Marco Ceresa, humble sinologue italien qui savourait la culture chinoise

1697188962296 China News Wan Shuyan, Gao Chuyi

Sinologue italien renommé, doyen de l'Institut d'Asie et d'Afrique du Nord de l'Université de Venise et président honoraire co-fondateur de l'Association italienne de la culture du thé AICTEA, le professeur Marco Ceresa est décédé le 3 mai 2023 à l'âge de 64 ans. 

En 1981, Marco Ceresa est un jeune italien passionné de chinois, il traverse l'océan pour y étudier cette langue à l'université de Nankin. Fasciné par la culture chinoise, il décide à son retour en Italie d'étudier au Département des langues et littératures orientales de l'Université de Venise. Il poursuit ensuite ses études à l'Université orientale de Naples où il obtient un doctorat en Littérature extrême-orientale. Après avoir obtenu son diplôme, il retournera en Chine, étudiera à Taïwan et fera de la recherche à propos de la culture chinoise pendant de nombreuses années. Son apprentissage inlassable lui a valu tout au long de sa vie une relation de profonde affection avec la sinologie.

S'intéressant beaucoup à la littérature chinoise ancienne, en particulier à la poésie Tang, Marco Ceresa  a notamment été le premier à traduire en italien les annotations complètes du Classique du thé écrit par Lu Yu sous cette même dynastie. Tout au long de sa vie, ses recherches se sont focalisées sur les études culturelles, plus spécifiquement sur l'orientalisme et la chinoiserie et leurs tendances littéraires et musicales en Italie et en Europe.

Un homme humble débordant de talent

En 2008, Marco Ceresa est retourné à l'Université de Venise en tant que professeur au Département d'études africaines asiatiques et méditerranéennes où il concentre son enseignement sur la Chine. De 2008 à 2018, il a également été le directeur étranger de l'Institut Confucius de l'Université de Venise. Présidente de l'Université de Venise et sinologue, Tiziana Lippiello était une collègue de Marco Ceresa mais également son amie. En se promenant sur le campus de l'Université de Venise, Li Jiya s'est remémoré ses nombreux et précieux moments de travail avec Marco qui essayait toujours de résoudre les problèmes en donnant la priorité aux personnes, en tentant de comprendre les raisons personnelles derrière les conflits. Chaque fois que Li Jiya prévoyait de se rendre en Chine, Marco lui parlait des coutumes chinoises, les séances de travail acharné se transformaient alors immédiatement en moments heureux. Homme à la nature sarcastique et rempli d'autodérision, le professeur Ceresa trouvait toujours le côté le plus drôle des choses dans n'importe quelle situation.

Wen Zheng, directeur du Département italien de l'Université des études étrangères de Pékin, est tout à fait d'accord avec l'appréciation de Marco par Li Jiya. Wen Zheng a été le directeur chinois de l'Institut Confucius de l'Université de Rome de 2011 au début de l’année 2014 et a eu de nombreuses interactions avec Marco Ceresa. Wen Zheng garde en mémoire l’élégance vestimentaire d’un homme qui se comportait toujours en gentleman et donnait aux gens un sentiment de douceur, d'élégance et de modestie : « Il parlait peu, aimait être seul et méditer, errant entre naître et entrer dans le monde ». C’est peut-être parce qu'il s'adonnait depuis longtemps à l'étude de la culture classique, que son tempérament était empreint de cette culture tout en ayant la marque d'un intellectuel aristocratique occidental. La barbe qu’il portait lui donnait également l'air un peu taoïste. »

Un universitaire pétri par les études culturelles chinoises

Marco Ceresa concentrait ses recherches dans le domaine des études culturelles, avec un intérêt particulier pour la visibilité du style chinois dans la littérature et la musique italiennes et européennes et un éclairage plus spécifique sur l'importance de l'orientalisme dans la littérature italienne et européenne. Il portait un grand intérêt pour la littérature classique chinoise, en particulier vis-à-vis de la poésie Tang et la relation entre la littérature et la culture matérielle et alimentaire.

Lorsque Marco Ceresa était le directeur étranger de l'Institut Confucius de l'Université de Venise, il y a fait un travail solide et prestigieux. Il a non seulement enseigné la langue, la culture et l'histoire chinoises, mais l'a également élevé au niveau universitaire, et a beaucoup œuvré pour promouvoir des échanges culturels approfondis entre la Chine et l'Italie. Wen Zheng se souvient : « Il a organisé de nombreux séminaires académiques et eu de nombreuses interactions avec des universitaires et des artistes chinois ; Venise étant la ville natale de Marco Polo, il a ainsi perpétué la tradition des échanges sino-italiens. L'un de nos passe-temps communs étant la recherche à propos de Matteo Ricci, il me posait également des questions très précises sur ce domaine universitaire Chine ».

Le premier traducteur en italien du Classique du thé 

En novembre 1990 était publiée la première édition italienne complète du Classique du thé dont il était le traducteur. Rédigé sous la dynastie des Tang par Lu Yu et également connu pour être l’encyclopédie du thé, le Classique du thé est l'introduction au thé la plus ancienne, la plus complète et la plus vaste en Chine et même dans le monde entier. Ayant étudié la culture du thé et la culture taoïste, Marco était le co-fondateur et président honoraire de l'Association italienne de la culture du thé AICTEA. Traduire le Classique du thé du chinois ancien à l'italien était du reste chose difficile.

Sa traduction est composée en chinois et en italien, la version verticale chinoise ancienne est située à gauche et la traduction italienne à droite. Une chronologie détaillée des dynasties chinoises est également jointe pour faciliter la compréhension du contenu de l’ouvrage. Weng Zheng précise : « Feuilleter les pages, c'est comme feuilleter des photos, l’impact visuel est très fort. L’ouvrage conserve également les images des ustensiles à thé du livre original. Marco a fait des recherches textuelles sur les variétés de thé et les ustensiles impliqués dans le livre, avec des notes détaillées. »

La traduction comporte également une longue introduction et une préface, qui présente l’auteur Lu Yu, le Classique du thé et son processus de publication, il raconte également l'origine et l'histoire du développement de la plantation de thé en Chine, ainsi que la compréhension de la culture du thé chinois. La traduction fait également un tableau de comparaison de vocabulaire détaillé pour les termes employés dans le livre, y compris les titres des livres anciens, les noms de personnes et de lieux, les termes solaires, les ustensiles vivants, etc.

Marco Ceresa a contribué à mieux introduire la culture chinoise en Italie. En plus de traduire le Classique du thé, il étudiait également la culture taoïste, la religion populaire chinoise et le Fengshui à propos desquels il a publié de nombreux articles académiques. Il a par exemple écrit un article sur le Fengshui faisant la démonstration que ce dernier n'est pas une superstition féodale, et expliquant comment il coordonne la relation entre l'homme et la nature. 

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.


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