[C-drama] La « City of the City » traque les failles humaines au coeur de la finance chinoise

1716816046013 Chine-info Hu Wenyan

En mêlant lutte de pouvoir, intrigues sentimentales, récit initiatique et suspense, City of the City, l'une des rares séries chinoises sur le secteur financier sortie en avril dernier, retrace la descente aux enfers d'un banquier modèle, en proie au doute. Une fable éclairée à l'aube de la crise immobilière en Chine.

En explorant les vicissitudes de la vie des gens « ordinaires », Teng Huatao est l’un des metteurs en scène qui sait prendre le pouls de la société chinoise contemporaine. Sa marque de fabrique ? Des histoires d'amour et de haine entre Chinois et l'immobilier. En témoigne déjà Cage à lapins, une de ses œuvres phares sortie en 2009, qui décrit avec justesse le climat délétère chez des aspirants propriétaires à cause de la flambée des prix immobiliers. Cette année, il revient sur le petit écran avec City of the City, une série télévisée en 40 épisodes de 45 minutes diffusée sur iQiyi et la Télévision centrale de Chine, qui nous plonge dans le monde vertigineux de la banque et de la finance en 2018, ainsi que dans les coulisses des levées de fonds de l'immobilier chinois. 

Dès les premières images, la série donne le ton : une vue plongeante sur Shanghai, mégalopole aux gratte-ciel vertigineux, symbole de l'ambition et des excès. La caméra zoome ensuite sur les visages de jeunes gens pressés qui s'engouffrent dans le métro, parmi lesquels Tao Wuji (Bai Yufan), d'origine modeste qui a réussi à gravir les échelons d'une banque locale à Lujiazui, le quartier financier de Shanghai. Ambitieux, appliqué et dévoué, il voue une admiration à Zhao Hui (Yu Hewei), vice-directeur de la banque, qui finit par le prendre sous son aile. Mais Zhao Hui, homme de principes et de pouvoir, se retrouve confronté à de multiples défis : les frais médicaux faramineux liés à la maladie de sa fille, les passe-droits accordés à son ami promoteur immobilier et les machinations d'un ancien camarade qui cherche à le discréditer. Tenaillé entre ses convictions et la réalité du monde des affaires, Zhao Hui perd peu à peu pied.

La série alterne habilement entre récit initiatique et lutte de pouvoir, offrant un jeu de miroir fascinant entre le mentor et son disciple, deux générations de banquiers aux visions et aux méthodes différentes. Leur relation fusionnelle se déroule en parallèle d'une course-poursuite haletante, poussant le curseur de la théâtralité jusqu'à ses limites. Contrairement à beaucoup de séries dites « anti-corruption », City of the City évite le manichéisme et prend le temps de retracer le parcours personnel et le monde intérieur de ses personnages. Le jeu subtil et nuancé de Yu Hewei lui permet de camper avec brio un banquier idéaliste et pragmatique à la fois, qui se retrouve pris dans un engrenage fatal à cause des aléas de la vie. 

Sur fond de renforcement de la régulation financière en Chine, la série interroge en filigrane les frontières ténues entre l'éthique et l'innovation, sujet brûlant d'actualité à l'échelle nationale, voire internationale. La réplique « L'innovation n'est-elle pas souvent en avance sur la régulation, qui finit souvent par la valider ? » résume l'état d'esprit qui régnait dans le secteur financier chinois à l'époque.

Adaptée librement du roman éponyme de l'écrivaine shanghaienne Ling Xiaolan, et avec l'appui de divers experts du secteur financier, la série réussit finalement à brosser un panorama complet, rigoureux et divertissant d'une industrie en pleine mutation. Un véritable bijou haletant et plein de réalisme qui nous invite à réfléchir sur les dérives financières et les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les individus.

City of the City 城中之城
Genre : drame
Diffusion : avril 2024
Production : iQiyi
Nombre d'épisodes : 40
Réalisé par Teng Huatao
Avec Liu Hewei, Bai Yufan, Xia Meng, Wang Xiao...

Photos : iQiyi


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