
La Chine vers une régulation plus stricte des micro-séries
À la suite de la refonte règlementaire de l’industrie des micro-séries en Chine l’an dernier, l’Administration chinoise de la radio et de la télévision a publié début février de nouvelles règles imposant un système d’examen et de licence à plusieurs niveaux pour toutes les productions.
Ces nouvelles mesures instaurent un système de contrôle à trois niveaux, où les productions à gros budget ou traitant de sujets sensibles tels que la politique, les affaires militaires, la diplomatie ou la sécurité nationale feront l’objet d’un examen national plus strict.
Le système classe les micro-dramas en fonction de leur thème et de leur investissement. Les micro-séries clés représentent un budget de 1 million de yuans (137 000 dollars) ou plus, alors que les micro-séries moyennes disposent d’un budget compris entre 300 000 et 1 million de yuans, et les autres micro-séries sont celles ayant un budget inférieur à 300 000 yuans.
Les micro-séries clés et moyennes devront être examinées par les autorités audiovisuelles provinciales avant leur diffusion. Les petites productions, quant à elles, seront sous la supervision des plateformes de streaming, responsables du contrôle du contenu, du respect du droit d’auteur et de rapports réguliers aux régulateurs.
Dans un entretien accordé au quotidien chinois Legal Daily, Zheng Ning, directeur du département de droit de l'École de gestion de l'industrie culturelle à l'Université de communication de Chine, estime que le renforcement de la régulation est une tendance inévitable. Cependant, la gestion des micro-dramas diffère de celle des productions audiovisuelles traditionnelles. Étant donné la courte durée et le grand nombre de ces contenus, appliquer les mêmes normes de censure que pour les films et séries traditionnels serait trop coûteux. Il suggère donc d'explorer davantage de mécanismes d'autorégulation au sein de l'industrie à l'avenir.
Cette règlementation renforce le contrôle gouvernemental sur ce secteur florissant, pesant plusieurs milliards de dollars. Selon le média Sixth Tone, les dramas ultra-courts, caractérisés par des épisodes rapides et adaptés aux mobiles, sont devenus un phénomène culturel et économique en Chine. D’après un rapport sectoriel, l’industrie a généré 50,4 milliards de yuans (6,9 milliards de dollars) en 2024, dépassant pour la première fois les revenus du box-office chinois. En juin, 576 millions de spectateurs regardaient des micro-dramas, représentant 52,4 % de la population internet du pays.
Porté par des récits percutants et un marketing digital agressif, ce format s’exporte également à l’international, avec des plateformes chinoises dominant les marchés du Japon, de l’Asie du Sud-Est et des États-Unis.
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