Javier Milei et la Chine, une relation explosive à venir ?

1712659857484 Chine-info Adrien Mugnier

Le 22 octobre dernier, le candidat ultralibéral Javier Milei a remporté l’élection présidentielle en Argentine. Que sait-on de ses déclarations concernant le futur des relations entre son pays et la Chine ?

Les déclarations de Javier Milei sur la Chine ont le mérite d’être claires. Lors d’un événement à Buenos Aires, peu avant les élections, le candidat argentin avait par exemple déclaré que s’il venait à diriger le pays, il alignerait son gouvernement sur les États-Unis et Israël, tandis qu’il n’interférerait pas dans le commerce extérieur du secteur privé. En clair, celui-ci serait libre de tisser des liens économiques avec des entreprises chinoises, mais l’État argentin réduira ses relations avec Pékin quasiment à néant.

Entre promesses de campagne et réalité économique

Javier Milei a donc été élu. En décembre dernier, l'Argentine a donc officiellement annoncé qu'elle ne rejoindrait pas le bloc des économies en développement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). La Chine est pourtant un partenaire économique important pour l’Argentine. À l’heure actuelle, on estime par exemple que l’empire du Milieu se classe au deuxième rang des pays destinataires des exportations de l’Argentine. Tout comme le Brésil, l’Argentine a également commencé à utiliser la monnaie chinoise, le yuan, pour rembourser une partie de la dette envers le Fonds monétaire international (FMI). La Banque populaire de Chine avait en effet fourni plus de 18 milliards de dollars au pays pour soutenir le peso argentin.

Au fil des ans, Pékin a également étendu sa présence en Argentine en finançant massivement ses besoins en infrastructures. Buenos Aires a ainsi reçu des fonds chinois pour un total de 11 projets, incluant les chemins de fer, les barrages hydroélectriques, l’énergie solaire et les centrales nucléaires. La Chine finance aussi le projet hydroélectrique de Santa Cruz, un projet de barrage de 4,7 milliards de dollars qui devrait employer plus de 2 500 personnes une fois lancé. Elle finance également l’un des plus grands projets de ferme solaire d’Amérique du Sud, Cauchari, et lui fournit une assistance technique. Une dynamique qui renforce la position de la Chine dans la course au leadership mondial en matière de technologies énergétiques propres.

Des contrats dans le secteur minier à l’horizon ?

L’Argentine fait enfin aussi partie du « triangle du lithium » et devient en cela extrêmement importante pour la Chine, qui cherche des fournisseurs pour répondre aux besoins de son marché intérieur. Récemment, la société minière chinoise Zijin Mining Group a ainsi annoncé qu’elle investira plus de 380 millions de dollars dans la construction d’une usine de carbonate de lithium en Argentine. Selon la société de consulting Benchmark Mineral Intelligence, la demande des fabricants de batteries pour véhicules électriques a connu une très forte augmentation avec celle des ventes de véhicules électriques sur le marché intérieur chinois, ce qui a conduit à une hausse du prix du carbonate de lithium en Chine.

Enfin, l’empire du Milieu diversifie également ses investissements dans d’autres minerais tels que l’or et le cuivre, et peut-être même l’argent et l’uranium à l’avenir. D’autres secteurs comme les télécommunications, l’agriculture ou encore l’industrie de la défense pourraient faire l’objet de coopération économique entre les deux pays, malgré l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, et ce même si les coopérations initiées sous les gouvernements péronistes précédents en venaient à être stoppées ou réévaluées.

Adrien Mugnier est directeur de l’OFNRS.

En partenariat avec L’Observatoire français des Nouvelles Routes de la soie (OFNRS). Retrouvez tous les articles sur observatoirenrs.com

Photo © Sabala Mading/Xinhua


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