
« Nezha 2 » : succès fulgurant pour le cinéma d’animation chinois
Qui a dit que le cinéma était mort ? Nezha 2 rafle tous les records sur le seul box-office chinois. En passe de devenir le film d’animation le plus vu au monde, Nezha 2 a rapporté 1,3 milliard d’euros en 16 jours. Les prévisions le poussent juste derrière Titanic, et en première place des films d’animation ayant le plus rapporté dans le monde (devant Vice-Versa 2).
D’après des enquêtes récentes menées par CCTV, c’est le public des troisièmes et quatrièmes villes de Chine qui s’est le plus déplacé au cinéma pour voir cette superproduction. Patriotique et ludique, Nezha rappelle que le cinéma d’animation a rencontré en Chine son public et que le marché chinois s’avère incontournable avec un succès assuré, pourvu que le narratif renoue aussi avec une certaine tradition. Et Nezha 2 l’illustre parfaitement.
Nezha, c’est le nom d’un personnage mi-jeune garçon mi-déité, inspiré d’une épopée du XVIe siècle, L’Investiture des dieux (Fengshen Yanyi). La tradition, quelque peu oubliée aujourd’hui, rapporte que la tête de Nezha aurait été ensevelie dans le sud de Pékin. Dans un très grand nombre de temples du pays, on voit souvent Nezha représenté sous la forme de sculpture que l’on vénère. Il est reconnaissable à ses vêtements rouges et à l’anneau doré qu’il brandit. Dans la première déclinaison en film d’animation, sortie en 2019, l’enfant démoniaque aux pouvoirs surnaturels avait été condamné par la manipulation des dieux à ne vivre que trois ans mais il prend le contrôle de sa destinée pour devenir un héros bienfaiteur.
Le film avait déjà séduit le public mais la suite des péripéties du jeune homme avec son bâton d’arts martiaux, sortie sur les écrans chinois au tout début des congés du Nouvel An lunaire, connaît un succès inédit. Cette fois, Nezha doit affronter les dragons de la mer de Chine orientale qui menacent toute une communauté innocente. Ces références aux légendes chinoises se révèlent le scénario le plus payant. Le récit légendaire de Nezha est plus d’une fois mentionné dans un autre récit d’importance, La pérégrination vers l’Ouest (Xi Youji). Le succès mondial du jeu vidéo Black Myth: Wukong, sorti en août 2024 s’en est inspiré. Ces sources d’inspiration sont chargées de codes très parlants pour l’audience chinoise. Elles ont aussi le mérite de souligner la richesse culturelle et historique de la Chine.
Comme le souligne Harold Thibault, correspondant du quotidien Le Monde à Pékin, cette richesse culturelle « s’alignant au passage, et pas nécessairement à dessein, sur une glorification nationale qui veut qu’une grande civilisation a légitimement de grandes ambitions ». Reste à Nezha 2 de conquérir à présent le public français…
Photos : Dr.
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