
[Leçon de chinois] Dénombrer en chinois : les classificateurs
FAIT DE LANGUE
Les classificateurs, aussi appelés spécificatifs, permettent de catégoriser les choses. Ils s’insèrent entre un nombre et un nom, ou entre un démonstratif et un nom. Élément difficile à cerner pour un francophone au départ, cela s’éclaircit un peu lorsque l’on donne quelques exemples équivalents en français : 一口水 yì kŏu shuĭ « une gorgée d’eau », où « gorgée » est le classificateur, 一双鞋 yì shuāng xié « une paire de chaussures », ou encore 这颗米 zhè kē mĭ « ce grain de riz ».
Néanmoins, il est fréquent pour les francophones de les oublier lorsqu’ils ne s’expriment pas en français, comme pourdire « ces personnes » 那些人ou 三只狗 « trois chiens ». Si leur sens ne ressort pas en français, ils sont en revanche très pratiques en chinois pour anticiper le mot qui va suivre, puisque le classificateur nous indique déjà la catégorie du nom suivant. Bien qu’il existe 个 gè, sorte de classificateur universel, qui peut dépanner quand on ne connaît pas le classificateur approprié, employer le bon classificateur est plus qu’apprécié dans une conversation avec un Chinois ! Voyons quelques exemples de classificateurs courants :
本 běn pour les livres ou les cahiers
件 jiàn pour les vêtements ou les événements
条 tiáo pour les objets longs comme un pantalon, mais aussi une rivière, des pâtes, une jambe...
部 bù pour les films ou les romans
双 shuāng pour les paires
只 zhī pour les petits animaux comme les chiens ou les chats
D’autres sont des mots de mesure, comme :
天 tiān pour les jours
分 fēn pour les minutes
快 kuài pour les yuans
Ils sont d’autant plus utiles à connaître pour un apprenant, que les noms qui les suivent sont régulièrement omis lorsque le contexte est clair. Par exemple, dans un magasin de vêtements, vous montrez un vêtement :
CARACTÈRE DU MOIS
个 gè est le classificateur le plus répandu, il peut aussi servir à la place d’un autre plus précis qu’on ne connaît pas. 个 gè était initialement un idéophonogramme, mêlant sens et son : 箇. La partie haute représentait du bambou et la partie basse, 固 gù indiquait la prononciation du caractère. Plus tard, en écriture kaishu, le caractère a évolué en 個, pour être formé de la clé de l’homme à gauche, indiquant que gè servait à compter les gens ou les choses, et de 固 gù à droite pour la prononciation. Cette graphie est encore utilisée à Taïwan ou Hongkong, qui emploient toujours l’écriture traditionnelle. Dans la version simplifiée utilisée en Chine continentale, 个 gè ne laisse plus voir la combinaison sens-son et s’est rapprochée de la partie pictogramme originelle du bambou. Bien qu’étant un classificateur, il est malgré tout utilisé en combinaison dans certains mots, portant le sens d’unicité, comme :
个人 gèrén : individu, personne
个子 gèzi : taille, stature
个性 gèxìng : personnalité, individualité
Stéphanie LE GALL est professeure certifiée et enseigne en collège et lycée
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