
Chine - Afrique : le sport au cœur des échanges diplomatiques
La Chine et l’Afrique sont des acteurs majeurs de la sphère sportive internationale, leurs industries présentent toutes deux des spécificités. Le rapprochement de la Chine et du continent africain ces dernières années a propulsé le développement du sport sino-africain, ce qui se reflète à travers leurs échanges sportifs plus profonds et de plus grande ampleur.
Gert Oosthuizen, éminent homme politique sud-africain et ancien vice-ministre des Sports du gouvernement sud-africain, a accordé ces dernières années une attention particulière aux échanges sportifs sino-africains et n’a pas ménagé ses efforts pour promouvoir le sport africain en Chine. M. Oosthuizen a récemment accordé une interview exclusive à China News, où il s’est livré sur les spécificités du développement sportif sino-africain et les enjeux de ces échanges sportifs.
En tant qu'expert dans le domaine des échanges sportifs sino-africains, pourriez-vous nous présenter le développement et les caractéristiques du sport sino-africain ?
Les échanges sportifs entre l'Afrique et la Chine ont débuté dans les années 1950. En 1957, moins d'un an après l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l'Égypte, la Chine y a envoyé une équipe de tennis de table. Elle sera la première équipe sportive chinoise à fouler le sol africain. Ensuite, des équipes chinoises et africaines de football, de basket-ball et de volley-ball de tous niveaux ont également eu l’opportunité de s’affronter lors de compétitions.
À l'aube du XXIe siècle, le contenu et la forme des échanges entre les deux parties se sont diversifiés. À titre d’exemples, pour développer la coopération technique au niveau sportif, la Chine envoie des entraîneurs sur le continent africain pour les sports dans lesquels elle domine la compétition internationale, comme le badminton et le tennis de table. Elle construit, entretient et modernise les sites sportifs des pays africains. Elle fournit une formation technique et donne des conseils pertinents aux pays africains pour l’organisation des événements sportifs à grande échelle. Et enfin, l'Afrique envoie régulièrement des étudiants internationaux de formation sportive en Chine dans une optique d’apprentissage et d’échange.
Dans le contexte d'une diplomatie publique de plus en plus importante, le sport en tant que pont entre la Chine et l’Afrique a toujours joué un rôle primordial. Ces échanges sportifs ont approfondi la compréhension et la confiance mutuelles et favorisé le développement continu des relations amicales entre les deux parties. C'est avec l'aide de la Chine que le tennis de table, le volley-ball et d'autres sports où les performances africaines étaient relativement médiocres dans le passé, se sont considérablement améliorées. Certains athlètes de ces sports ont même réussi à participer aux Jeux olympiques.
Stade d’Angondje au Gabon, construit par China State Construction Engineering Corporation Ltd © site Internet du groupe
En tant qu'aspect le plus important des échanges sportifs sino-africains, l’aide à la construction et au financement d’enceintes sportives a toujours attiré l'attention du monde entier. Pourriez-vous revenir sur l’évolution de cette initiative chinoise ?
L’initiative chinoise de l’aide à la construction de stades en Afrique peut approximativement être divisée en trois phases. De 1955 à 1980, les pays africains qui ont bénéficié de cette aide étaient, entre autres, la Tanzanie, la Somalie et la Sierra Léone. Mais pour des raisons financières, ces projets n’étaient pas en grand nombre et avaient donc une influence relativement faible. Puis de 1980 à 2005, grâce au renforcement de la puissance chinoise globale, les projets d’aide à la construction de sites sportifs en Afrique ont augmenté et ont donc eu une influence plus importante. Durant cette période, la Chine a contribué à la construction de sites sportifs dans 25 pays et régions d’Afrique. Enfin, de 2006 à aujourd’hui, on constate l’ampleur croissante de ces projets de construction et la diversité des nouvelles formes que prend l’initiative chinoise.
À l'heure actuelle, on compte environ 80 stades de grande envergure construits par la Chine sur le continent africain, avec un total d'environ 3 millions de sièges. Parmi eux, le stade national du Gabon et le stade Bata en Guinée équatoriale ont accueilli la Coupe d'Afrique des Nations.
Dans l'ensemble, les projets d'infrastructure entrepris par la Chine en Afrique, axés sur la construction de complexes sportifs, ont un impact significatif sur le développement social et économique des pays africains, l'amélioration du niveau de vie des populations et l'augmentation des opportunités d'emploi. Ainsi, cette initiative renforce et développe, par le même temps, les relations amicales entre la Chine et le continent africain.
Outre les projets d'aide à la construction de stades, quels sont les temps forts des échanges sportifs sino-africains non gouvernementaux ?
Ces dernières années, dans le cadre de l'initiative des Nouvelles routes de la soie, des BRICS et de l'Organisation de coopération de Shanghai, les échanges sportifs sino-africains sont devenus plus fréquents et amicaux et ont progressivement dépassés les échanges officiels pour devenir des échanges non gouvernementaux.
Une entreprise chinoise a commencé à investir dans l'industrie du sport en Afrique depuis 2014. Elle a acheté les droits d'auteur d'événements sportifs de renommée mondiale, a fondé ses propres chaînes sportives de haute définition et a diffusé des compétitions de football, de basket-ball, de tennis et de course automobile au public d'Afrique subsaharienne. Compte tenu de la popularité du football en Afrique, cette entreprise chinoise a aussi tenu à produire et diffuser une émission télévisée dédiée à la Ligue des Champions de la CAF qui a largement conquis l’audience locale.
Cette année, cette entreprise chinoise a également diffusé avec succès les Jeux olympiques d'hiver de Pékin sur tout le continent africain. En outre, pendant cet événement sportif l’entreprise a produit une émission spéciale avec plus de 30 épisodes qui ont principalement présenté les stades chinois et les diverses compétitions, afin que les Africains puissent en apprendre davantage sur les Jeux olympiques d'hiver de Pékin et sur les sports des Jeux olympiques d'hiver en général. On peut dire que de plus en plus d'entreprises chinoises servent désormais de pont entre le continent africain et la Chine en termes d'échanges sportifs. Elles fournissent une grande variété de ressources audiovisuelles sur les compétitions sportives aux Africains, enrichissent leur vie quotidienne et promeuvent les sports où la Chine a des compétences dominantes, tels que le badminton et le tennis de table, dans un plus grand nombre de pays africains.
Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.
Photo du haut : Samuel Uduigowme IKPEFAN, l’unique athlète nigérian lors des JO d’hiver de Pékin © site Internet des JO d’hiver de Pékin 2022
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