
Hong Kong : comment comprendre de façon globale le principe « Un pays, deux systèmes » ?
Cela fait 25 ans que Hong Kong a été rétrocédé à la Chine. Au cours de cette période, le monde a connu de profondes vicissitudes, et le principe « Un pays, deux systèmes » a fait l’objet, dans son application, de multiples ajustements et adaptations. Aujourd’hui, l’heure est venue d’en actualiser et d’en améliorer notre connaissance, afin d’aborder dans un état d’esprit plus large une nouvelle étape de son histoire.
Tout d’abord, il convient de souligner que dans l’énoncé du principe « Un pays, deux systèmes », la notion de « pays » constitue un préalable. En fait, les douze sinogrammes dont, en termes de signifiés, dérivent les formules « Un pays, deux systèmes », « Le peuple de Hong-Kong administrant Hong Kong » et « Un haut degré d’autonomie », induisent des niveaux de relations non pas parallèles mais progressifs.
Ainsi, « Un pays » doit être placé au-dessus de « deux systèmes ». En effet, dès le jour où l’ancienne colonie britannique est retournée dans le giron de sa mère-patrie, la Chine a recouvré, sur ce territoire, sa pleine souveraineté et sa gouvernance. De sorte qu’en matière de gouvernance, tout soit soumis au principe « un pays ». Autrement dit, à Hong Kong, tout ce qui concerne les intérêts fondamentaux – tels que la souveraineté nationale, la sécurité et le développement, ainsi que le système de base, la Constitution, les principes de la Loi fondamentale et la dignité d’un pays – entre dans le périmètre « un pays », y compris la gouvernance globale de Hong Kong par le gouvernement central, qui ne s’arrête pas à la rivière de Shenzhen.
Par ailleurs, l’étape « Le peuple de Hong Kong administrant Hong Kong » est consécutive au principe « Un pays, deux systèmes » ; cela signifie que les affaires locales sont régies par les Hongkongais eux-mêmes et non plus par les Britanniques. Ce qui permet de déjouer le complot de certaines personnes au Royaume-Uni, qui ont tenté de troquer la souveraineté contre une gouvernance souveraine. Deng Xiaoping a affirmé : « Nous sommes persuadés que les Hongkongais peuvent bien gouverner Hong Kong, et nous ne pouvons pas continuer à laisser les étrangers gouverner, sinon les Hongkongais ne seront jamais d'accord. »
« Le peuple de Hong Kong administrant Hong Kong » signifie également que ce sont les Chinois de Hong Kong qui doivent gouverner Hong Kong. Mais à une seule condition : qu’ils soient des patriotes. En d’autres termes, même si, dans le cadre des « deux systèmes », celui de Hong Kong est fondé sur le mode de production et le style de vie capitalistes, les Chinois impliqués dans la gouvernance locale doivent aimer la Chine et Hong Kong. C’est une question de principe.
Enfin, la formule « Un haut degré d’autonomie » vient après « Un pays, deux systèmes » et « Le peuple de Hong Kong administrant Hong Kong ». Un « haut degré d'autonomie » ne signifie pas « complète autonomie » : c'est aussi une question de principe. Deng Xiaoping a dit qu'il n'était pas d'accord avec la formulation « complète autonomie », que l'autonomie ne peut pas être sans limites, et que si elle a des limites elle ne peut pas être « complète ».
Les nombreux défis majeurs que Hong Kong a connus depuis sa rétrocession à la Chine – notamment celui lancé en 2019 par les forces anti-chinoises suite à l’annonce de l’amendement d’une loi sur l’extradition – démontrent qu’un degré élevé d'autonomie ne signifie pas que l’État ne puisse pas intervenir à des moments critiques ou sur des questions de grande importance. Certaines interventions de l’État sont nécessaires : tout dépend de savoir si elles sont bénéfiques à la prospérité, à la stabilité et aux intérêts du peuple de Hong Kong.
Revenons maintenant sur l’idée de « Cinquante ans sans changement ». Cela signifie qu’en vertu du principe d’une seule Chine, la majeure partie du pays pratique le système socialiste, tandis que Hong Kong, Macao et, plus tard, Taïwan, maintiendront sur une longue période leur système capitaliste d’origine. Ce qui, pour autant, ne veut pas dire ne rien changer du tout. Le « sans changement » ne signifie pas ne pas progresser, ne pas évoluer avec son temps. Par ailleurs, préserver le mode de production et le style de vie capitalistes dans le cadre du principe « un pays » n’implique pas le fait d’admettre tacitement l’écart entre riches et pauvres qui ne cesse de se creuser, et encore moins le style de gouvernance dépassé ou familial caractérisé par la collusion entre les autorités gouvernementales et les entreprises. Même par rapport à d'autres économies d'Asie de l'Est, Hong Kong ne peut pas rester immobile. Dans les domaines de la distribution sociale et du bien-être social en particulier, il reste à Hong Kong beaucoup de points à améliorer.
Dans le même temps, Hong Kong présente les mêmes spécificités que les autres régions administratives spéciales. « Région administrative spéciale » ne signifie pas que tout peut faire l’objet de mesures d’exception.
Une région dite spéciale doit reconnaître ses spécificités et les faire valoir, y compris ses potentiels et ses atouts uniques mais aussi ses lois et ses droits – ce qui est spécifique au système de Hong Kong et qui doit rester quasiment inchangé dans le cadre du principe d’un pays.
En revanche, certaines choses doivent être constamment révisées et améliorées avec le temps, comme par exemple l’élaboration, la promulgation et la mise en œuvre de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong ainsi que la création d'institutions y afférant, ou encore l’application, dans le domaine électoral, du principe de la gouvernance de Hong Kong par les Chinois patriotes.
En conclusion, le principe « Un pays, deux système » n’aurait pas pu se développer s’il n’avait pas été appliqué au cours des vingt-cinq dernières années en dépit des difficultés et des défis rencontrés, et il n’aurait pas remporté les succès que l’on connaît aujourd’hui.
Huang Ping est docteur en sociologie (London School of Economics). Il est membre du 13e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, chercheur à l'Académie chinoise des sciences sociales, professeur émérite de l'Université chinoise des sciences sociales, vice-président de l'Institut d'études chinoises de Hong Kong de l'Académie chinoise des sciences sociales et directeur du Centre d'études sur Taïwan, Hong Kong et Macao de l’Académie des sciences sociales.
Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn
Photo : Unsplash
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