Hong Kong, un reflet de Chine – De l’ex-colonie britannique aux réformes électorales
Hong Kong, l’ex-colonie britannique
Au
Sud-Est de la Chine, dans la mégalopole du Delta de la Rivière des Perles, Hong
Kong, le Port aux parfums, a une position clef entre l’Orient et l’Occident, et
réinvente depuis 23 ans sa gouvernance avec la Chine. En 1982, le n°1 chinois
Deng Xiaoping qui débattait avec la Première ministre du Royaume-Uni, Margaret
Tatcher, sur la rétrocession de Hong Kong, a déclaré : « Il est certain que les Chinois de Hongkong sauront gérer leur ville
comme il faut ».
Au
XIXe siècle, lors des Deux Guerres de l’Opium, les Européens vont
attaquer la Chine impériale, imposer le trafic de l’opium, exploiter son
peuple, se partager 5 ports, des concessions et s’emparer de Macao et de Hong
Kong. Puis, avec un des traités inégaux, celui de Nankin (29 août 1842), le
Royaume-Uni s’approprie la colonie de Hong Kong.
La Chine estime qu’il n’y a jamais eu de démocratie le long des 155 ans de l’occupation du Royaume-Uni. Les 28 gouverneurs de l’ex-colonie britannique ne tenaient pas compte de l’avis des hongkongais. La colonie hongkongaise restera administrée par le Royaume-Uni jusqu’à sa rétrocession à la Chine qui lui ouvre ses bras, le 1er juillet 1997.
Hong Kong : « Un État, Deux systèmes »
Le
Gouvernement chinois opte pour le concept «
Un État, Deux systèmes ». La Chine choisit de donner à Hong Kong un haut
degré d'autonomie, la prospérité, la stabilité, une indépendance et la protection
de ses libertés. S’y ajoute une mini-constitution,
en qualité de Région administrative
spéciale de Hong Kong (R.A.S.H.K.). Les particularités de Hong Kong sont
prises en compte, dont son mode de vie, ses libertés et ses relations
économiques.
Son
Parlement vote les lois et suit le travail de l’exécutif. Hong Kong participe
aux conférences internationales, et garde son système judiciaire, législatif et
exécutif. Pékin gère la défense et la diplomatie, et garantit aux 7,5 millions
de Hongkongais leurs droits d'expression, de presse, de publication,
d'association, de manifestation, et de grève.
En
2003, les manifestants réclament le suffrage universel direct, absent dans
l’ex-colonie. Fin 2014, Le mouvement des
parapluies lutte contre un projet de pré-choix sur la liste électorale de
l'exécutif. De 2019 à 2020, les manifestants visent un projet de loi d’extradition.
En
2021, avec le dernier projet de loi adopté par l'Assemblée populaire chinoise,
Pékin promeut le principe "les patriotes gouvernent Hong Kong" pour
assurer la stabilité et la prospérité durable dans la Région administrative
spéciale de Hong Kong. Les troubles de Hong Kong nécessitaient-ils une réforme
de la loi électorale ? Oui, si l’on en croit les patriotes et les législateurs
avec les Annexes I et II qui renforcent la sélection du chef de l'exécutif et
la formation du Conseil législatif de la RASHK avec ses procédures de vote.
Quelles réformes pour l’avenir à Hong
Kong ?
Ces
manifestations visent politiquement et particulièrement le Parti communiste
chinois, et ne parlent pas des vrais problèmes de Hong Kong, comme sa
surpopulation ou le manque de logements. Ces nouvelles lois, contestées sur le
système électoral ou sur la sécurité à Hong Kong, gênent les manifestants qui
avaient, peu ou prou, des lois identiques dans l’ex-colonie britannique, et
leurs supporters qui ont des lois similaires dans leurs propres pays.
Qu’est-ce
que la loi sur la sécurité nationale ? Elle réprime 4 types d'infractions : le
séparatisme, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des forces
extérieures. Les autres lois concernent des réformes électorales et de
sécurité. Quant à la présence de
patriotes, ils servent le même pays, la même patrie, et constituent une
protection au regard d’éventuelles atteintes à la sécurité nationale. À chacun
son style, il n’y a pas un modèle parfait.
Aux
États-Unis, on jure sur la Bible, on salue le drapeau, et on prête serment. En
Europe, les symboles et les drapeaux sont présents dans les lieux publics. Les
listes des candidats sont contrôlées. Les pays luttent contre les risques
déstabilisants ou subversifs contre leurs États. Nos parlements votent des lois
sur la nationalité, la démocratie et la sécurité. Au Québec, en Corse ou en
Catalogne on observe des manifestations identiques, et certains leaders
européens sont en fuite ou emprisonnés.
C’est
le gouvernement local qui a géré les manifestations. Pékin n’est jamais
intervenu avec ses forces militaires à Hong Kong. Les Occidentaux eux, ont
envoyé leurs forces spéciales et nationales dans des régions en émeutes comme
récemment à Washington, ou à Barcelone il y a peu avec le blocage de la
Catalogne par Madrid.
Nos
nations ont légiféré, comme en Chine, pour assurer la sécurité, la pérennité de
la nation et préserver l’ordre, la sécurité et le patriotisme au sein de nos
États.
Enfin,
notons qu’en Occident, nos rapports avec les administrés ou nos administrateurs
sont beaucoup plus durs et bien moins consensuels qu’en Asie ou en Chine, où
l’on recherche l’harmonie.
Pierre Picquart est docteur en géopolitique et
en géographie humaine de l'Université de Paris-VIII, expert international et
spécialiste de la Chine.
Photo © LU Xiaowei/Xinhua
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