Nouvelles Routes de la soie : la France a un rôle à jouer

1699969714012 Le 9 Sacha Halter
La France n’a pas encore rejoint le projet stratégique chinois des Nouvelles Routes de la soie. Certains considèrent pourtant que nous devrions sauter le pas, justement au nom du principe de réalité qui avait déjà poussé le général de Gaulle à reconnaître la République populaire de Chine en 1964, et ce d’autant plus que les échanges entre nos deux pays sont déjà très importants.

En 2013, la Chine mettait sur pied l’initiative « Une Ceinture, une Route », un immense projet de financement d’infrastructures et d’axes de communication dans le monde entier. Cette initiative, parfois appelée en France « Nouvelles Routes de la soie », avant tout commerciale, n’a pas encore convaincu tout le monde : la France n’a encore signé aucun accord de coopération avec la Chine dans le cadre de ce projet. Personne ne peut pour autant nier l’ampleur des échanges économiques entre la France et la Chine, que la Covid-19 et la guerre en Ukraine n’ont mme jamais interrompus. En 2018 déjà, un rapport du Sénat avait jugé que les Nouvelles Routes de la soie étaient une bonne opportunité pour la France.

« La France a un rle à jouer »

En juin 2018, le Sénat avait remis un rapport à la presse, dans lequel il était écrit que malgré de nombreux obstacles géographiques, économiques et géopolitiques, « les Nouvelles Routes de la soie se développent de toute faon et il est préférable d'y participer ». Les sénateurs considèrent qu’elles pourraient permettre à la France de jouer un rle moteur dans le développement de la relation entre la Chine et l’Union européenne. Ils affirmaient ainsi : « L'Europe est en train de rater le projet. On a intért à rattraper très rapidement notre retard. Même si l'on ne le fait pas, le projet se fera et il vaut mieux tre dedans ». Difficile de ne pas faire le parallèle avec la vision du général de Gaulle en 1964, qui partait du même principe de réalité : « La Chine est là, on ne

peut pas vivre comme si elle n’existait pas » avait-il déclaré. D’autres parlementaires sont toujours favorables à l’initiative chinoise, à l’image du sénateur Jérémy Bacchi, interviewé par le Quotidien du peuple en octobre dernier à l’occasion du troisième forum dédié aux Nouvelles Routes de la soie, à Pékin. Selon lui, le nombre d’investisseurs chinois en France dans les domaines de l’industrie, du commerce et du textile sont de plus en plus nombreux. Il a également ajouté qu’il n’y avait aucune raison de ne pas participer au projet chinois, tant que les échanges circulaient bien dans les deux sens.

Certains militent aussi désormais en faveur d’une adhésion de la France à l’initiative. Pour Sébastien Périmony, expert en questions internationales à l’Institut Schiller, qui s’exprimait auprès du média chinois cri.cn en août dernier, il faut admettre que « le monde devient de plus en plus multipolaire » et que la Chine « est en train de fournir au monde un modèle de développement dont il s’agit de s’inspirer ».

Les chiffres sont parlants

En 2015, la Chine avait publié un plan d’action « pour construire ensemble la ceinture économique et la route maritime du XXIe siècle » avec la France. En 2016, la France avait même été invitée d’honneur à l’exposition internationale culturelle des Nouvelles Routes de la soie, à Dunhuang en Chine. Aujourd’hui, des trains de marchandises font déjà des voyages réguliers entre Wuhan et la gare de Vénissieux, dans la métropole lyonnaise, en seulement 17 jours. Le terrain diplomatique est donc déjà préparé.

Certes, le déficit commercial français vis-à-vis de la Chine se creuse : il est passé de 32,3 milliards d’euros en 2019 à 39,6 milliards en 2021 (Direction générale du Trésor). Les exportations de la Chine vers la France étaient aussi en baisse de 1,3 % en 2022. Mais cela correspond en grande partie aux restrictions sanitaires en Chine, qui ne sont plus d’actualité depuis janvier 2023. S’agissant enfin du déficit commercial, il ne prend pas en compte les services. Or, dans ce domaine, la France était encore excédentaire auprès de la Chine en 2021, malgré la chute du nombre de touristes chinois sur le territoire français à l’époque, et tout en sachant que ceux-ci ont fait leur grand retour depuis un an. Il faudra donc attendre les chiffres de la fin de cette année sans tirer des conclusions hâtives. Le débat sur l’adhésion de la France aux Nouvelles Routes de la soie pourra sans doute être relancé.

Photo du haut : Ouverture de la première ligne de train de marchandise depuis Chengdu en Chine, vers la France (2023). © ZHANG Lang/CNS

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