hui, après des milliers d'années d'évolution, les cinq bonheurs se résument par les cinq mots « bonheur, prospérité, longévité, félicité et richesse ».



L'évolution de la connotation des « cinq bonheurs » permet de comprendre que pour les Chinois, le caractère 福 () représente « trois mille faveurs en une seule ». Ils désignent par 福 () tous les bons souhaits et objectifs qu’ils invoquent ; ceci concerne non seulement leur désir d’une vie heureuse, mais également l’aspiration à un avenir meilleur. Ainsi, 福 () s’est transformé en un ensemble de toutes les belles choses de bons augures.

La promotion de la « culture des faveurs célestes » répond à la fois à la nécessité intrinsèque de promouvoir l'héritage de la culture traditionnelle chinoise et de renforcer les besoins spirituels de la nouvelle ère. Les préceptes tels que « chercher le bonheur, jouir du bonheur, chérir son bonheur et demander les faveurs du ciel » sont des attentes et des enseignements familiers qui jalonnent la vie des Chinois. Pendant des milliers d'années, la civilisation chinoise a vu le caractère 福 () se transmettre au fil d’une longue histoire. Il est ainsi devenu l'identité centrale et l'espoir le plus persistant dans la conscience collective et le sentiment national du peuple chinois, ce qui en fait l'un des gènes culturels les plus dignes.

CNS : L'Occident a-t-il aussi une « culture de la faveur céleste » ? Quelles sont les différences et les similitudes entre les « cultures de la faveur céleste » chinoise et occidentale ?

Chen Ji : La construction culturelle du bonheur a été étudiée et exposée par de nombreux philosophes, experts et universitaires occidentaux. Par exemple, dans la Bible, il y a « huit bénédictions », disant que ceux qui sont vains, ceux qui pleurent, ceux qui sont doux, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui sont compatissants, ceux qui ont le cœur pur, ceux qui font la paix et ceux qui sont persécutés pour la justice sont « bénis ».  Mais le concept de cette « bénédiction » n'est pas le même que celui relatif à la « faveur céleste » chinoise, dans la culture chrétienne du péché c'est la bénédiction de Dieu.

Il ne fait aucun doute que le « bonheur » est une quête commune aux peuples anciens et modernes, bien que la définition et la conception spécifiques du bonheur puissent différer en raison de l'évolution historique et des différences culturelles entre l'Orient et l'Occident. D’une manière générale, la recherche du bonheur par les Occidentaux a emprunté différentes voies telles que sensuelle, rationnelle et vertueuse. Elle a donné naissance à diverses écoles de pensée comme le sensationnalisme, l'ascétisme et le rationalisme, la pensée rationnelle et les connotations religieuses devenant plus importantes.

Mais en tout temps et en tout lieu, le désir d'une vie meilleure est une espérance commune à tous les peuples et une valeur respectée par la communauté internationale.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn

Photos © Xinhua

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