Quelle place occupe l’industrie chinoise de la soie à l’ère des Nouvelles routes de la soie ?

1651061567775 China News

La Chine a été le premier pays au monde à élever des vers à soie et à tisser de la soie. Les Chinois ont inventé et fabriqué à grande échelle des produits en soie, ce qui a permis d’ouvrir le premier échange commercial important entre l'Orient et l'Occident, connu sous le nom de Route de la soie. Comment l’industrie chinoise de la soie a-t-elle évolué au cours des siècles ? Comment la Chine a-t-elle posé un jalon dans les Nouvelles routes de la soie du 21e siècle ? Réponses avec Xiang Zhonghuai, académicien de l'Académie chinoise d'ingénierie et directeur de l'Institut de sériciculture et de biologie des systèmes de l’université du Sud-Ouest. 

© Xinhua

China News Service : La Chine est le berceau de l'industrie mondiale de la soie. Qu'a-t-elle apporté au monde ?

Xiang Zhonghuai : Des archéologues découvrent qu’au milieu du Néolithique, il y a cinq ou six mille ans, la Chine a commencé à élever des vers à soie, à collecter et à tisser de la soie. Au début, seuls les empereurs pouvaient utiliser des tissus de soie. La culture de la soie et la civilisation chinoise sont nées en même temps, comme en témoignent le système des rites, la culture et l'art, ainsi que les coutumes locales en Chine.

La Chine est le berceau de l'industrie de la soie, qui a vécu trois périodes de transfert de technologies. Au XVIIIe siècle, avec la montée de la révolution industrielle européenne et de la science expérimentale, l'Europe, représentée par l'Italie et la France, est devenue le centre de l'industrie mondiale de la sériciculture, avec une production de cocons représentant plus d'un tiers de la production mondiale. Jusque dans les années 1850, suite à l'épidémie de pébrine en Italie et en France et à la concurrence entre l'industrie de la soie en Chine et au Japon, l'industrie séricicole en Europe a décliné.

Lors de la restauration de Meiji en 1868, le Japon a résolument développé l'industrie de la soie. Le pays a adopté une politique nationale visant à un développement parallèle de l’industrie de la soie et de la route maritime, considérant l'industrie de la soie comme l'industrie leader apte à faire du Japon un pays puissant. S’en sont suivis l’introduction de la technologie avancée de la soie d'Europe occidentale, la création d’institutions scientifiques et éducatives sur la soie, et le développement du marché de la soie pour générer des devises étrangères grâce à l’exportation. A l’apogée de l’industrie de la soie, plus de 60 % des agriculteurs japonais élevaient des vers à soie, les vergers de mûriers occupaient 26,3 % des terres arables du pays, et l'exportation de soie grège représentait 75 % du marché occidental. Mais dès le milieu et la fin du XXe siècle, l'industrie de la soie subit un déclin progressif dans la structure et le développement social et économique du Japon.

Après la fondation de la République populaire de Chine (1949) la sériciculture se développa rapidement, la soie étant un produit important pour générer des devises. En 1970, la production chinoise de cocons était de 121 500 tonnes, dépassant le Japon pour s’imposer au premier rang mondial. En 1994, elle était passée à 674 000 tonnes, soit environ 80 % du total mondial.

Ainsi, après avoir été transféré en Europe puis au Japon, le centre industriel de la soie est enfin revenu à son lieu de naissance : la Chine.

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CNS : Pouvez-vous revenir sur la transformation du modèle de développement de l’industrie chinoise de la soie ? Quelles expériences la Chine peut-elle apporter à d’autres pays ?

Xiang Zhonghuai : La Route de la soie traditionnelle repose principalement sur une industrie de la soie basée sur les vers à soie et le mûrier, tandis que la Nouvelle route de la soie au 21e siècle vise la recherche sur le génome et d'autres sciences modernes, afin de développer une industrie de la soie haut de gamme. L'industrie séricicole moderne ne peut s'en tenir à un mode de production simple organisé autour de l’élevage, du dévidage et du tissage. Elle doit mettre en place un nouveau système technologique, promouvoir la montée en gamme afin de répondre à la stratégie de développement national et aux besoins de l'économie de marché.

Depuis 2006, avec mon équipe, nous avons passé trois années à mener une enquête le long de l'ancienne Route de la Soie afin de connaître la situation réelle de la sériciculture. En 2009, nous avons établi un système technologique national de l'industrie de la soie et fixé un objectif industriel qui soit écologique, diversifié, à haut rendement et durable.

Un développement diversifié de l’industrie de la soie est une autre priorité. L'industrie traditionnelle de la soie est très mature et il y a encore de la place pour l'innovation. La Chine compte 20 millions d'éleveurs de vers à soie, et il est important de développer un système de production moderne susceptible de répondre aux besoins du marché et d’emprunter la voie d’un développement ouvert et diversifié.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn

Photo du haut : Le brocart Yunjin de Nanjing, DR.

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