Li Kunwu, le visage de la bande dessinée chinoise à l’étranger

1668766175977 China News Sun Chenhui

Li Kunwu, auteur de la bande dessinée phénomène Une vie chinoise, revient, dans un entretien accordé à China News, sur son succès au-delà des frontières chinoises et son attachement à sa ville natale, Kunming, chef-lieu de la province du Yunnan.

« Petit, j'avais déjà lu sa bande dessinée Les 18 étrangetés de Yunnan. Aujourd'hui il nous raconte le parcours des gens ordinaires à une époque chaotique de l'histoire chinoise. Il s'avère que l’auteur s'appelle Li Kunwu. Je suis trop fan ! » Le commentaire enthousiaste laissé par un jeune internaute chinois sur Une vie chinoise en dit long sur la présence, aussi marquante que discrète, de son auteur-dessinateur Li Kunwu sur le paysage de la bande dessinée chinoise. Le journaliste dessinateur du « Chuncheng Soir » (春城晚报) a un succès international depuis 2009, l’année de la publication de sa trilogie autobiographique dessinée chez les Éditions Kana (France). Ainsi il a gagné en 2010 le Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique (Blois), et le prix des Lecteurs du festival Quai des Bulles de Saint-Malo, avant d’être récompensé en 2013 dans son propre pays par le prix Dragon d’Or du festival Manga International Canton. En mars dernier, l’artiste de 67 ans a été décoré Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Une reconnaissance à l’échelle mondiale avant de l’être à domicile. Cependant, « l'ancrage local constitue une des clés pour mieux comprendre mes œuvres », explique l’artiste dans un entretien accordé à China News.

© CNS

D’Une vie chinoise à Ma maman, pourquoi vos œuvres ont-elles eu un tel succès à l’étranger ?

La plupart de mes créations sont présentées sous forme de romans illustrés, racontant souvent des histoires longues et complexes. Cela crée sans doute des proximités avec les lecteurs européens qui ont déjà l’habitude de lire des albums du même style. J’ai écrit Une vie chinoise pendant six ans, de 2005 à 2010. C’était une période particulière pour la Chine, qui attirait l’attention du monde entier en organisant les Jeux olympiques à Pékin. Tout le monde avait envie de comprendre un peu mieux le pays dragon : où en est la Chine au niveau de la modernisation ? Quelles sont les conditions de vie des Chinois ordinaires ? Or à travers mes œuvres, le public pouvait lire le quotidien des Chinois ordinaires ainsi que l’histoire contemporaine de l’empire du Milieu. Le succès de mes œuvres n’est pas sans rapport avec ce contexte historique.

© CNS

Comment les bandes dessinées chinoises pourraient-elles attirer un lectorat au-delà des frontières chinoises ?

Tout d’abord, les émotions constituent un langage universel. Dans mes livres, j’essaie toujours de dessiner chaque personnage de la manière la plus vivante possible, pour montrer leur quotidien le plus authentique et spontané. Si les personnages sont souvent conditionnés par l'époque dans laquelle ils vivent, leurs sentiments de joie, de colère et de tristesse trouvent facilement un écho auprès des lecteurs étrangers. Dans Une vie chinoise, j'ai dessiné des scènes sur le déménagement suite à mon mariage. C'est un détail que j'ai ajouté en suivant le conseil de mon ami Philippe Ôtié. S’il existe des barrières culturelles entre mes livres et un lectorat étranger, les échanges réguliers avec le public local servaient à franchir ce fossé. 

En mars dernier, Li Kunwu a été décoré Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. DR.

Dessinateur depuis plus de 30 ans, vous êtes connu pour vos créations très attachées à Kunming, votre ville natale.

Je dessine souvent à partir de mes propres expériences. Plus je voyage dans différents endroits, plus je m’attache à ma propre ville, Kunming. Surnommée « ville du printemps éternel » où s’est tenue l'exposition horticole mondiale, elle est représentative de la Chine en voie de modernisation. Ainsi, entre les lignes, les lecteurs peuvent lire l'ancrage local de mes récits, preuve de l’attachement des Chinois à une vie simple et rurale sur fond d’urbanisation galopante.

Vous avez dit autrefois : « plus c'est personnel, plus c'est universel ; plus c'est national, plus c'est international ». Pourquoi ce constat ?

Beaucoup de mes lecteurs étrangers sont tout d'abord attirés par les intrigues et les personnages avant de porter un intérêt particulier à la ville de Kunming où s’est déroulée l’histoire. L'ancrage local constitue une des clés pour mieux comprendre mes œuvres. Dans les créations artistiques, au lieu de se soucier des regards des autres, on doit tout d'abord se concentrer sur nous-même, nos envies, ainsi que nos propres histoires. Il va ainsi de soi que nos créations pourraient devenir originales et uniques. C'est un processus naturel. L'originalité et les personnalités artistiques correspondent également à nos idéaux, c'est-à-dire la vérité, la bonté et la beauté.   

© Éditions Kana

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.

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