Comment la culture de Hongshan constitue-t-elle le gène culturel commun de la nation chinoise ?

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« Il existe de nombreuses montagnes célèbres en Chine. Il en est une qui porte en son sein l'histoire de la source de la civilisation chinoise depuis plus de 5 000 ans, c'est celle de Hongshan qui est située à Chifeng, dans la région autonome de Mongolie-Intérieure. »

Selon l’expert de la culture de Hongshan et chercheur à l'Institut d'archéologie de l'Académie chinoise des sciences sociales Liu Guoxiang, les ancêtres préhistoriques ont créé une magnifique culture archéologique baptisée du même nom que la fameuse montagne : la culture de Hongshan. Cette dernière est une des sources importantes à l'origine de la civilisation chinoise plus de cinq fois millénaire qui est également devenue un élément clé dans la formation de l'unité plurielle de la civilisation chinoise.

Liu Guoxiang a récemment accepté une interview exclusive avec China News pour mener une analyse complète et donner une explication approfondie à propos de la recherche archéologique concernant la culture de Hongshan. Il nous explique pourquoi cette dernière est devenue l’une des sources importantes de la civilisation chinoise.

Qu’est-ce que la culture de Hongshan ?

La culture de Hongshan doit son nom aux fouilles pratiquées sur le site de Hongshanhou dans la ville de Chifeng, en Mongolie-Intérieure. C'est l'une des cultures archéologiques néolithiques les plus célèbres du nord-est de la Chine dont la distribution s’étendait principalement dans le sud-est de la Mongolie intérieure et l'ouest de la province du Liaoning il y a de cela 6 500 à 5 000 ans. Ceci en fait l'une des sources importantes de la civilisation chinoise depuis plus de 5 000 ans.

Le processus de fouilles archéologiques de la culture de Hongshan peut être divisé en quatre étapes : avant 1949, de 1949 à 1980, de 1980 à 2000 et de 2000 à nos jours.

En 1908, l’ethnologue et anthropologue Japonais Torii Ryuzo a mené des investigations sur les rives de la rivière Yingjin à Chifeng où il a collecté des tessons de poteries et des outils en pierre. Par la suite, d’autres scientifiques tels que le Suédois Anderson ont fouillé le site de la grotte Shaguotun à Jinxi dans le Liaoning, les paléontologues et jésuites français Emile Licent et Pierre Teilhard de Chardin ont également mené plusieurs investigations dans la région de Chifeng. En 1930, l'archéologue Liang Siyong s'est rendu à Yingjinhe et Linxi pour y mener quelques recherches de terrain. En 1935, Kosaku Hamada et Seiichi Mizuno de la Société archéologique japonaise d'Asie de l'Est ont fouillé le site de Hongshanhou dont le rapport a été publié en 1938 sous le titre de  Chifeng Hongshanhou. En 1943, alors que l'archéologue Tong Zhuchen visitait la région de Chifeng, il découvrit de nombreux sites de la culture de Hongshan. En 1949, un dragon en topaze en forme de lettre C typique de la culture Hongshan a été mis au jour par des villageois alors qu'ils labouraient près du site de Dongguai banggou.


Comment la culture Hongshan a-t-elle été découverte et nommée ?

En 1954, l'archéologue Yin Da a proposé pour la première fois le nom de « culture de Hongshan », soulignant que celle-ci revêtait une grande importance pour l'étude des relations entre les vestiges culturels néolithiques du nord et du sud de la Grande Muraille. En 1956, des enseignants et des étudiants en archéologie de l'Université de Pékin ont mené des investigations et des fouilles sur trois sites situés en face de la montagne Hongshan et sur un autre site localisé derrière celle-ci. Ils ont collecté un ensemble important d’échantillons physiques, corrigeant ainsi les conclusions erronées du rapport Chifeng Hongshanhou qui n’avait pas établi de distinction entre la culture de Xiajiadian inférieur et la culture de Xiajiadian supérieur – cultures de l’âge du bronze postérieures à celle de Hongshan. Cette précision a apporté la preuve que le site de Hongshanhou a été actif depuis la culture de Hongshan jusqu’à l'âge du bronze, contribuant ainsi à une amélioration globale de la compréhension du groupe de sites de la culture de Hongshan et de la recherche à propos de cette culture.

De la fin des années 1970 à la fin des années 1980, une série d'avancées majeures ont été réalisées dans la découverte et la recherche de la culture de Hongshan. La découverte d'autels carrés et ronds en pierre sur le site de Dongshanzui à Kazuo dans le Liaoning, a apporté pour la première fois une clarification à propos de la forme des autels de cette culture. Les fouilles menées sur le site de Niuheliang et les découvertes qui en ont résulté ont permis de mettre au jour le plus grand site sacrificiel central de la culture de Hongshan tardive. Ceci a considérablement enrichi l’essence de la culture de Hongshan, ce qui en fait un des contenus de base pour l'étude du processus de civilisation du cours supérieur du fleuve Liao occidental et des caractéristiques de l'origine de la civilisation chinoise.

Dans les années 1990, de nombreuses fouilles ont mis au jour des maisons ou des sépultures de la culture de Hongshan ainsi qu'un ensemble de matériaux de la même culture présentant des caractéristiques régionales évidentes.

Au XXIe siècle, les fouilles du deuxième site d'Aohan Xinglonggou et du site Weijiawopu à Chifeng ont favorisé le développement complet et approfondi de la recherche

Une réplique à l'échelle 1:1 de la figure en poterie complète d'Aohan découverte sur le site de Xinglonggou.

Comment s’organisent les différentes périodes de la culture de Hongshan ? Quels sont les sites représentatifs pour la recherche en matière de fouilles archéologiques ?

La culture Hongshan peut être divisée en trois périodes : précoce, intermédiaire et tardive, chaque période pouvant être subdivisée en phases précoces et tardives. La période précoce,  qui se situe il y a environ 6 500 à 6 000 ans, représente l’époque de gestation et de formation de la culture de Hongshan. La période intermédiaire remonte à environ 6 000 à 5 500 ans, lorsque la culture de Hongshan s'est développée de manière globale et a créé une ère prospère pour le développement de la culture néolithique dans l'ouest du Liaoning. La période avancée se situe il y a environ 5 500 à 5 000 ans, la culture de Hongshan est entrée dans son apogée, des changements majeurs se sont produits au sein de la société et la civilisation de Hongshan s'est progressivement formée. À la fin de la culture de Hongshan, la stratification sociale est devenue plus évidente, un système hiérarchique a été établi avec l’émergence d’une classe privilégiée et une figure semblable à un roi. L'industrie de la poterie y était très développée, la technique de sculpture sur le jade a atteint un développement et des progrès sans précédent, faisant de ce dernier l'objet funéraire le plus important, autour duquel s’est formé le système rituel à part entière.

Les sites caractéristiques de la culture de Hongshan comprennent entre autre les ruines de Hongshanhou et de Niuheliang, les vestiges sacrificiels de Dongshanzui du comté de Kazuo, la deuxième site du complexe archéologique de Xinglonggou, le site de Nasitai, le site du tombeau de pierre de la montagne Caomao, le site de peuplement de Hanmin Mangha, et les vestiges de la cité de Weijiawopu. Parmi eux, le site de Hongshanhou est à l’origine du nom de la culture de Hongshan ; le site de Niuheliang est le plus grand centre funéraire et sacrificiel de la période tardive de la culture de Hongshan  connu à ce jour. La première poterie entièrement intacte trouvée a été excavée du deuxième site du complexe archéologique de Xinglonggou. Quant au de Weijiawopu, il demeure le site d'implantation de la culture Hongshan le plus grand, le plus complet et le plus vaste découvert à ce jour.

Dragon en forme de jade de l'exposition « Jade émergeant de Hongshan – Exposition sur les réalisations culturelles et archéologiques de Hongshan » au Musée national de Chine

Les sites de la culture de Hongshan peuvent être classés en quatre types selon leur répartition et leurs caractéristiques culturelles. On définit ainsi les types Weijiawopu, Niuheliang-Xinglonggou, Hanminmangha et Nasitai. Si chacun d’entre eux a ses propres caractéristiques, ils restent cependant étroitement liés. Ainsi, le type Niuheliang-Xinglonggou est situé au centre de l'aire de répartition de la culture de Hongshan, les types Nasitai et Niuheliang-Xinglonggou ont des caractéristiques régionales évidentes, alors que le type Weijiawopu est fortement influencé par les plaines centrales. Quant au type Haminmangha, il peut être influencé par la culture préhistorique de la même période dans le nord-est de la Chine. Pour conclure en bref, du début de la formation de la civilisation de Hongshan jusqu’à la fin de cette culture, les liens entre les différents types sont devenus plus étroits et le site de Niuheliang est devenu le centre sacrificiel et funéraire de la communauté culturelle de Hongshan.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.


Photo du haut : vue du parc Hongshan dans la ville de Chifeng, en Mongolie-Intérieure / CNS

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