La fleur de lotus, symbole de paix et d’harmonie pour les Chinois

1696932072801 China News Liu Yuedi

L'été est la saison de la floraison du lotus. L’homophonie entre « lotus » et « harmonie », semble en apparence être une « blague par homophonie », mais en réalité le lotus symbolise réellement la « paix ». 

Dans la Chine ancienne, le lotus, les fleurs de pommiers de Chine et les hirondelles étaient souvent peints ensemble pour représenter une scène de « rivière claire et mer paisible » (he qing hai yan tu). Le lotus est homophone de « fleuve » (he), l'hirondelle est homophone de « calme » (yan). He qing hai yan signifient à l'origine que même l'eau du fleuve Jaune est claire et les vagues de la mer calmes. Ce magnifique paysage est une métaphore de la « paix régnant dans le monde ». Voilà exactement ce que le poète Gu Kuang de la dynastie Tang entendait par « il n'y a pas de malheur dans le monde, le fleuve est clair et la mer est calme et infinie ». De ce fait, la fleur de lotus peut être considérée comme un symbole culturel de la paix dans le monde et le « lotus clair et l’hirondelle de mer » est également une merveilleuse combinaison esthétique.

La suprématie du lotus dans l'histoire de la Chine ne s'est pas formée du jour au lendemain. D'un point de vue quantitatif, parmi les recueils de poèmes chinois de toutes les dynasties, les orchidées sont les plus chantées dans « Poèmes des dynasties pré-Qin, Han, Wei, Jin, du Sud et du Nord » (xian qin han wei jin nan bei chao shi) avec un total de 465 poèmes sur l'orchidée. Toutefois, à l’époque du « Quan Tangshi » le lotus s'est hissé au sommet du classement des fleurs, avec pas moins de 2 071 poèmes portant sur lui. Avec le recueil de poèmes « Song shi chao », la fleur de prunier était devenue la reine des fleurs, avec un total de 888 poèmes portant sur elle. Mais avec le recueil « Yuan shi xuan », le lotus s’est emparé à nouveau de la première place, avec 483 poèmes portant sur lui. Dans le recueil « Ming shi zong », le lotus garde sa première place mais le nombre total de poèmes a chuté jusqu’à atteindre 352 poèmes. C’est avec le recueil « Qing shi hui » que le nombre total de poèmes portant sur le lotus augmente à nouveau pour atteindre un total de 1 097 poèmes. L’évolution de ces chiffres montre à quel point le peuple chinois aime la fleur de lotus. Du point de vue des dynasties, le nombre de fois où le lotus « monopolisait la place de la reine des fleurs » était le plus élevé, et le nombre de poèmes chantant le lotus dans les dynasties passées était bien supérieur à celui des autres espèces de fleurs. Par conséquent, la fleur de lotus a réalisé une victoire absolue dans l'histoire de la poésie chinoise.

Parmi les plantes sur lesquelles les anciens récitaient des poèmes, le lotus, les fleurs de prunier, les fleurs de pêcher et les chrysanthèmes étaient justement les quatre fleurs les plus populaires. Les fleurs dites la « fleur de prunier d'hiver », « la fleur de prunier du printemps », « le lotus d'été » et « le chrysanthème d'automne » étaient les quatre fleurs les plus présentes dans les poèmes et elles étaient réparties sur les quatre saisons. La beauté des fleurs correspond, en fait, aussi à la « beauté des quatre saisons », à « la beauté des fleurs qui évolue au gré du jour et de la nuit, du vent et de la pluie ». Le changement de saison engendre la floraison, et la « reine des fleurs » du mois de juin ne peut être autre que le lotus.

La Chine compte 10 000 ans d'histoire culturelle et plus de 5 000 ans de civilisation. Le début de l'histoire de la civilisation de Huaxia correspond au lieu des prémices de l'agriculture des plaines centrales de la Chine, et la tradition de planter et de cultiver des fleurs est le fruit de la civilisation agricole. Cependant, la tradition d'aimer et d'admirer les fleurs est le résultat de la culture que les Chinois ont accordée à la végétation. Si les Chinois aiment les fleurs, c'est précisément parce que les fleurs ne sont jamais extérieures à l'existence humaine, mais qu'elles sont des amies avec lesquelles nous établissons des échanges émotionnels. Comme le dit le proverbe, « si nous ne faisons rien qui ne soit pas bénéfique, comment vivrions-nous cette vie longue mais limitée ? ». Admirer les fleurs, les planter et les manger sont des « actes non bénéfiques ». Cependant, ils ajoutent un plaisir infini à la vie terne et ordinaire, ce qui constitue la grande sagesse de l'« esthétique de vie » chinoise.

Outre l'« émotion végétale », les Chinois de la Chine antique ont également donné à la fleur de lotus un symbolisme culturel au-delà de la végétation, ou ont insufflé de beaux vœux et des idéaux moraux à la végétation. Dans le « Shijing », nous retrouvons le vers « il y a des mûriers luxuriants sur la montagne et de beaux lotus dans les marécages », qui tend à décrire les choses. Puis, nous trouvons le vers « les lotus peuvent être cueillis à Jiangnan, et les feuilles de lotus sont luxuriantes » dans le « Han yue fu », faisant l’éloge des joies de l’amour. Enfin, avec le vers « le lotus pousse dans le limon sans être pollué et ne paraît pas coquet après avoir émergé dans l'eau claire » dans le « Ai lian shuo » de Zhou Dunyi, le lotus vit une élévation morale. Ainsi, nous pouvons constater que les anciens conféraient de plus en plus au lotus la signification d'une élévation éthique.

Le mot « lotus », qui est homophone d'« harmonie » et d'« unité », souligne également l'orientation de la civilisation chinoise vers « l’appréciation de l’harmonie et de l'unité ». Dans l’optique de « l’inspiration mutuelle des cultures », « l'harmonie dans la diversité » prônée par la civilisation chinoise peut devenir le principe de base des échanges entre les civilisations. En revanche, « l’identique entrave le développement » nie les différences entre les civilisations et tente d’unifier tout type de civilisations, ce qui est impossible et inutile, et n'aide pas les différentes civilisations du monde à parvenir ensemble à un développement harmonieux.

Parmi les dessins de bon augure du folklore ancien, nous trouvons les célèbres « deux immortels de l'harmonie et de l’unité » (he he er xian), dont l'un tient une fleur de lotus dans sa main et l'autre une boîte à trésors, qui représentent des vœux de bonheur pour « l'harmonie et l’unité ». Les Chinois de la Chine ancienne avaient également prévu une fête spéciale pour le lotus, la « fête d’admiration du lotus » (guan lian jie), qui a lieu généralement le 6e ou le 24e jour du 6e mois du calendrier lunaire. Cette ancienne fête devrait être restaurer.

Les anciens avaient l’habitude de dire : « le lotus rouge, la racine de lotus blanche et la feuille de lotus verte, les trois religions sont à l'origine une seule et même famille ». Ceci est une métaphore de l'unité du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme au sein de la culture chinoise traditionnelle, par le biais des trois composantes colorées de la fleur de lotus, soit la fleur rouge, la racine de lotus blanche et la feuille de lotus verte.

L'idée de « l'unité du confucianisme, du taoïsme et du bouddhisme » prospérait déjà à la fin de la dynastie Ming. Aujourd'hui, si nous réexaminons le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme, nous constatons qu'il ne s'agit pas de trois religions, mais de trois éléments culturels fondamentaux qui soutiennent la tradition locale. Comme aujourd'hui, le lotus n'est pas seulement l'une des « dix fleurs célèbres » en Chine, mais aussi la « fleur nationale » de notre pays voisin, l'Inde. En plus d'être une « fleur unique qui se démarque » dans le bouddhisme, le lotus joue également un rôle primordial dans l'hindouisme.

Dans la tradition de la civilisation chinoise, le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme ont octroyé au lotus une connotation culturelle unique. Tandis que maintenant, la nouvelle forme de la civilisation a commencé à donner au lotus une toute nouvelle signification culturelle. Il s'agit justement d'une transformation créative et d'un développement novateur de la tradition. Tout comme la culture du lotus a évolué à différentes époques, l'évolution du lotus lui-même est lente, mais le développement de la culture du lotus est en phase avec son temps, et il devrait en être de même pour le développement de la civilisation chinoise à l'ère de la mondialisation.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.


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