« Dao De Jing » : comment la pensée de Laozi transmet la sagesse orientale au monde

1650878862753 China News Liu Peng

Le Dao De Jing de Laozi (souvent traduit « Livre de la voie et de la vertu ») jouit d’une grande réputation tant en Orient qu’en Occident. Il s’agit de l’un des classiques chinois les plus traduits. Mais pourquoi ce classique a-t-il un tel impact ?

Wang Zhongjiang, président du Centre de recherches sur Laozi, a récemment accordé une interview exclusive à China News Service pour expliquer le charme profond du Dao De Jing, son influence mondiale et comment promouvoir davantage la sagesse orientale de la pensée de Laozi.

China News Service : Comment le Dao De Jing est-il devenu un classique mondial ?

Wang Zhongjiang : « Le roi se règle sur la terre, la terre se règle sur le ciel, le ciel se règle sur la Voie et la Voie se règle sur la Nature. » Laozi est un grand penseur et philosophe de la Chine ancienne et le fondateur de l’école taoïste. Bien que son chef-d’œuvre, le Dao De Jing, ne compte que 5 000 mots, son contenu est bouleversant, explorant une série de questions philosophiques, économiques et politiques majeures, telles que la formation de l’univers, l’origine de toutes les choses, la gouvernance d’une nation et la protection de l’environnement. Il est considéré comme étant l’un des plus anciens classiques philosophiques au monde et est vénéré par les générations futures comme un classique de citations pour mieux gouverner un pays et sa famille, cultiver sa vertu et apprendre.

Jusqu’à présent, la plus ancienne trace des écrits de Laozi se trouve dans la « Biographie de Laozi » de Sima Qian, où il est indiqué que « Laozi a rédigé deux parties d’un livre de plus de 5 000 mots sur le sens de la vertu ». Dans l’histoire chinoise, les ouvrages aussi courts que le Dao De Jing qui ont été autant annotés et commentés sont rares et c’est aujourd’hui l’un des classiques les plus traduits au monde. On peut le qualifier de « premier de tous les classiques ». Il a su attirer l’attention du monde entier grâce à la profondeur et à la hauteur de sa sagesse philosophique.

La philosophie, la sagesse, la pensée et les valeurs inhérentes au Dao De Jing sont uniques et profondes dans la philosophie et la pensée mondiales. Elles vont de l’accomplissement personnel au positionnement de soi dans le monde, en passant par la bonne gouvernance du pays et s’adressent aux gens ordinaires, tout comme aux érudits et aux rois. Il s’agit bien d’un grand classique de l’humanité, dont la doctrine est l’une des grandes pensées de l’humanité.

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CNS : Comment la pensée militaire de Laozi peut-elle avoir des caractéristiques humanistes ?

Wang Zhongjiang : Dans l’histoire, certains ont considéré le Dao De Jing comme un « livre de guerre », ce qui est quelque peu exagéré. Néanmoins, un petit nombre de chapitres du Dao De Jing traite de questions et de manœuvres militaires.

En principe, Laozi était un pacifiste et un antimilitariste. Mais si une guerre injuste survient, comment y faire face ? Laozi prône l’autodéfense. C’est dans ce sens que Laozi parle de l’utilisation de la force militaire comme d’un « dernier recours ». Il ajoute que pour s’assurer la victoire, il faut « utiliser l’armée avec habileté » car « la bienveillance porte ses fruits ». Il ne faut pas chercher à étendre la guerre, il ne faut pas pratiquer le bellicisme, mais « placer le détachement au-dessus de tout ». Il faut « se garder d’exploiter sa force jusqu’au bout, il faut tout juste ce qu’il faut, non pour sa gloire et son avantage, mais par nécessité et à contrecœur, sans intention d’augmenter sa puissance ».

Selon Laozi, la guerre n’est pas un événement heureux et la victoire est inévitablement suivie de conséquences néfastes. Avec la victoire vient la souffrance, « la victoire n’est pas la beauté ». Il fait ainsi preuve d’un fort humanisme.

CNS : Comment Laozi voit-il la relation entre les petits et les grands États ?

Wang Zhongjiang : À partir de la période des Printemps et automnes (771-453 av. J.-C.), le monde des Zhou occidentaux se désintègre et s’effondre. Les vassaux et les seigneurs se soulèvent. Laozi met en avant des principes importants pour penser la construction d’un nouveau système et d’un nouvel ordre et prône la coexistence pacifique entre les grands et les petits États.

D’une manière générale, les grands États sont en position de force et les petits États sont en position de faiblesse, en particulier les petits États qui se trouvent coincés entre deux grands et dont la survie et la situation sont extrêmement rudes. Laozi recommande aux grands États d’être prêts à se contenter d’une position inférieure, de respecter et de veiller sur les petits États et aux petits États de bien traiter les grands et de rester humbles.

Concernant l’ordre international moderne, Laozi se dresse contre les diktats et l’hégémonisme. Il est vrai qu’il existe aussi des petits pays dans le monde qui présument trop de leur force et qui font de grands pays leurs ennemis. Laozi se serait évidemment opposé à ces positions inconsidérées.

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CNS : En quoi le Dao De Jing transmet-il la sagesse orientale au monde ?

Wang Zhongjiang : Toute pensée, philosophie ou sagesse est l’entité de l’universalité et de la particularité. La pensée de Laozi est née à la fin de la période des Printemps et automnes. Bien qu’elle soit le produit de la transition de la civilisation des Zhou occidentaux à la civilisation des Zhou orientaux, elle a également une portée universelle dans la culture mondiale.

Contrairement au confucianisme et aux autres écoles de pensée, contrairement à la philosophie grecque, la philosophie de Laozi est tout à fait unique. Effectivement, la sagesse de Laozi a une valeur universelle. Elle relève de la philosophie de la douceur et de la tolérance. Elle représente « l’esprit de la déesse de la lune » de l’humanité.

Les concepts que prône Laozi que sont « faire le bien et ne blesser personne, agir pour le bien de tous et ne s’opposer à personne » ou « la bonté transcendante est comme l’eau » s’appliquent du plus petit accomplissement personnel à la plus grande civilisation humaine. Dans le monde d’aujourd’hui où l’on érige une communauté de destins humains, les hommes partagent leurs bonheurs et leurs malheurs et leurs destins sont liés. La philosophie de Laozi est d’une grande valeur mondiale.

Dès lors, sur la base d’une compréhension, d’une interprétation et d’un exposé précis de la culture de Laozi, ainsi que d’un diagnostic exact et d’une réflexion des problèmes et des failles de la société contemporaine, nous pouvons diffuser la sagesse, la vision du monde, le mode de pensée et les valeurs de Laozi de diverses manières. La culture de Laozi peut aider les hommes à résoudre leurs problèmes et à venir à bout de leurs maux.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn

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