Vestiges culturels : 50 ans d’échanges entre la Chine et le reste du monde

1649676507179 China News
Depuis 1971, les échanges entre la Chine et les autres pays dans le domaine du patrimoine culturel ont traversé trois périodes majeures, comme l’expliquent plusieurs témoins interviewés par l’agence China News. Autant de témoignages qui montrent comment, au cours des 50 dernières années, la Chine a échangé avec le monde à travers un support si particulier : les vestiges culturels.

Les vestiges culturels exposés dans les années 70

En juillet 1971, l’exposition d’une partie des vestiges culturels découverts pendant la Grande révolution culturelle prolétarienne (1966-1977)* s’est tenue au Palais Cining de la Cité interdite, sous le haut patronage de Zhou Enlai, alors premier ministre chinois.

Selon Wang Zhiqiu, directeur de l'Administration d'État du patrimoine culturel, les visiteurs étrangers ont vivement réagi après avoir vu cette exposition. Les Japonais ont fait part au premier ministre chinois Zhou Enlai de leur souhait d’organiser une exposition identique au Japon. Mais Zhou Enlai a refusé, affirmant qu’il attendrait la chute du gouvernement anti-chinois Satō. Une délégation du Parlement français lui a soumis la même proposition, et Zhou Enlai a accepté,  déclarant que sous la présidence de Charles de Gaulle, la France avait été très amicale avec la Chine. Le 8 mai 1973, le Petit Palais a organisé une exposition de vestiges culturels chinois, dont 493 pièces authentiques, 27 reproductions et 135 pièces d’accompagnement (photos, graphiques, diapositives, etc.) Parmi celles-ci, deux ont particulièrement impressionné : les vêtements en fil de jade doré de la dynastie des Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.) découverts dans le Hebei et la sculpture sur bronze nommée Le Cheval galopant sur une hirondelle volante de la dynastie des Han, découverte dans le Gansu.

Cette exposition, qui a duré 4 mois et attiré 365 000 visiteurs, a ensuite été organisée au musée Royal Academy of Arts, à Londres. La reine Elizabeth II et le premier ministre Heath l’ont honorée de leur présence.  La même exposition a ensuite été organisée au Canada et aux États-Unis où elle est restée pendant plus de huit mois et a séduit 1,8 millions de visiteurs. Enfin, après la normalisation des relations sino-japonaises (septembre 1972), des objets du patrimoine culturel chinois ont été exposés au Japon. Au total, jusqu’en 1979, quinze pays et régions ont organisé des expositions de vestiges culturels chinois.

L’exposition phare des années 1990

En 1998, l’exposition « Cinq mille ans de civilisation et d'art chinois » s’est tenue successivement aux États-Unis et en Espagne, avec des objets d’art en provenance de douze provinces et villes chinoises. Il s’agissait de l’exposition la plus remarquée que la Chine ait jamais organisée à l’étranger dans les années 1990.

Rappelons que le 4 février 1998,  cette exposition a officiellement ouvert ses portes à New York. Liu Zhongde, ministre de la Culture, Li Daoyu, ambassadeur de Chine aux États-Unis, Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU ainsi que des personnalités politiques américaines ont assisté à la cérémonie d’ouverture. Celle-ci a duré trois jours du fait du grand nombre de visiteurs de marque. Le jour de l'ouverture, le musée Guggenheim était magnifiquement décoré : sur quatre bannières chinoises bleues, blanches, noires et rouges, et  accrochées de tous les côtés de la salle d’exposition, étaient inscrits en écriture cursive les quatre vers de l’Ode à la tortue du poète Cao Zhi (192-232). Au centre de chaque table était disposé un énorme vase garni de branches de Malus micromalus Makino, une espèce de bégonia qui ne pousse qu’en Chine. Des œuvres d’art traditionnelles chinoises étaient exposées dans chaque salle mais aussi dans les couloirs en spirale, le tout créant une atmosphère à la fois mystérieuse et magnifique grâce à un décor et à un éclairage soigneusement préparés. L’exposition, qui a duré quatre mois et attiré 450 000 visiteurs, a contribué au succès de la visite en Chine du président Clinton en juin, marquant l’âge d’or des relations sino-américaines. La même exposition s’est tenue ensuite à l’antenne du musée Guggenheim à l’étranger, en Espagne, avec le même succès. Au total, cette exposition a séduit plus d’un million de personnes et généré un million de dollars de recettes.

Par la suite, entre 1999 et 2005, la Chine a organisé aux États-Unis une série d’expositions à la demande des musées américains – de l’exposition « L’âge d’or de l’archéologie chinoise » à l’exposition « L’âge d’or de la dynastie des Tang » en passant par l’exposition d'instruments de musique en bronze de la Chine antique et l’exposition de vestiges culturels du Sichuan.

Selon Wang Limei, ex-directrice du service des Affaires étrangères de la Cité interdite, personne n’avait imaginé qu’une exposition d’objets du patrimoine culturel puisse avoir un tel impact. Conscients de l’énorme potentiel de ce type d’expositions, des dirigeants chinois concernés y accordent une attention croissante.

Quelles perspectives d’évolution ?

Zhao Gushan, directeur du Centre d'échange de vestiges culturels de la Chine, explique que depuis les JO 2008 de Pékin, la Chine a commencé à organiser des expositions d’objets du patrimoine culturel de pays étrangers. Un phénomène qui a atteint son apogée vers 2016, car les Chinois, plus riches, avaient de l’argent pour visiter les expositions, tandis que les musées disposaient d’un budget suffisant pour organiser des expositions d’œuvres d’art étrangères.

Mais actuellement, frappés par le marasme économique, les pays étrangers manquent des fonds nécessaires pour inviter la Chine à venir organiser des expositions, alors qu’en Chine l’heure est aux restrictions budgétaires. C’est pourquoi le Centre d'échange de vestiges culturels de la Chine est confronté à de grandes difficultés. Toutefois, Zhao Gushan estime qu’il est nécessaire de présenter aux pays étrangers les dernières découvertes archéologiques de la Chine, ses valeurs fondamentales ainsi que sa culture traditionnelle.

Pour sa part, Tang Yisong, fondateur de la Société de transport international d’objets de valeur, fait remarquer que depuis six ou sept ans, avec un marché étranger en recul, le nombre d’expositions de vestiges culturels à l’étranger est en baisse. Dans le même temps, l’exposition d’objets d’arts du patrimoine culturel de pays étrangers attire moins les jeunes que l’exposition d’art contemporain de l’étranger. Néanmoins, il est très optimiste quant à l’avenir du marché des expositions de vestiges culturels, notamment parce que le gouvernement actuel y accorde une importance sans précédent. Surtout, les échanges dans ce domaine sont le plus en mesure de toucher au plus profond de l’être humain. Tout comme ce qui s’est passé il y a cinquante ans. De son côté, Wang Limei reste convaincue que le rôle des vestiges culturels est irremplaçable dans les échanges entre les peuples. En tant que directrice du Musée d’art mondial de la Chine, elle s’applique à faire venir les jeunes dans les musées afin qu’ils puissent, dès l’enfance, connaître la quintessence de l’art mondial. Pour elle, la culture détermine notre vision et notre façon de penser.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn

Photos © Xinhua

*Mouvement politique majeur dans l'histoire de la République populaire de Chine, qui couvre la période de mai 1966 à août 1977.

Commentaires

Rentrez votre adresse e-mail pour laisser un commentaire.