Pourquoi promouvoir l'esprit d'entreprise de Lu Zuofu ?

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Cette année marque le 130e anniversaire de la naissance de Lu Zuofu, un entrepreneur chinois patriote qui a consacré toute sa vie à explorer les moyens de sauver son pays et de le rendre riche et puissant.

Dans l’interview qu’il a accordée à China NewsRen Bei, professeur associé à l'Institut socialiste de Chongqing et chercheur au Centre de recherche Lu Zuofu, a tenté de répondre aux questions suivantes : Qu’inspire aux entrepreneurs de la nouvelle génération l’esprit d’entreprise de Lu Zuofu ? De quel type d’entrepreneur la Chine a-t-elle besoin pour promouvoir la modernisation à la chinoise ?

Dans quel contexte a été forgé l’esprit d’entreprise de Lu Zuofu ?

Lu Zuofu est né en 1893 à Chongqing, dans une famille de paysans ordinaires, à une époque où la Chine connaissait un bouleversement sans précédent. Sous l’influence de Zhang Senkai, un érudit de la dynastie Qing (1644 -1911), le jeune Lu Zuofu a non seulement acquis de solides connaissances en chinois classique, mais a aussi vu germer en lui la volonté de sauver son pays. Et il a fini par choisir de réaliser ses ambitions par la voie entrepreneuriale, comme l’illustre l’anecdote suivante.

Un jour, alors que pour se rendre de Chongqing à Shanghai il avait pris le Zhutong – le seul navire géré par le gouvernement chinois –, il s’aperçut qu’il existait plusieurs catégories de sièges, et que la catégorie la plus basse et la moins bien considérée était réservée aux Chinois. De plus, les navires qui naviguaient sur le fleuve Yangtse battaient quasiment tous pavillon étranger. Lu Zuofu s’est alors dit : « Il appartient à ma génération de préserver la souveraineté nationale en matière de navigation et de développer le transport maritime national. » En 1925, déterminé à « rivaliser avec les puissances maritimes étrangères afin de voir partout les navires sous pavillon Mingsheng, de l’océan Pacifique à l’est, à l’océan Atlantique à l’ouest », il créa la société Mingsheng Shiye en partant de zéro. En 1931, Lu Zuofu et sa société Misheng Shiye parvinrent à chasser les navires des puissances impérialistes du fleuve Chuanjiang, le cours supérieur du fleuve Yangtsé. En 1935, la société Minsheng Shiye s’imposa comme la plus grande société chinoise en matière de transport maritime.

Surtout, lorsqu’éclata l’incident du pont Lugou qui marqua le début de la guerre de résistance contre l’invasion japonaise (1937 - 1945), Lu Zuofu entreprit de diriger en personne la grande retraite de Yichang. En seulement 40 jours, 30 000 personnes ainsi que plus de 60 000 tonnes de matériels furent évacués vers l’arrière-pays, ce qui permit de préserver la principale force économique de la Chine de l’époque. Les statistiques montrent que durant toute la période de cette guerre, grâce aux efforts déployés par Lu Zuofu et sa société, plus de 1,5 million de personnes ont pu trouver refuge au Sichuan (situé au fin fond de la Chine), plus de 2,7 millions de soldats ont quitté le Sichuan pour combattre les Japonais, plus d'un million de tonnes de matériel ont été transportés et des centaines d'usines militaires et civiles ont été déplacées le long de la côte et des plaines centrales. Sans oublier que de nombreux collèges, universités, instituts de recherche culturelle et scientifique et groupes académiques ont été déplacés vers l'ouest, dans l’arrière-pays. Tout cela a apporté une contribution significative à la guerre de résistance contre l’invasion japonaise menée sur le front, au développement économique à l’arrière-pays, à la transmission de la culture chinoise et à la satisfaction des besoins quotidiens de la population.

En mars 1947, Lu Zuofu s’allia aux personnalités du milieu du transport maritime pour s’opposer à la signature du Traité sino-américain de commerce et de navigation entre le gouvernement nationaliste et le gouvernement américain, forçant ainsi les Américains à renoncer à leur tentative d’occupation des voies navigables chinoises.

En 1950, enfin, Lu Zuofu dirigea lui-même le retour de dix-huit navires chinois de Hong-Kong et de l’étranger, et tout se passa sans le moindre incident. Il incita également le personnel de sa société à participer activement à la construction de la nouvelle Chine (1949 -   ). La même année, Lu Zuofu assista à la deuxième session du premier comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) où il soumit au gouvernement central une proposition de partenariat public-privé de sa société Minsheng, qui devint alors la première entreprise de partenariat public-privé d’envergure de la nouvelle Chine.

Qu’est-ce qui est au cœur de l’esprit d’entreprise de Lu Zuofu ?

C’est l’amour de la patrie, qui se caractérise essentiellement par la volonté de sauver le pays et de servir le peuple, par une responsabilité sociale au service du peuple du monde entier, par un esprit d’innovation avant-gardiste, par l’honnêteté mais aussi par une vision internationale fondée sur l’esprit inclusif.

Cent ans après, l’esprit d’entreprise de Lu Zuofu est-il encore d’actualité ?

Quelle que soit l’évolution des temps, cet esprit d’entreprise mérite toujours d’être étudié et transmis à la postérité. Certes, l’époque où vivent les entrepreneurs de la nouvelle génération est différente de celle de Lu Zuofu, mais l’esprit patriotique au service de la nation et du peuple reste le même. Certes, les objectifs recherchés par les entrepreneurs d’aujourd’hui sont différents de ceux de Lu Zuofu, mais cette audace d’être le premier à se lancer et d’assumer sa responsabilité qui caractérise les entrepreneurs reste la même. En clair, ce qui n’a pas changé, c’est leur volonté commune de se battre pour le grand renouveau de la nation chinoise.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.

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