
Le style Yang, le courant du Tai-chi le plus pratiqué en Occident
Art martial dit « interne » d’origine chinoise,
le Tai-chi, s’inscrit comme une discipline associant entraînement physique et
méditation spirituelle. Le style Yang, fondé par le maître Yang Luchan
(1799-1872) sous la dynastie Qing, l'une des cinq écoles classiques de la
discipline, est le style du Tai-chi le plus connu en Occident. Fu Qingquan, un
des héritiers et descendants lointains du maître fondateur, s’est mis à
enseigner, depuis les années 1980, le Tai-chi style Yang, au-delà des
frontières chinoises, en traversant plus de 30 pays dans le monde entier. Comment cette école du Tai-chi pourrait-elle
jouer un rôle dans les échanges culturels entre la Chine et l’Occident ?
Entretien avec Fu Qingquan à son
domicile à Sydney en Australie.
Fu Qingquan au concours national australien de Wushu
Comment le Tai-chi style Yang a-t-il évolué jusqu’à étendre son influence dans les pays occidentaux ?
Fondé par Yang Luchan, originaire du Hebei, le
style Yang est tout d’abord transmis de père en fils. Ses descendants se sont
engagés à faire promouvoir le style auprès d’un public plus élargi. En effet,
le style Yang que l'on connaît aujourd'hui s'inspire du modèle développé par
Yang Chengfu, petit-fils de Yang Luchan. Connu en Chine comme à l'étranger, ce
courant du Tai-chi compte aujourd'hui presque 200 millions de pratiquants dans
le monde entier. Un exploit grâce notamment aux efforts menés par plusieurs
générations d'héritiers, comme mon père Fu Shengyuan, qui a enseigné la
discipline dans 46 pays. D'autant plus que ce style, à la fois rigoureux et
flexible, se démarque par une belle posture élancée, une position équilibrée,
ainsi qu’une série de mouvements fluides. Apprécié par ses pratiquants, il
présente une panoplie de bienfaits aussi bien pour la santé physique que
mentale.
Fu Qingquan enseignant le Tai Chi au Japon
Quelles sont les idées philosophiques de la culture chinoise que véhicule le Tai-chi ?
Tout d’abord, le Tai-chi, considéré comme un
art-martial de l’unité et de l’opposition, incarne la théorie yin yang, car il
démontre, par ses mouvements à la fois doux et puissants, lents et rapides, les
valeurs équilibristes et évolutives chères à cette philosophie. La culture du
Qi (ou Chi), traduit en
français par « souffle interne » ou « énergie », fait également partie du Tai-chi. Les
pratiquants peuvent cultiver, voire guider le Qi, en orchestrant leurs
respiration, mouvements et inconscient, pour parvenir à un équilibre physique
et mental. C’est également une discipline attachée à la philosophie de
l’harmonie, en mettant en valeur la cohésion entre le corps et le spirituel,
les hommes et la nature. Symbole de la culture chinoise, le Tai-chi a été
inscrit dans la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. On a ainsi vu
naître la « Tai-chi mania » sur la scène internationale. Les Occidentaux sont
nombreux à étudier et à explorer de manière approfondie cette pratique
physique, pour préserver leur santé, ainsi que pour soigner leurs crises
d'angoisse, en faisant du Tai-chi une belle vitrine de la culture
traditionnelle chinoise.
Fu Qingquan enseignant le Tai Chi en Australie
Dans quelle mesure l'art martial chinois pourrait-il jouer un rôle dans les échanges civilisationnels ?
L’art martial chinois véhicule non seulement la sagesse et les valeurs de la culture chinoise, mais propose aussi une plateforme d’échange autour de la santé, la méditation et la culture. Dans le même temps, il n’a cessé de s’enrichir en puisant de nouvelles idées et techniques dans la civilisation occidentale. Tout d’abord, l’art martial chinois fait partie intégrante de la culture chinoise et constitue un pont d’échange entre la Chine et d’autres civilisations : incarnation du charme et de l'intelligence propres à la culture chinoise, il facilite sans doute la compréhension et l’appréciation entre civilisations. De plus, riche de ses techniques et de ses pensées philosophiques, l’art martial chinois présente de nombreuses valeurs, telles que la cohérence entre apparence extérieure et beauté intérieure, l'harmonie des choses, ou encore l'équilibre entre éthique morale et santé physique. Il séduit par conséquent beaucoup d'étrangers dans les échanges interculturels. Il faut avouer que ces échanges entre Orient et Occident représentent aussi un atout pour l'art martial chinois en plein essor, car les pratiquants, orientaux ou occidentaux, pourront s'inspirer les uns les autres concernant les techniques et les théories. Ils sont capables d'améliorer leur santé et cultiver de nombreuses vertus telles que l'autodiscipline ou la persévérance. Diffusé dans le monde entier, l’art martial chinois constitue une pratique, aussi unique que précieuse, pour fortifier le corps et l’esprit.
Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.
Photo du haut : Unsplash
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