La culture de Hongshan lève le voile sur le mystère de l'origine de la civilisation chinoise

1671100620466 Chine-info Han Hong

La culture de Hongshan est la culture archéologique du néolithique la plus célèbre du nord-est de la Chine, dont l’influence en Asie du nord-est a été considérable. Elle est révélatrice de la formation et du développement de la nation et de la civilisation chinoise dans sa continuité et sa diversification. 

Reflet de la fusion et la convergence de développement culturel mondial, ce processus revêt une grande importance politique, culturelle et historique. Quel rôle la culture de Hongshan a-t-elle joué dans l'origine et le développement de la civilisation chinoise ? Quelle est sa relation avec la culture de Yangshao dans les plaines centrales et a-t-elle un lien avec l'ancienne civilisation occidentale ? Guo Dashun, président honoraire de l'Institut provincial des reliques culturelles et d'archéologie du Liaoning et « expert de la culture de Hongshan », a récemment accepté une interview exclusive avec China News.  Il y explique comment cette culture a permis de lever le voile sur le mystère de l'origine de la civilisation chinoise. 

Quel est le statut et le rôle de la culture de Hongshan dans l'origine et le développement de la civilisation chinoise ?

Jusqu’à présent, les études historiques plaçaient l’origine de la civilisation chinoise il y a de cela 4 000 ans pendant la dynastie des Xia, cependant, les dernières découvertes archéologiques de la culture de Hongshan renvoie cette source à 5 000 ans. Au fil des années, s’est développée l’idée selon laquelle les plaines centrales constituaient le lieu de développement le plus haut des cultures anciennes, et donc, le lieu originel de la civilisation. Les nouvelles découvertes archéologiques de la culture de Hongshan et ce que présente la civilisation Liao prouvent que l'origine de la civilisation chinoise n'est pas constituée d’un centre unique mais de plusieurs foyers, y compris l’axe nord-sud de la Grande Muraille à Yanshan plus grand que le bassin de la rivière Liao qui est également l'un des premiers lieux de naissance de la civilisation chinoise. Les nouvelles découvertes archéologiques de la culture de Hongshan reflètent également les caractéristiques de l'origine et de la voie empruntée par la civilisation chinoise. L’archéologue sino-américain Zhang Guangzhi établit une comparaison entre l'Orient et l'Occident quant à leur manière d’arriver au stade de société civilisée. Il souligne que l'Orient, représenté par la Chine, est une « civilisation ininterrompue » qui est parvenue à ce stade par la communication entre le Ciel, la Terre, les divinités et l'homme, c'est-à-dire par la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature afin d’obtenir le pouvoir politique. Ceci est très différent de l’Occident dont les « civilisations révolutionnaires » y sont arrivés en développant principalement la technologie et le commerce. À l’échelle mondiale, la civilisation orientale possède une « règle générale », tandis que la civilisation occidentale est au contraire une « exception ». Les « autels, les temples, les sites funéraires » et les articles de jade tels que le dragon et le phénix constituent des ensembles complets de la culture de Hongshan et sont régis par des règles de normalisation et d'institutionnalisation quant à leur disposition architecturale. Ainsi la mention dans Le Livre des rites : « Il existe cinq formes de rituels, parmi eux rien n'est plus important que le sacrifice »,  attestant du lien étroit entre la culture de Hongshan et l'origine du système des rituels, est un exemple représentatif des caractéristiques et de la voie à l'origine de la civilisation chinoise.

Quelle est la relation entre la culture de Yangshao et la culture de Hongshan ? Comment cette dernière reflète-t-elle l'échange culturel entre le nord et le sud de la Chine il y a 5 000 ans ?

L'ancienne génération de savants tels que l’anthropologue et archéologue Liang Siyong ou le paléontologue et paléoanthropologue Pei Wenzhong avaient compris depuis longtemps que la jonction du nord et du sud est une caractéristique très importante de la culture de Hongshan, un point qui est particulièrement attesté sur le site de Niuheliang.

La culture de Hongshan présente deux principales sortes de poteries : l’une, aux caractéristiques communes avec la culture néolithique du nord-est de la Chine, est constituée par un mélange de sable et de terre de couleur gris-brun avec des motifs imprimés ou de forme cylindrique avec des motifs gravés en formes de zigzag. L'autre, influencée par la culture Yangshao des plaines centrales, est une poterie rouge en argile. Dans la culture de Hongshan, ces formes coexistaient parfois même sur le même ustensile, de manière harmonieusement distincte, c’est en particulier le cas des poteries utilisées dans le cadre des sacrifices sont qui principalement de couleur rouge en argile. L’acceptation de facteurs extérieurs dans le domaine du sacré fait la démonstration de la grande tolérance par la culture de Hongshan envers les cultures étrangères.

Ainsi, la convergence du nord et du sud n'a pas seulement été le moteur de l'entrée de la culture Hongshan dans une société civilisée il y a 5 000 ans, mais a également contribué à jeter les bases de la formation de la structure multi-unités de la civilisation chinoise. Outre la culture de Hongshan, d’autres cultures telles que celles de Dawenkou dans le Shandong tout comme celle de Liangzhu dans le Jiangsu et le Zhejiang ont également rencontré celles des plaines centrales, chacune devenant une partie de l’autre. Ainsi, les cultures en provenance de toutes part se sont mêlées les unes aux autres pour entrer ensemble dans une société civilisée.

Pourquoi les érudits occidentaux prêtent-ils attention à la culture de Hongshan et au site de Niuheliang ? Existe-t-il un lien entre la culture Hongshan et l'ancienne civilisation occidentale ?

Depuis nombre d’années, les chercheurs occidentaux ont prêté attention à la culture de Hongshan. En 1989, le professeur d'archéologie chinoise à l'École des études orientales et africaines de l'Université de Londres Wang Tao est venu à Niuheliang et a mentionné que la culture de Hongshan devrait être étudiée dans une perspective de l'histoire du monde. Une photographie de la tête de la déesse du site de Niuheliang a été publiée dans l'American Geographic Magazine sous le titre « Le sourire de la déesse chinoise », de même que la culture de Hongshan a une place de grande importance au sein de l’étude réalisée par les chercheurs de l’Université de Cambridge intitulée « Cent vestiges archéologiques mondiaux » : en effet, parmi les six objets remarquables en Extrême-Orient deux d’entre eux proviennent de la culture de Hongshan à savoir un objet en jade et une statue.

En termes de temps, la culture de Hongshan date clairement d'il y a cinq ou six mille ans, contemporaine des anciennes civilisations de la Mésopotamie, de la vallée de l'Indus et de l'Égypte et des échanges pourraient avoir eu lieu entre l'Orient et l'Occident. En effet, parmi les poteries peintes de la culture de Hongshan il existe une variété de motifs géométriques tels que des triangles isocèles et à angle droit, des losanges et des lignes en zigzag répartis sur un format en damier qui ne sont pas observés dans la culture Yangshao mais sont courants en Asie occidentale. De même que le développement de la statuaire humaine occidentale était comparable à celle de la culture de Hongshan.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.

Photo : Unsplash

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