
[Leçon de chinois] Numérologie chinoise
FAIT DE LANGUE
En chinois, certains chiffres sont susceptibles de vous placer sous de bons auspices (吉利 jílì), d’autres non (不吉 bùjí). Ici encore, les homophones chinois ont une profonde influence (voir les numéros précédents du 9 n° 47, 48). La plupart des chiffres ont une symbolique propre, ainsi les chiffres 2, 6, 8 et 9 sont de bon augure, mais pas le 4.
Le chiffre 2 est plutôt un chiffre de chance, l’adage nous dit 好事成双 « les bonnes choses vont par paire ». Il est courant dans les noms d’entreprises de doubler un caractère 阿里巴巴, 滴滴… ; lors d’un mariage, on affiche un peu partout le caractère « bonheur » redoublé 囍 et pendant le Nouvel An, les sentences parallèles accrochées autour des portes, fenêtres, vont par deux.
Le 6 六 liù se prononce comme « joyeux » ou « bonne fortune » en cantonais (祿,乐). Il est donc propice aux affaires. Provenant de la culture taoïste, le 8 八 bā porte particulièrement bonheur. Il ressemble visuellement au 囍 « double bonheur », et sa prononciation cantonaise est proche de 发 « faire fortune ». Il est courant de rechercher à avoir plusieurs 8 dans une suite de chiffres, comme un numéro de téléphone, une plaque d’immatriculation… Ils sont d’ailleurs monnayés et valent très cher, de même que les appartements au 8e étage. La cérémonie d’inauguration des JO de 2008 a commencé le 08/08/08 à 20h08 et 8 secondes.
Le 9 九 jiŭ, (celui de notre magazine !) est historiquement associé à l’empereur. Ses robes comptaient généralement 9 dragons ; les portes de la Cité Interdite sont couvertes de 9 rangées de 9 clous, etc. De plus, sa prononciation est la même que 久 jiŭ, « longtemps », c’est pourquoi il est signe de longévité. Il est de fait souvent utilisé lors des mariages. Les chiffres auspicieux sont par conséquent souvent associés pour former les montants offerts contenus dans les enveloppes rouges.
À l’inverse, le chiffre portant le plus malheur est le 4 四. En effet, sa prononciation sì est proche de celle de « mourir » 死 sĭ. Cette superstition n’a pas cours qu’en Chine, mais est également commune à d’autres régions d’Asie orientale. Cette tétraphobie peut s’observer dans la vie quotidienne : dans certains immeubles, le 4e étage n’apparaît pas ; ce chiffre est évité pendant les festivités ; les places de parking ou les pancartes de résidences passent de 3 à 5 ou bien 3A… Sans être autant marqué de superstition, le 1 一 yī indique le premier, le numéro un, le seul, il porte donc plutôt chance. Le 3 三 sān, sonne un peu comme 生 shēng « naître, vivre », mais il est aussi proche de 散 sàn « séparer, disperser » et peut donc aussi porter malchance.
Le 5 五 wŭ, peut être positif ou négatif. Il symbolise l’unité par des ensembles comme les 5 éléments, les 5 empereurs, les 5 montagnes sacrées… Mais il peut aussi porter malheur car sa prononciation se rapproche de « non, ne pas » ou de l’onomatopée des pleurs.
Le 7 七 qī, comme « équilibré, uniforme » 齐 qí, est bon dans les relations, il est proche aussi de 气 qì « essence vitale, énergie » ou 起 qĭ « s’élever », mais le 7e mois lunaire est aussi celui des fantômes, la fête des Fantômes 中元节 s’y déroulant.
CARACTÈRE DU MOIS
春 chūn signifie le « printemps ». Lors de cette saison, le soleil brille et la végétation prolifère. Le caractère combinait donc originellement le soleil, les herbes et 屯 tún, indicatif de sa prononciation. Sous la dynastie Qin, 屯 et 艸 ont été combinés en 𡗗, lequel surplombe le soleil 日, ne permettant plus de distinguer les parties phonétique et sémantique.
Voici quelques mots comprenant 春:
春节 chūnjié : la fête du Printemps/Nouvel An lunaire
青春 qīngchūn : la jeunesse
春卷 chūnjuăn : rouleau de printemps
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