« Le Messager », un roman chinois très en vogue au Moyen-Orient

1700131044567 China News
Une œuvre littéraire chinoise d’excellente qualité offre aux étrangers un angle original pour comprendre la Chine. Et les œuvres qui présentent à la fois des caractéristiques chinoises et une dimension planétaire sont plus susceptibles d’être choisies par les traducteurs. Le Messager, un roman du célèbre écrivain chinois Liu Liangcheng, en fait partie. Traduit en arabe par Yahya Mukhtar, sinologue égyptien de renom, ce roman a été présenté pour la première fois en 2023 à l’occasion de la 31Foire internationale du livre d’Abu Dhabi, avant d’être publié dans 22 pays du monde arabe.

Lors de la cérémonie de lancement de son roman, Liu Liangcheng a déclaré qu’il a créé un monde sonore où cohabitent les êtres humains et toutes sortes de choses. Les voix humaines, bruyantes, se mêlent à diverses langues. C’est pour cela qu’il faut un messager pour en faire la traduction afin d’assurer la communication des êtres humains entre eux, mais aussi entre les êtres humains et les choses. Liu Liangcheng espère que ses mots, comme le vent, souffleront sur chaque cœur ouvert.

Pourquoi Le Messager a-t-il remporté un tel succès auprès des lecteurs du Moyen-Orient ? Quelles pensées communes à l’humanité contient-il ? Et comment la littérature contemporaine peut-elle jouer un rôle dans les échanges littéraires afin de promouvoir l’apprentissage mutuel entre les civilisations régionales ? Voici ce qu’a répondu Ahmed Saeed, sinologue égyptien et président du groupe de l'industrie culturelle Hikmet, dans son interview exclusive pour China News.

Pouvez-vous revenir sur le succès du Messager dans le monde arabe ? Quelles sont, selon vous, ses points communs (avec les œuvres arabes) et ses spécificités ?

Le Messager, qui reflète la pensée de l’auteur, sa sagesse et ses sentiments, se signale par son très haut niveau littéraire. Selon le professeur Munir Atibai, célèbre critique littéraire arabe, il s’agit d’une œuvre qui prône la coexistence égalitaire entre les êtres humains et toutes sortes de choses. En outre, c’est une œuvre littéraire d’une rare qualité mais facile à lire. Il est ravi d’avoir découvert dans le monde arabe un roman chinois aussi merveilleusement conçu. Et il déclare : « La première fois que j’ai reçu le manuscrit numérique de ce livre, je ne m’attendais pas à ce que son auteur soit Chinois. J’ai l’impression qu’il connaît très bien la vie des Arabes et leur monde spirituel. » Munir Atibai est convaincu que Le Messager apportera au peuple arabe une nouvelle expérience de lecture.

L'écrivain chinois Jia Pingwa a dit un jour : « Chaque écrivain espère que son œuvre ira plus loin et sera lue dans différentes langues. » En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais cessé de faire connaître les œuvres littéraires chinoises à travers la traduction et l’édition. Depuis sa création, notre entreprise culturelle a traduit et publié des œuvres de Mo Yan, Liu Zhenyun, Xu Zechen, Wang Xiaobo, Qian Zhongshu, Jia Pingwa, Ye Mei, Ji Di Majia, Mai Jia, Chi Zijian, Wang Anyi, Li Peifu, Su Tong, A Cheng, Asher et Tang Ying. Notre but : raconter des histoires chargées d’émotions communes grâce à cette façon si unique de relater qu’est la littérature, afin de réduire la distance entre les personnes différentes que tout sépare : la culture, la langue, la croyance et la couleur de peau.

Je pense que dans Le Messager, les points communs culturels l’emportent sur les points spécifiques, car la nature humaine est la même partout dans le monde. Certes, les points que tentent de mettre en valeur les différentes cultures ne sont pas les mêmes, et la façon de les exprimer n’est pas la même non plus. Mais toutes les œuvres littéraires s’intéressent à la nature humaine, aux émotions, à la vie, et s’efforcent de traduire les pensées à travers les mots, afin de susciter la connivence de culture et de refléter la vie humaine dans différents contextes culturels.

À quel type de lectorat s’adresse Le Messager au Moyen-Orient ? Comment profiter de cette opportunité pour inciter les lecteurs issus d’horizons culturels différents à mieux connaître la culture planétaire ?

Fondée en 1991, la Foire internationale du livre d'Abu Dhabi est l'une des foires du livre les plus importantes et les plus influentes d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord. Après plus de 30 ans de développement, elle s’est imposée comme une plate-forme incontournable pour les échanges humains et culturels, mais aussi comme un canal important permettant aux peuples de tous les pays de se connaître, de se comprendre. Dans le monde arabe, le lectorat du Messager est composé d’écrivains, de critiques, d’amateurs de littérature et de personnes qui étudient la langue chinoise.

À l’heure actuelle, les Arabes s'intéressent beaucoup au chinois et les manuels de chinois sont très recherchés. Dans les pays arabes, chaque université possède un département de chinois ou une école de chinois. Et rien qu’aux Émirats arabes unis, il n’existe pas moins de 200 écoles de chinois. À noter aussi que les œuvres littéraires chinoises sont très en vogue chez nous. Je suis persuadé que chaque culture a ses points forts qui lui sont spécifiques. Et, en raison des différences en matière de culture, de religion, de langue et d’us et coutumes, les différentes cultures peuvent révéler différentes caractéristiques et différents styles. Cependant, si une excellente œuvre littéraire ne circule que dans sa propre langue et sa propre culture, et si elle n’est pas connue au niveau mondial, elle ne peut être qualifiée que d’œuvre littéraire d’une certaine nation. Nous espérons qu'en traduisant et en introduisant des œuvres littéraires chinoises telles que Le Messager dans le monde arabe, davantage de lecteurs dans les pays et régions arabes pourront la lire, ce qui permettra à des œuvres comme celle-ci d’intégrer le courant littéraire et artistique mondial caractérisé par le multiculturel, pour devenir des œuvres littéraires largement diffusées et connues dans le monde entier.

Ahmed Saeed (nom chinois : Bai Xin) est Égyptien. Il est sinologue, éditeur, écrivain et président d’Hikmet, un groupe égyptien de l'industrie culturelle. Il est aussi consultant auprès du Forum économique et commercial sino-arabe et lauréat de la 9e édition du Prix spécial du livre chinois pour sa contribution exceptionnelle. Diplômé de l’institut des sciences de l’éducation de l’université de Ningxia, Ahmed Saeed a obtenu un doctorat en ethnologie. Parmi ses publications les plus représentatives figurent : La voie chinoise – miracles et secrets de la réussite, Laisser le peuple s’enrichir, Le lien indissoluble d’un chercheur égyptien avec la Chine, Plus brillante est la Lune du pays natal, La Chine entre dans une nouvelle ère, La Chine dans l’imaginaire arabe. Ahmed Saeed est considéré comme le Marco Polo du monde arabe.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.

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