Pourquoi dit-on que « le pays natal se trouve des deux côtés de la Grande muraille » ?

1675938306571 China News Zhao Chen
La Grande muraille est le système architectural le plus ancien et le plus imposant jamais érigé par l’Homme et le patrimoine culturel mondial le plus grand et le plus étendu de Chine. Avec une histoire de plus de 2 000 ans et une surface de 100 000 lis, longueur et largeur cumulées, elle a forgé une profonde connotation culturelle et des valeurs spirituelles qui transcendent le temps et l’espace. Racine éternelle de l’esprit de la nation chinoise, la Grande muraille a joué un rôle crucial et irremplaçable dans la formation et le développement de l’unité de la nation chinoise dans la diversité et dans l’essor de la civilisation mondiale.

Pourquoi dit-on que « le pays natal se trouve des deux côtés de la Grande muraille » ? En quoi la Grande muraille est-elle le produit de la création commune de tous les groupes ethniques chinois ? Pourquoi est-elle devenue le symbole de l’identité plurielle du peuple chinois et de la grande unification de la Chine ? La nouvelle ère que nous vivons se concentre à nouveau sur la Grande muraille et lui confère de nouvelles connotations culturelles, à la portée tout aussi importante que singulière.

Le concept de « Grande muraille de 10 000 lis »

La Grande muraille a été désignée par différents noms au fil des différentes dynasties qui ont pavé l’histoire de Chine. Pendant la dynastie des Zhou occidentaux, on l’appelait les « remparts alignés » (liecheng). L’État de Chu de la période des Printemps et automnes et des Royaumes combattants parlait de « remparts carrés » (fangcheng) et l’État de Qi de « longs remparts » (changcheng). Pendant les Royaumes combattants, on la dénommait le « fossé » (qian). Pendant les dynasties Han et Tang, on l’appelait la « forteresse » (sai). Sous la dynastie Jin, on l’appelait la « frontière-douve » (jiehao). Pendant la dynastie Yuan, on parlait du « mur frontalier de Gengis Khan » (chengjisihan bianqiang). Pendant la dynastie Ming, on l’appelait le « mur frontalier » (bianqiang).

Dans l’histoire chinoise, la grande muraille a été construite en trois étapes, sous les Qin, les Han et les Ming, avec un intervalle de 88 ans entre les Qin et les Han et de 1 575 ans entre les Han et les Ming.

Bien que le terme de « Grande muraille » apparaisse dès la période des Printemps et automnes et des Royaumes combattants dans l’État de Qi et qu’il ait figuré dans les livres d’histoire de la dynastie Tang, le concept de Grande muraille ne s’est pas répandu avant l’époque moderne.

En décembre 2019, le Bureau général du Comité central du Parti communiste chinois et le Bureau général du Conseil d’État ont publié le « Plan de construction de la Grande muraille, du Grand Canal et du Parc culturel national de la Longue marche », afin d’harmoniser une fois de plus le concept de Grande muraille et de préciser qu’elle « intègre les grandes murailles des Royaumes combattants, des dynasties Qin et Han, les systèmes de défense des Wei du Nord, des Qi du Nord, des Sui, des Tang, des Cinq dynasties, des Song, des Xia occidentaux et des Liao qui manifestent des caractéristiques de grande muraille, ainsi que la frontière-douve des Jin et la grande muraille Ming. »

« Un mur entre frères »

La Grande muraille a été construite au fil des âges. Elle incarne la ténacité du peuple chinois pour défendre son territoire et son désir de paix. Bien qu’il y ait eu de grandes périodes de combats acharnés et de guerres, le brassage et les échanges mutuels entre la culture agricole de la Plaine centrale, la culture nomade des prairies et la culture de la pêche et de la chasse des montagnes au sud et au nord de la Grande muraille ont toujours été le courant dominant.

Dans une certaine mesure, la Grande muraille a été une sorte d’ordre de gouvernance étatique, permettant à tous les groupes ethniques de commercer librement à ses portes, plutôt que de se piller les uns les autres par des guerres. Il n’y a qu’à voir le « marché aux chevaux de l’est et du marché de thé de l’ouest » durant la dynastie Ming et le « marché d’échange de thé et de chevaux » de la dynastie Qing. L’édification de la Grande muraille a joué un rôle essentiel dans la prospérité et le développement de la nation chinoise. Elle a favorisé et a été le témoin de la formation et du développement de l’identité plurielle du peuple chinois.

Témoin historique des nombreuses migrations à grande échelle

Le pays natal se trouve des deux côtés de la Grande muraille. En termes de couverture spatiale, il n’est pas approprié de parler d’intérieur ou d’extérieur de la Grande muraille. Il faudrait plutôt faire référence au nord et au sud de la Muraille, ou à l’est et à l’ouest.

Depuis plus de 2 000 ans, les grandes migrations et intégrations des peuples n’ont jamais été interrompues et la Grande muraille en est le témoin.

Au cours de la dynastie Han, l’empereur Han Wudi a étendu le territoire. Pour mieux renforcer la gouvernance à la frontière, les migrations ont été encouragées, incitant jusqu’à 700 000 personnes à quitter la Plaine centrale pour les zones frontalières.

La dynastie Ming a également connu de nombreuses migrations à partir du sud du Yangzi pour garder la Grande muraille. Après la dynastie Ming, le phénomène de migrations à grande échelle liées à la Grande muraille s’est concentré sur des déplacements vers l’entrée ouest et vers le nord-est, donnant naissance au terme « guanlijia » (familles en-deçà de la frontière) dans le dialecte du Dongbei. Sous la dynastie Qing, l’empereur Kangxi a autorisé les soldats et familles militaires de l’ancienne dynastie à s’installer au nord de la Grande muraille. Nous pouvons dire que la culture de la Grande muraille a mis en exergue des liens du sang de grande intégration ethnique, qui ont contribué à la formation d’une nation multiethnique unifiée.

Pendant des milliers d’années, le long de la Grande muraille, il y a eu des Hans qui ont rejoint les groupes ethniques étrangers du nord et des étrangers des groupes ethniques du nord qui sont devenus des Hans, au sud. Les croyances et les cultures du nord et du sud de la Grande muraille se sont entremêlées, si bien que l’harmonie et la coexistence entre les différents groupes ethniques ont toujours été la tendance dominante.

Symbole de l’unité du peuple chinois dans la diversité et de la grande unification de la Chine

L’étude de l’histoire de la construction de la Grande muraille montre qu’elle est le produit de la création conjointe de tous les groupes ethniques de Chine. Leurs ancêtres ont érigé individuellement des portions de la Grande muraille et l’ont protégée ensemble, contribuant ainsi à la formation, à la consolidation et au développement d’une nation multiethnique unifiée.

La Grande muraille a été construite par les ancêtres de divers groupes ethniques au fil des siècles, notamment lorsque les dynasties Liao, Jin, Yuan et Qing ont régné sur la Plaine centrale.

Les Wei du Nord (386-534), dynastie fondée par l’ethnie Xianbei, ont construit une grande section de la Grande muraille, sur plus de 2 000 lis.

Les Qi du Nord (550-577), dynastie fondée également par les Xianbei, se sont attelés à la construction de la Grande muraille à six reprises, sur plus de 5 000 lis. Il en reste aujourd’hui des vestiges à la passe de Shanhai, à la passe de Huangya et à Lüliang (Shanxi).

La dynastie Sui (581-618), fondée par des Hans aux origines Xianbei, a érigé des sections de la Grande muraille à cinq reprises, « s’étendant sur 700 lis, du Fleuve jaune à l’est, Suizhou à l’ouest et Bochuling au sud ».

Sous les Song du Nord (960-1127), alors que l’histoire de la Chine traversait l’ère séparatiste des Song, des Liao, des Xia occidentaux et des Jin, la dynastie Song a cessé de construire la Grande muraille de pierre et de terre et préféré une « Grande muraille d’eau » dont la profondeur ne permettait ni la navigation ni le passage à gué, reliant le réseau d’eau de Baoding, au nord, à l’embouchure de la rivière Haihe, ponctuée d’un certain nombre de forts.

La dynastie des Jin (1115-1234), fondée par les Jürchens pour régner sur le nord et le nord-est de la Chine, a construit la Grande muraille Jin, aussi appelée frontière-douve Jin, sur plus 5 500 km de long. À l’époque, la Grande muraille construite par les régimes ancestraux des différents groupes ethniques atteignait des dizaines de milliers de kilomètres.

La dynastie des Qing (1636-1912) a continué à utiliser la Grande muraille des dynasties passées. Kangxi a interdit la réparation d’aucun mur frontalier, mais la Grande muraille de la dynastie Qing était de très grande envergure et d’une portée géographique sans précédent. Son périmètre de construction englobait toutes les installations disponibles le long de la route de la soie dans le Xinjiang, dans toutes les provinces au nord de la rivière Huai et était particulièrement dense au nord du fleuve Jaune.

La Grande muraille est donc le produit de la création conjointe de tous les groupes ethniques de Chine. Elle incarne leurs efforts et leur sagesse à travers les âges. Elle a vu le jour grâce à différents régimes ethniques, notamment les Wei du Nord, les Qi du Nord, les Xia occidentaux, les Liao et les Jin. C’est dans le cadre d’une construction incessante sur une longue période de l’histoire que la Grande muraille est progressivement devenue un symbole de l’unité de la nation chinoise dans la diversité et de la grande unification de la Chine.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.

Photos : Unsplash

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