L’Axe central de Pékin, paradigme de la capitale idéale traditionnelle, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

1726475168259 China News Ying Ni
« L’ordre unique et magnifique de Pékin est généré par l’établissement de cet Axe central ; la symétrie latérale, la projection centrale ou la disposition spatiale reposent sur cet Axe central ; la force de caractère réside dans cet Axe central qui s’étend d’un bout à l’autre du nord au sud ». Voilà comment l’architecte Liang Sicheng avait fait l’éloge de l’Axe central de Pékin.

L’« Axe central de Pékin – un chef-d’œuvre de l’Ordre idéal de la capitale chinoise » a officiellement rejoint la Liste du patrimoine mondial le 27 juillet, devenant ainsi le 8e site inscrit au patrimoine mondial à Pékin et le 59e site de Chine. À l’occasion de ce succès, Lu Zhou, chef de l’équipe chargée de la candidature de l’Axe central de Pékin et directeur du Centre du patrimoine national de l’Université Tsinghua, a accordé une interview exclusive à China News pour nous apporter son éclairage sur les origines historiques et la valeur de ce projet.

Pourriez-vous nous présenter la composition et la portée de l’Axe central de Pékin ?

L’Axe central de Pékin est un ensemble de bâtiments situé au centre de la vieille ville de Pékin et qui en détermine la forme. Il s’étend du nord au sud de la vieille ville sur 7,8 kilomètres. Ses premières constructions datent du XIIIe siècle, mais il a adopté sa forme actuelle au XVIe. Il a été continuellement amélioré au cours des sept derniers siècles pour former un ensemble architectural urbain ordonné et magnifique. L’Axe central de Pékin témoigne du processus continu de la civilisation chinoise dans la construction de l’ordre de la vie du peuple chinois et la forme de la capitale.

L’Axe central de Pékin est un ensemble architectural holistique composé de bâtiments, de groupes de bâtiments, d’espaces urbains et de sites archéologiques. Les quinze éléments patrimoniaux de l’Axe central de Pékin sont d’anciens palais impériaux (colline Jingshan, Cité interdite, porte Duanmen), d’anciens édifices sacrificiels impériaux (temple des ancêtres impériaux, autel Shejitan, temple du Ciel, autel de l’Agriculture), d’anciennes installations de gestion urbaine (tours du Tambour et de la Cloche, porte Zhengyangmen, porte Yongdingmen), des édifices cérémoniels et publics nationaux (porte et place Tian’anmen, pont Waijinshui) et des vestiges des routes centrales (pont Wanning, vestiges de routes dans la partie sud de l’Axe central). Ces cinq différents types de vestiges historiques relient les sites cérémoniels nationaux majestueux et solennels aux marchés animés, formant un rythme paysager et un ordre magnifique ondulant d’avant en arrière, selon une symétrie latérale équilibrée. Ils illustrent le développement de l’axe traditionnel de la capitale chinoise jusqu’à son stade de maturité.


En réalité, de par son échelle, son modèle de planification équilibré et son paysage urbain bien organisé, l’Axe central de Pékin est un exemple sans pareil du développement de l’axe central traditionnel des capitales chinoises jusqu’à un stade de maturité. Il est également l’ensemble le plus complet d’axes centraux de capitales traditionnelles chinoises qui existe encore aujourd’hui.

L’Axe central de Pékin a toujours guidé le développement de la ville. Il fournit un témoignage particulier de l’application à long terme du concept traditionnel chinois de « choix du milieu » dans l’édification d’une capitale et exprime les concepts philosophiques de « milieu » et d’« harmonie » défendus par la civilisation chinoise. Le plan d’urbanisme dans son ensemble illustre le paradigme de la capitale idéale traditionnelle tel qu’il est prescrit dans le Kaogongji, selon lequel « la cour est sur le devant, le marché derrière », « un temple des ancêtres à gauche, un autel de la terre et du grain à droite ».

L’architecture et le paysage expriment l’importance accordée à l’étiquette et à l’ordre dans la planification traditionnelle des capitales chinoises, tandis que l’organisation spatiale diversifiée constitue un témoignage matériel majeur de la culture chinoise de l’étiquette et des méthodes traditionnelles de gestion urbanistique. L’Axe central de Pékin revêt également une grande importance historique. Il témoigne de la transformation de la société chinoise d’un système dynastique impérial à l’ère moderne.

Comment l’Axe central de Pékin reflète-t-il son caractère cosmopolite ?

Comparé aux autres sites patrimoniaux similaires inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, l’Axe central de Pékin reflète la diversité des civilisations humaines et les brillantes réalisations urbanistiques des capitales orientales.


Le caractère unique de l’Axe central de Pékin se reflète, d’une part, dans la philosophie et l’esprit culturel traditionnels chinois. Ils déterminent la disposition et l’organisation spatiale de l’Axe central de Pékin, tout en continuant à influencer l’évolution de l’ensemble de l’organisation métropolitaine de la ville. D’autre part, la forme matérielle de l’Axe central de Pékin représente l’identité culturelle de la Chine et constitue une forme architecturale et un paysage urbain uniques. Cette singularité confère à l’Axe central de Pékin son caractère exceptionnel et sa valeur internationale sur la Liste du patrimoine mondial.

En tant que réalisation la plus représentative de la période de maturité de l’aménagement des capitales chinoises, l’Axe central de Pékin rassemble les principaux éléments des formes d’axes centraux des capitales chinoises successives. Il est également le seul exemple d’ensemble architectural complet parmi les ensembles d’axes centraux des capitales chinoises des dynasties passées.

La plupart des anciennes capitales d’Asie de l’Est ont été influencées par la culture chinoise dans leurs concepts de planification et présentent des caractéristiques similaires dans la forme des capitales. Cependant, soit l’histoire a eu raison d’elles, soit elles restent très différentes de l’Axe central de Pékin en termes d’environnement géographique et d’échelle urbaine.


La plupart des axes distinctifs qui existent dans les anciennes capitales européennes sont le fruit de la rénovation urbaine depuis le XVIIe siècle. La principale motivation de leur formation est la recherche esthétique des paysages urbains. En raison des contextes culturels différents, leurs formes de paysage diffèrent également beaucoup de l’Axe central de Pékin.

Certaines capitales d’Asie du Sud et du Sud-Est ont également été organisées autour d’un axe central qui continue d’influencer le développement urbain. Cependant, en raison des différences culturelles, la plupart de ces axes sont associés à des croyances religieuses. Cette différence culturelle se traduit en fin de compte entre la forme physique de ces ensembles architecturaux et celle de l’Axe central de Pékin.

Le caractère unique de l’Axe central de Pékin comble les lacunes de la Liste du patrimoine mondial en termes d’idéaux d’urbanisation des capitales orientales et de types de complexes architecturaux centraux, ce qui lui confère une valeur mondiale exceptionnelle.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.

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