
Le livre « Les Quatre tantras médicaux » marque la reconnaissance de la médecine tibétaine à l’international
Le programme Mémoire du monde, lancé par l’UNESCO en 1992, vise à protéger, préserver, utiliser, promouvoir et fouiller le patrimoine documentaire d’importance mondiale. Avec le Registre de la Mémoire du monde, il encourage l’établissement de registres régionaux et nationaux pour protéger le patrimoine documentaire d’importance nationale et régionale. Pourquoi l’ouvrage Les Quatre tantras médicaux est-il devenu un chef-d’œuvre classique transmis depuis plus de mille ans ? Pour répondre à cette question, China News a interviewé Dekyi Tsomo, experte en médecine tibétaine à l’Hôpital tibétain de la région autonome du Tibet.
Pourquoi Les Quatre tantras médicaux constitue-t-il un patrimoine documentaire d’importance mondiale ? Comment la communauté médicale des différents pays évalue-t-elle sa valeur ?
Les Quatre tantras médicaux est l’ouvrage classique le plus important de la médecine tibétaine et est considéré comme comparable au Classique de médecine interne de l’empereur Jaune. Il s’agit d’une collection riche et théoriquement complète de la médecine tibétaine ancienne, en particulier dans les domaines de l’anatomie et de la physiologie. Le livre contient 156 chapitres, couvrant 1 616 maladies et 2 258 prescriptions. Il représente non seulement le plus haut niveau médical de cette époque, mais incarne également les premières humanités, l’histoire, les traditions, la littérature, les arts et l’artisanat du Tibet. Il a été successivement traduit en anglais, en allemand, en mongol, en japonais, en russe, ainsi que dans d’autres langues.
Les Quatre tantras médicaux contient également des informations détaillées sur les processus de fusion des métaux, la préparation des médicaments, les récipients en céramique et les instruments chirurgicaux. Il décrit en détail les méthodes d’extraction de l’or, de l’argent, du fer, de l’aluminium, du plomb, de l’étain, du bronze et du mercure à partir de divers minéraux ; les méthodes de fermentation de diverses céréales utilisées comme médicament ou pouvant servir pour favoriser les réactions chimiques entre les médicaments ; les méthodes de préparation et de détoxication de divers médicaments minéraux, animaux et végétaux ; les spécifications, les matériaux utilisés et les mécanismes structurels de divers instruments chirurgicaux et de traitement externe.
Dès lors, Les Quatre tantras médicaux révèle que la médecine tibétaine maîtrisait des processus scientifiques et techniques naturels relativement avancés avant le VIIIe siècle. Son influence s’est progressivement étendue à l’Asie orientale intérieure, au Bhoutan, au Népal et à l’Inde en Asie du Sud, ainsi que vers les régions turques d’Asie centrale, grâce au commerce du musc et à la route de la soie, et a eu un impact significatif sur l’ensemble de la civilisation orientale.
Au début, Les Quatre tantras médicaux a été rédigé en tibétain ancien et son contenu était mystérieux et difficile à comprendre. Plus tard, le Hongrois Alexander Csoma de Koros a publié Le Dictionnaire tibétain-anglais et La Grammaire tibétaine, qui ont ouvert la porte de la tibétologie aux chercheurs étrangers. C’est dans les années 1830 que Csoma présente Les Quatre tantras médicaux en l’Occident pour la première fois. Puis, des tibétologues japonais, anglais, américains, français, allemands, italiens, indiens, russes et australiens ont mené des recherches plus approfondies sur l’histoire du développement de la médecine tibétaine et les origines des Quatre tantras médicaux et des anciennes pratiques médicales tibétaines. Ils considèrent Les Quatre tantras médicaux comme un ouvrage de référence de la médecine tibétaine et une aide précieuse pour les chercheurs en médecine.
Comment Les Quatre tantras médicaux et la médecine tibétaine sont-ils utilisés dans les foyers tibétains ordinaires ?
Les règles en matière d’alimentation et de conduite consignées dans Les Quatre tantras médicaux ont eu un impact certain sur la culture tibétaine et les habitudes de vie des gens de l’époque et influencent encore les Tibétains aujourd’hui.
De nombreuses habitudes de vie ou d’alimentation des familles tibétaines ordinaires sont dérivées des Quatre tantras médicaux. Par exemple, la tsampa est l’aliment de base des Tibétains, qui en consomment à tous les repas. Riche en nutriments et en oligo-éléments, une consommation régulière de tsampa aide à renforcer l’organisme. Ses principes sont tous consignés dans Les Quatre tantras médicaux. En cas de grandes épidémies ou de maladies graves, les Tibétains se voient moins les uns les autres et évitent de recevoir de la visite. Il s’agit là encore d’un principe qui figure dans Les Quatre tantras médicaux. Selon le calendrier tibétain, chaque année, en juillet, le Tibet célèbre la fête du bain, au cours de laquelle les gens se baignent dans l’eau des rivières et des ruisseaux pour éliminer les maladies. De même, la pratique consistant à porter des bijoux dzi, en météorites ou en perles pour prévenir les maladies est également dérivée des Quatre tantras médicaux.
Le Livre des Quatre tantras médicaux est connu comme l’encyclopédie de la médecine tibétaine. Il est apprécié et respecté par la communauté internationale. Qu’avons-nous fait pour protéger et promouvoir la médecine tibétaine ?
La médecine tibétaine est autant une médecine qu’une culture. À l’heure actuelle, les responsables de la région autonome du Tibet mènent des études pour accélérer le processus de législation de la médecine tibétaine, promouvoir la promulgation de réglementations sur le développement et la protection de la médecine tibétaine, renforcer la sensibilisation à la protection de la propriété intellectuelle et augmenter la protection du patrimoine documentaire de la médecine tibétaine. Conformément à ses caractéristiques propres, ils procèdent à la normalisation et à la standardisation de la médecine tibétaine et sont en train d’instaurer un système normalisé, unifié et scientifique de la médecine tibétaine.
Le gouvernement chinois alloue également chaque année des fonds pour fouiller, utiliser et protéger le précieux patrimoine documentaire comme Les Quatre tantras médicaux. Il construit des hôpitaux de médecine tibétaine à divers niveaux locaux au Tibet. Il a œuvré au sauvetage, à la collection et à la publication d’un grand nombre de livres et documents anciens. Par exemple, la Faculté de médecine tibétaine du Tibet a compilé une « Reprographie de livres rares et anciens de médecine tibétaine chinoise » (volumes 1 à 60) et l’Institut de médecine tibétaine de la région autonome du Tibet a compilé « Le calendrier de la médecine tibétaine du Pays des neiges » (volumes 1 à 130).
En outre, il existe plus de 200 exégèses sur Les Quatre tantras médicaux, dont « La grande annotation détaillée des Quatre tantras médicaux (1-6) » du scientifique de médecine tibétaine moderne Khoru Tshernam, « Les Quatre tantras médicaux, 80 interprétations de thangkas - la lumière du verre bleu » du premier maître de médecine chinoise de la région autonome du Tibet Byams-pa’Phrin-las et « Les Quatre tantras médicaux » qu’est en train de compilé le maître de médecine chinoise Dbang’Dus. Aujourd’hui encore, de nouvelles exégèses sur Les Quatre tantras médicaux rédigées par des experts et des universitaires contemporains continuent de paraître.
Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.
Commentaires