
[C-drama] La série fantastique-médiévale « Strange Tales of Tang Dynasty », entre horreur et fascination
Excentrique et horrifique, le thriller médiéval à la chinoise a puisé ses inspirations dans la littérature fantastique de la dynastie Tang. Au-delà de l'extraordinaire, de l'étrange et de l'exotique, c’est une véritable fresque politique et sociale qui est dépeinte.
Sans casting de haute volée ni gros budget publicitaire, Strange Tales of Tang Dynasty, série chinoise de 36 épisodes, a pourtant réussi, par le bouche-à-oreille, à cartonner auprès du public chinois. Un succès critique et populaire, aussi rare que précieux. L’œuvre s’inscrit dans la lignée du polar historique chinois :le héros Su Wuming (Yang Zhigang) n’est personne d’autre que le disciple du légendaire détective Di Renjie (détective Dee), une sorte de « Sherlock Holmes chinois », sauf que le premier est inspiré d’un personnage historique de l’empire du Milieu. Mais le réalisateur Bai Shan y apporte une nouvelle touche d’étrangeté, aussi envoûtante qu’hypnotique, qui ne cesse d'interroger le réel, tout en sondant la psyché des Chinois sous le règne des Tang, l’âge d’or de la civilisation chinoise.
La première séquence donne le ton. En pleine nuit, le chef de police de Chang’an est réveillé par un chat noir, au regard énigmatique. Furieux, il saute hors du lit et part à sa poursuite dans la cour. Soudain, une femme mystérieuse fait apparition, comme tombée du ciel. Esprit surnaturel ou hallucination ? Le policier semble perdre la tête et se noie dans l’étang. Cette mort étrange va révéler une affaire non élucidée de disparitions de jeunes mariées qui serait liée à la fascination des notables de la ville pour le mystérieux « thé noir de Chang’an ».
C’est ainsi que le lettré Su Wuming, nouveau chef de police, forme avec le militaire Lu Lingfeng (Yang Xuwen), gendarme de la cour royale, un tandem atypique et efficace, perçant peu à peu le mystère autour du « thé noir de Chang’an ».
Peut-on se fier à ce que l’on voit ? Cette interrogation sert de file d’Ariane de Strange Tales of Tang Dynasty, qui se compose de huit contes insolites et déconcertants, dont celui de « thé noir de Chang’an ». Un relais de poste rempli de pythons, un brigand passionné de poésie, une fleur qui défigure les femmes coquettes... Adaptée du roman homonyme de Wei Fenghua, la série fait référence à de nombreux livres fantastiques datés de la dynastie Tang, comme Miscellaneous Morsels from Youyang, L’histoire Xiaoxiang ou encore Les légendes, œuvres souvent peu considérées par rapport au rayonnement de la littérature de cette époque. Mais pour le producteur de la série Guo Jingyu, ces écrits, qui font côtoyer l’aristocratie et les bas-fonds, peuvent être source d’inspiration.
Au-delà du sensationnalisme, le drama, à la croisée du polar et du road-movie, déroule tour à tour le folklore, le rituel, la croyance, la superstition, ainsi que le fengshui sous le règne des Tang. Les téléspectateurs sont ainsi invités à se plonger dans un univers familier et étranger à la fois. D’autant qu’ici l’horreur allie parfois l’humour, créant souvent des situations burlesques et déjantées. L’ambition du réalisateur ne s’arrête pourtant pas là. Il choisit de mettre en avant les méandres de la gouvernance locale et le destin chaotique des gens ordinaires, sur fond de rivalités de pouvoir et d’influence au plus haut sommet de l’État.
Contre toute attente, la série aborde des thèmes sociaux qui s’avèrent finalement assez universels, comme la panne de l'ascenseur social, la limite éthique et scientifique, ou encore la corruption politique. Ce mélange de fantastique horrifique et de satire sociale nous fascine et nous interroge sur notre propre société et époque.
Strange Tales of Tang Dynasty 唐朝诡事录
Série disponible sous-titrée en anglais sur iQiyi
Nombre d’épisodes : 36
Diffusion : septembre 2022
Production : iQiyi
Genre : polar, drame, action
Réalisée par Bai Shan
Avec Yang Xuwen, Yang Zhigang, Gao Siwen…
Photos © iQiyi
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