Favoriser l'amitié franco-chinoise : les multiples vies de Caroline Puel

1720432382675 China News Li Ziwei

Caroline Puel est connue en France pour avoir établi le bureau de correspondants du journal français Libération en Chine et pour être membre permanent du jury du prix de traduction et de publication Fu Lei. En dehors de ces rôles, elle est aussi ce qu’on appelle une « belle-fille de la Chine » (i.e. mariée à un citoyen chinois), une ancienne étudiante de l'Institut des affaires internationales de Chine et une ancienne correspondante française en Chine. On doit à cette lauréate du prix Albert Londres, la plus haute distinction de la presse française, bien des succès éditoriaux, comme Les trente ans qui ont changé la Chine (Buchet-Chastel). 

Rencontre avec cette ancienne journaliste, ancienne diplomate et auteure, avec ses multiples vies en Chine au cours des 40 dernières années et ses perceptions de l'évolution des relations franco-chinoises.

L’étudiante en Chine : faciliter l'échange entre deux écoles

En 1984, Caroline Puel est arrivée à Pékin comme stagiaire au service de presse de l'ambassade de France en Chine. Une mission de traduction l'a conduite à l'Institut des affaires internationales de Chine. « Les étudiants ici s'intéressaient beaucoup aux livres en français que j'avais apportés, et les étudiants et professeurs, qui n'avaient jamais quitté la Chine, parlaient un français très fluide avec une prononciation authentique. J'ai trouvé cette université très intéressante ! » confie-t-elle.

Dans les années 1980, Caroline Puel faisait la navette entre Paris et Pékin. Elle était étonnée de la connaissance que les Chinois avaient de la langue française, du peuple et de la culture française. « J'ai ressenti qu'à l'époque, la compréhension mutuelle entre les Chinois et les Français était peut-être imparfaite. Notre perception de l'autre incluait beaucoup de nos propres valeurs. Je voulais aider les Chinois et les Français à mieux se comprendre. »

Ainsi, Caroline Puel a eu l'idée de promouvoir l'échange d'étudiants entre l'Institut des affaires internationales et une université française. « Pourquoi ne pas coopérer avec mon alma mater, Sciences Po Paris ? » Les professeurs chinois de l'Institut des affaires internationales ont tout de suite exprimé un fort intérêt. 

Grâce aux efforts de Caroline Puel, à partir de 1985, l'Institut des affaires internationales et Sciences Po Paris ont commencé des échanges et des coopérations. « La première année, trois étudiants chinois et un professeur sont allés étudier à Sciences Po Paris, et en même temps, l'Institut des affaires internationales a accueilli quelques étudiants français. » Caroline Puel faisait partie de ce groupe. « J'ai passé une année très intéressante à l'Institut des affaires internationales, dont je garde un souvenir impérissable. »

Jusqu'à aujourd'hui, l'Institut des affaires internationales et Sciences Po Paris maintiennent de bonnes relations inter-universitaires. Le responsable de Sciences Po Paris en Chine se rend régulièrement à l'Institut des affaires internationales pour des sessions de recrutement, invitant davantage d'étudiants chinois à étudier en France.

La Correspondante en Chine : la candidature olympique de Pékin

L'ancien président français Charles de Gaulle a dit un jour que la Chine est un pays plus ancien que l'histoire elle-même, une phrase qui a éveillé encore plus la curiosité de Caroline Puel pour la civilisation chinoise.

En 1964, la Chine et la France ont officiellement établi des relations diplomatiques. En 1988, Caroline Puel est devenue diplomate française. « À cette époque, mon travail consistait à accompagner le président et le ministre des Affaires étrangères français lors de leurs déplacements à l'étranger. Partout où ils allaient, j'y allais aussi », se souvient-elle. Caroline Puel a ainsi parcouru le monde, visitant la plupart des pays arabes, la Russie, les pays d'Amérique du Sud, mais c’est la Chine qui l'intéressait le plus.

Poussée par sa curiosité, Caroline Puel a créé en 1995 le bureau des correspondants du journal Libération en Chine, ainsi que le bureau de correspondants de l'hebdomadaire Le Point. « À l'époque, il n'y avait que deux médias français en Chine, insuffisants pour comprendre pleinement le pays. » Caroline Puel a donc décidé de regarder la Chine avec ses propres yeux et de raconter objectivement ce qu'elle voyait à la France. Parmi tous les souvenirs de sa carrière de journaliste, la nuit où Pékin a remporté sa candidature olympique occupe une place particulièrement marquante.

Le soir du 13 juillet 2001, heure de Pékin, le président du Comité international olympique, Juan Antonio Samaranch, a annoncé le succès de la candidature de Pékin pour les Jeux olympiques. « À 22h08, j'ai entendu des acclamations dans les hutongs de Pékin. Les gens sont sortis de chez eux, se sont rassemblés dans les rues, souriant et criant de joie. J'ai suivi la foule jusqu'à la place Tiananmen, où les gens se sont réunis pour célébrer ce moment de fierté mémorable », se souvient Caroline Puel.

Caroline Puel a ensuite compilé ses observations et ses expériences en articles et en manuscrits, publiés en France. « Je ne suis pas la première à observer la Chine de manière objective, mais dans mon travail, je me suis toujours attachée à la valeur de la recherche de la vérité. » Dans ses livres, Caroline Puel décrit de manière relativement objective la situation en Chine, attirant l'attention de nombreux lecteurs. Elle estime que « tout lecteur intéressé par la situation internationale a la capacité de distinguer les faits des spéculations. »

En ce qui concerne les Jeux olympiques d'été de 2024 qui auront lieu à Paris, Caroline Puel a déclaré : « Dans une année aussi spéciale que le 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, organiser les Jeux olympiques est un moment très important. J'espère sincèrement que davantage d'amis chinois pourront profiter de cette occasion pour voyager en France et assister aux Jeux olympiques de Paris. »

La belle-fille de Chine : un modèle d'amitié franco-chinoise

« Depuis mon enfance, ma grand-mère et mon père me lisaient des histoires sur la Chine. Par exemple, ma grand-mère me racontait l'histoire d'amour entre Bai Suzhen et Xu Xian (ndt : personnages de la Légende du Serpent blanc, un conte chinois). » La jeune Caroline Puel ne pouvait évidemment pas imaginer qu'elle épouserait, des années plus tard, un Chinois originaire de Hangzhou, d’où vient la légende.

« Si je devais décrire les relations actuelles entre la France et la Chine, je dirais que mon mari et moi sommes le meilleur exemple. Nous sommes le reflet des relations sino-françaises. » Caroline Puel a fait une comparaison chaleureuse pour décrire les relations entre les deux pays. Le mari de Caroline Puel, Cheng Xindong, est un travailleur éminent dans le domaine de l'art contemporain. Grâce à sa femme, il participe également aux activités culturelles et artistiques entre les deux pays et favorise les échanges bilatéraux.

« Les œuvres d'art peuvent parfois toucher les émotions humaines plus directement que les mots ou les événements. Ces émotions peuvent transcender les frontières et la langue elle-même. » Au fil des années, Caroline Puel et son mari ont continuellement promu les échanges artistiques entre la Chine et la France, favorisant la résonance émotionnelle entre les peuples des deux pays.

Caroline Puel a déclaré : « Bien que les relations sino-françaises d'aujourd'hui soient déjà un excellent exemple de relations internationales, la Chine et la France peuvent toutes deux améliorer leurs compétences en communication. » Elle a suggéré que les deux parties utilisent davantage une langue et des moyens compréhensibles par l'autre pour promouvoir l'amitié entre les deux pays, « comme je choisis de donner cette interview en chinois aujourd'hui. »

Caroline Puel pense que les Occidentaux « doivent accepter la réalité que la Chine est maintenant devenue une grande puissance, au lieu de rester enfermés dans leurs propres illusions. » Avant de conclure : « Ainsi, les deux parties doivent continuer à faire des efforts. » 

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.


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