
Cheung Chau : une petite île de Hong Kong qui sauva 800 vies pendant la guerre
Une mission secrète en pleine occupation japonaise
Le 25 décembre 1941, Hong Kong tombe aux mains de l’armée japonaise. L’occupant impose couvre-feux stricts, barrages routiers et menaces d’exécution aux intellectuels qui refusent de se présenter au quartier général. Des centaines d’écrivains, chercheurs et militants risquent leur vie.
C’est alors qu’est lancée ce que l’auteur Mao Dun appellera plus tard « la plus grande opération de sauvetage depuis le début de la guerre ».
Chen Kailun, aujourd’hui âgée de 74 ans, raconte en prenant le ferry pour l’île :
« Mon père, Chen Liangming, a participé à ce sauvetage à Cheung Chau. »
Chen Kailun sur le ferry qui l’amène à Cheung Chau © CNS
Grâce à lui et aux habitants de l’île, des dizaines d’intellectuels parviennent à fuir. Cheung Chau, éloignée de la ville et remplie de bateaux de pêche, sert de plaque tournante pour un passage maritime secret : de l’île de Hong Kong à Macao, puis jusqu’à Taishan (Guangdong).
Près de 800 figures culturelles et militantes seront ainsi exfiltrées. Beaucoup deviendront des contributeurs majeurs à la construction de la Chine moderne.
Sur les traces d’une histoire oubliée
En 2024, Chen Kailun et son équipe retournent sur l’île pour retrouver ces souvenirs. Ils interrogent les anciens habitants et fouillent musées et archives à Hong Kong comme à l’étranger.
Leur enquête permet d’identifier plusieurs sites historiques, dont une ancienne fabrique d’encens où l’écrivain Li Shaoshi et sa femme Liao Mengxing trouvèrent refuge.
« Cheung Chau a beaucoup donné à la révolution et à la guerre », souligne Chen, espérant qu’un jour un mémorial rappellera aux visiteurs le rôle de l’île dans cette page d’histoire.
Aujourd’hui : mémoire et douceur de vivre
Cheung Chau n’est plus seulement un lieu de mémoire. C’est aussi une destination prisée pour échapper à l’agitation urbaine. Ses ruelles bordées de vélos, ses maisons aux cours ensoleillées et son atmosphère « apaisante » séduisent les visiteurs en quête de lenteur et d’authenticité.
Les traditions y perdurent, comme le Bun Festival et ses fameux « pains de la paix » que l’on peut apprendre à fabriquer chez Kwok Kam Kee, une boulangerie familiale active depuis plus de 40 ans.
Le Bun Festival de
Cheung Chau © CNS
Sur cette île, passé héroïque et présent serein se rejoignent, rappelant qu’un lieu peut à la fois abriter des souvenirs de courage et offrir une parenthèse de paix.
Article traduit de l’anglais et initialement publié sur China Minutes.
Photo du haut : l'hôpital de Cheung Chau, autrefois utilisé par les forces anti-japonaises comme dépôt d'armes temporaire © CNS
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