[Philosophie] Zhu Xi, héraut du néoconfucianisme sous la dynastie Song

1691745901213 China News Liu Zhankun, Liu Yujie

Grand philosophe chinois sous la dynastie Song, Zhu Xi a créé sa propre école en réinterprétant les textes du savoir confucéen. Ses concepts fondamentaux, comme « un Principe unique en lots différenciés », ou encore l'opposition entre le Principe Céleste et le désir propre de l'individu, nous servent de sources d'inspiration pour relever des défis contemporains.     

Originaire de Maoyuan, dans le Jiangxi, Zhu Xi, grand lettré de la dynastie Song du Sud (1127-1279), est l'un des plus grands penseurs, philosophes et néo-confucianistes dans l'histoire chinoise. Ses contributions immenses dans la réinterprétation du confucianisme, tombé en désuétude pendant longtemps, lui ont valu le titre nobiliaire de Zhu Zi, le hissant ainsi au rang des plus grands sages chinois. Car le mot zi, qui désigne en chinois une personne ayant à la fois la vertu et le talent, n'est réservé qu'aux rares théoriciens comme Kong Zi (Confucius) ou Meng Zi (Mencius). 

L’école de Zhu Xi, initiée par le philosophe lui-même et complétée par ses disciples, a non seulement profondément influencé la culture et la pensée dans l'empire du Milieu, mais s'est également répandue au-delà des frontières chinoises. Le grand philosophe conserve encore aujourd’hui son influence et sa valeur contemporaine. Dans un entretien accordé à China News, Xu Gongxi, directeur adjoint de l’Association sur l’école de Zhu Xi du Jiangxi et directeur de l’Institut des études sur Zhu Xi de l’Université normale de Shangrao, revient sur la place unique qu’occupe le lettré dans l’histoire chinoise.  

Quelle est la portée historique et culturelle de l’école de Zhu Xi ?

Le concept de « l’école de Zhu Xi » est très riche sur la forme comme sur le fond, notamment en termes de subjectivité, de valeurs temporelle et spatiale, de statut historique et d’idéologie. C’est un courant de pensée chère à de nombreuses classes sociales, groupes et communautés. L’une de ses contributions essentielles est de doter la Chine d’une nouvelle culture en réinterprétant les textes du savoir confucéen, ce qui donne lieu au néoconfucianisme. Zhu Xi a ainsi corrigé le tir en rétablissant le statut de suprématie idéologique et éthique du Confucius. Grand philosophe de l’orthodoxie confucéenne, il réussit à ramener la philosophie chinoise sur les bons rails, consolidant en quelque sorte les valeurs propres à la nation chinoise.  

Comment la pensée de Zhu Xi s’est répandue au-delà des frontières chinoises ?

Cela remonte à 1195, l’année où le Maître zen Eisai, fondateur de l’école Rinzai au Japon, a ramené des œuvres sur la pensée de Zhu Xi dans son pays natal. En effet, dans la Chine antique, la diffusion du néoconfucianisme à l’étranger a emprunté deux voies. D’une part, les moines et les chercheurs japonais et coréens se sont inspirés des idées promues par Zhu Xi avant de les diffuser dans leur propre pays. D'autre part, des Chinois immigrés en Asie du Sud-Est se faisaient volontiers ambassadeurs de la philosophie chinoise dans leur pays d'adoption. 

Pourtant, il faut attendre le XVIe siècle pour que les livres consacrés à la pensée de Zhu Xi soient traduits et diffusés dans le monde occidental. Si les missionnaires ont été les premiers à s'intéresser à la pensée de ce philosophe chinois, les sinologues et les chercheurs d'origine chinoise ont ensuite pris le relais en analysant ses idées sous des perspectives aussi diverses que variées. Ceci dit, l’école de Zhu Xi constitue non seulement un élément majeur de la civilisation de l’Asie orientale, mais elle a aussi été source d'inspiration de nombreux philosophes occidentaux comme Montesquieu, Voltaire, Kant, Hegel... contribuant malgré elle à enrichir la civilisation occidentale. 

Dans quelle mesure l'école de Zhu Xi pourrait-elle nous aider à répondre à nos réalités contemporaines, telle que la construction d'une communauté de destin pour l'humanité ?

À la fois rationnel et idéaliste, Zhu Xi nous a fourni malgré lui un système de connaissances et de valeurs qui peut éventuellement aider à bâtir une communauté de destin pour l'humanité. Car l’école de Zhu Xi propose non seulement une approche pragmatique en termes de gouvernance d'État, mais également une prise de conscience sur l'examen de soi, ainsi que sur la construction de personnalité.   

Plus concrètement, cette école se fonde sur trois axes clés de valeurs et d'idéologies. Tout d'abord, le concept « un Principe unique en lots différenciés », c'est-à-dire l'universalité du Principe, donc raison des choses, n’empêche pas qu’il s’imprime dans les êtres selon des modalités liées au support qui conditionne sa réception. Un concept précieux qui met en avant l'importance de la quête de terrains d'ententes sur fond de conflits d'ordre religieux et culturels dans le monde d'aujourd'hui. Le deuxième axe concerne l'opposition entre le Principe Céleste et le désir propre de l'individu. La dialectique entre justice et égoïsme prend une place particulière chez Zhu Xi, au point qu'il la considère comme la porte d'entrée de la pensée confucéenne. Une leçon précieuse dans la construction d'une communauté de destin pour l'humanité. Sa pensée sur « l'équilibre entre principe et humanité » sert de troisième pilier idéologique pour nos contemporains pour mieux apprécier la mondialisation et la pluralité culturelle sans être obligés de renoncer nos traditions et identités culturelles ou politiques. 

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.


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