
L'incroyable histoire de Zhang Hong : devenu aveugle, il gravit l'Everest
À 40 ans, après 19 ans d’une vie difficile marquée par la cécité, il décide de gravir le plus haut sommet du monde. L’histoire de Zhang Hong, premier Chinois non voyant et 3e au monde à avoir gravi l’Everest, est une vraie leçon de vie.
En ce novembre 2021, Zhang Hong est toujours bloqué à Katmandou, sans avoir pu retourner dans son pays natal, la Chine. Presque 7 mois se sont écoulés depuis qu’il a quitté sa femme et son fils à Lhassa pour se rendre au Népal. Mais la fermeture des frontières et l’arrêt du trafic aérien entre la Chine et son voisin frontalier – pandémie oblige – n’a pas que du mauvais. « Je n'ai pas vraiment d’autres solutions. Heureusement, je peux utiliser ce temps pour réfléchir, étudier et tenter de planifier l'avenir », avoue Zhang Hong. On comprend aussitôt que le temps à été utilisé à bon escient : à l’autre bout du fil, on entend Zhang Hong commander une boisson chaude dans un anglais assez sûr. Une langue qu’il connaissait à peine il y a quelque mois.
Car qui n’aurait pas eu besoin d’un petit moment de réflexion et de retrait en soi après l’enchaînement frénétique d’événements qui, début 2021, l’auront amené à cet exploit hors-norme : le lundi 24 mai à 9h30 (heure de Katmandou), Zhang Hong (张洪), 46 ans, est devenu le premier alpiniste chinois aveugle à avoir gravi l'Everest (8 849 m). Un exploit effectué en une seule première tentative, avec l'aide, bien sûr, de son guide de montagne Qiang Zi et trois Sherpas : Lhakpa Sherpa, Dawa Wongchu Sherpa et Samden Bhote. Zhang Hong est le troisième non-voyant au monde à avoir gravi l'Everest après l'Américain Erik Weihenmayer (en 2001) et l'Autrichien Andy Holzer (en 2017). Une ascension d’autant plus incroyable au vu du parcours difficile du quadragénaire qu’absolument rien ne prédestinait à une carrière d’alpiniste.
« Quand j'ai perdu la vue, je n'ai pas pu accepter la chose. C’était pour moi une malchance injuste, tous les jours je me plaignais, j'avais des envies suicidaire… »
Parti de zéro
Zhang Hong est né en 1976 dans la région de Chongqing dans une modeste famille d'agriculteurs. Il est un garçon comme les autres, à une chose près : il doit s'occuper de son père et de son oncle qui ont perdu la vue à cause d'un glaucome. Très jeune, il comprend donc comment la vie peut tourner en tragédie à cause de la cécité. Échouant au concours d'entrée à l'université chinoise, il n'a d'autre choix que de commencer à travailler comme travailleur migrant et quitte Chongqing dans les années 90. L’hérédité le rattrapera peu de temps après, alors qu’il n’a que 21 ans : en quelques mois, Zhang Hong perdra la vue à son tour. « Depuis petit, j'ai toujours eu une sorte de complexe d'infériorité et j'ai toujours été un peu révolté. Quand j'ai perdu la vue, je n'ai pas pu accepter la chose. C’était pour moi une malchance injuste, tous les jours je me plaignais et j'avais des envies suicidaires… J'étais très conscient de ce qu’allait être ma vie les prochaines années et je ne voulais pas m’y confronter. »
Zhang Hong et son guide Qiangzi à l'assaut de la cascade de glace du Khumbu (5 484 m) © InHope Pictures
C’est à cette époque qu’il fait une rencontre capitale : celle qui allait devenir sa femme. Sans jamais manquer d’être à ses côtés, cette nouvelle personne dans sa vie fait preuve d’un dévouement exceptionnel. « C’est elle qui m’a empêché de me suicider, quand bien même je ne voulais pas qu'on m’aide, que je souffrais et que je pouvais même parfois lui faire du mal », avoue-t-il. Après 2 à 3 années de lutte contre la dépression, le couple finit par se marier. Là encore, c’est une pression énorme pour l’épouse qui doit affronter la désapprobation de toute sa famille. Au sortir de cette période noire, Zhang recommence à chercher du travail, à se trouver une vie sociale. Il devient, assez « naturellement », masseur : en Chine, la réflexologie est une discipline de la médecine traditionnelle chinoise et la profession de masseur est souvent un choix pour nombre de mal- et nonvoyants, réputés pour leur sens du toucher. Une solution souvent aussi par défaut, comme un stéréotype.
De nombreuses années seront encore nécessaires au couple avant de trouver une situation stable. Grâce à quelque recommandation, Zhang Hong parvient à obtenir un emploi dans un hôpital de Lhassa au Tibet, il a alors 40 ans. « C'est là que j'ai rencontré par hasard un alpiniste tibétain qui m’a conté ses aventures. J’étais admiratif. Je n’avais absolument aucune notion d’alpinisme, ni même de la randonnée en montagne. Alors je lui ai demandé s’il y a déjà eu des aveugles qui ont fait l’ascension de l'Everest. Il m'a répondu par l’affirmative. » À ce moment une idée naïve, folle mais forte, germe dans son esprit. Pourquoi pas moi ?
À l’évocation de sa nouvelle lubie autour de lui, Zhang Hong se retrouve seul : « Tout le monde trouvait mon idée vraiment déraisonnable. Ma femme ne s’est pas opposée, en tout cas pas ouvertement, elle a dû sûrement penser que c’était juste des paroles en l’air. Il faut dire que moi-même je n’étais pas convaincu au tout début. L’objectif me paraissait inaccessible. » À 40 ans, Zhang Hong n’est non seulement plus tout jeune, mais il avoue n’avoir jamais eu aucune pratique sportive. « Le Zhang Hong de naguère était très renfermé sur lui-même, ma vie était limitée, je sortais peu, je n’avais pas eu par exemple, le cadre d’un Erik Weihenmayer, qui pratiquait divers sport outdoor depuis petit », explique-t-il. Son travail de masseur ne lui permet pas de passer son temps dans les salles de gym, a fortiori pas non plus de se payer un formateur spécialisé… Il s’entraîne alors tout seul en arpentant les cages d’escaliers dans son immeuble avec un sac lesté et tente de rencontrer d’autres alpinistes.
Zhang Hong au camp de base de l'Everest (5 154 m) © InHope Pictures
Premiers pas, premiers sommets
Un jour, un ami emmène Zhang Hong sur un des petits sommets qui entourent Lhassa (Lhassa est située à 3 650 m d’altitude, certains des monts qui l’entourent sont juchés à 5 000 m). Il se fait ses premières impressions. Il semble bien s’adapter au relief. La confiance commence à prendre pied. Un an plus tard, en 2016, on l’emmène grimper son premier mont enneigé, à plus de 6 000 mètres, au Yunnan. Seul aveugle entouré d’une vingtaine de personnes, son ascension se passe sans problème : il comprend alors que son objectif est moins insensé qu’il n’y paraît.
En 2017, il grimpe à plus de 7 000 mètres, où il affronte ses premières difficultés face à des tempêtes de neige et un climat capricieux. Puis il rencontre alors Qiang Zi, un alpiniste et ancien militaire, expérimenté à entraîner les sportifs à mobilité réduite, qui accepte de devenir son guide. Ils feront ensemble en 2019, l’ascension du Muztagh Ata (au Xinjiang, 7 546 m). Celle-ci provoquera une vraie remise en question qui manquera de le faire abandonner : « Pendant la descente, j’ai eu les doigts gelés. Pour moi qui travaille dans la médecine chinoise et qui fais très attention au corps, ça été un choc. Puis je me suis dit qu'en fait, j'étais encore plus près qu'avant de mon but. J'étais déjà lancé : en abandonnant, tous ces efforts, ces souffrances, auraient compté pour rien. »
Repos avant l'ascension du Lobuche (6 119 m). Le Lobuche est généralement considéré comme un bon trek pour s'acclimater avant l'Everest © InHope Pictures
Problème : pour faire l’ascension du « Mont Zhu » comme l’appellent les grimpeurs chinois (prononcer « djou », abréviation de Zhumulangma, transcription en chinois du tibétain Chomolungma, l’appellation locale de l’Everest), il faut de l’argent. Beaucoup d’argent. Rien que le permis de grimper remis par les autorités népalaises coûte plus de 10 000 €. Il faut en outre une équipe d’accompagnement spécialisée, avec des Sherpas bien entraînés, un équipement professionnel personnel, dont les précieuses bouteilles d’oxygène nécessaires au-delà de 7 000 mètres, la capacité de payer la pension sur les camps de base qui ponctuent la route jusqu’au au sommet et enfin une santé de fer qui demande une longue préparation. Soit plusieurs centaines de milliers de yuans (dizaines de milliers d’euros). C’est une organisation nécessaire pour faire face aux dangers inhérents de l’alpinisme à cette altitude extrême. En effet, dans la fameuse « zone de la mort », cette zone audessus de 7 500 m où l’oxygène est tellement rare que la vie y devient impossible, les corps de près de 200 malheureux jonchent encore et à jamais le sommet de l’Everest, sans que personne n’ait pu trouver les moyens techniques ou humains de descendre les dépouilles. Il se souvient : « Je n'avais rien préparé... La question du financement était le plus gros obstacle sur mon chemin. Tous les jours, je me levais à 4h pour aller m’entraîner ; à cette heure-là, l’hiver il fait bien en dessous de -10 °C à Lhassa. Je grimpais des escaliers en portant un sac de 30-35 kg du 1er au 11e étage, puis je prenais l’ascenseur pour redescendre et recommençais pendant 2 ou 3 heures, avec seulement le bruit de mes pas pour m’accompagner. C’est alors que je me demandais si sans argent, tout cela avait un sens… ».
Entre début 2020 et début 2021, la situation se déverrouille. Zhang Hong tente de se faire connaître et rencontre le cinéaste Fan Lixin, qui s’est distingué sur le documentaire Last train home et qui accepte de le suivre dans son aventure. Il obtient une première somme d’un fonds d’aide chinois aux personnes handicapées et poste des vidéos de lui sur le Net pour tenter de se financer par crowdfunding. Des dons divers et une somme octroyée par l’hôpital qui l’emploie compléteront le tout. Entre temps, il trouve aussi l’occasion de s’entraîner à la marche sur glacier, l’un des points difficiles du périple à venir. Pas à pas, Zhang Hong arrive à son but : en février 2021, il est prêt.
Quatre fois plus d’énergie qu’un grimpeur ‘normal’
Un mois d’acclimatation lui sera nécessaire une fois au Népal. Les conditions météo ne sont pas très bonnes : de fait, il s’agit de l’une des plus mauvaises années si on compare les données sur les quelques dernières. Au moment de cette interview, seulement 40 % des expéditions en 2021 auraient atteint le sommet à cause du climat. La pandémie n’arrangeant rien, les grimpeurs sont particulièrement peu nombreux sur les chemins, ce qui n’est pas très rassurant : en cas de problème, on ne pourra pas compter sur des « passants » pour une aide souvent précieuse. « Une semaine avant que l'on s’engage, le 12 mai dernier, de mauvaises nouvelles nous étaient parvenues : deux grimpeurs, un Américain et un Suisse [Puwei Liu et Abdul Waraich], sont morts de fatigue lors de leur descente et personne n'avait pu les secourir. Leurs corps sont encore là-haut, gelés à jamais... », se rappelle-t-il.
Zhang Hong sur le toit du monde © InHope Pictures
Heureusement pour lui et son équipe, l’ascension se passe bien, jusqu’à ce qu’une avarie due au froid sur l’une des bouteilles d’oxygène survienne aux alentours de 8 700 mètres. L’heure est grave car un manque d’oxygène peut être fatal. Pour ne pas que l’expédition avorte, une partie de l’équipe, dont le photographe et Qiang Zi, le guide personnel de Zhang Hong, décident de rebrousser chemin afin de laisser encore au non-voyant la chance de monter avec les 3 Sherpas népalais. À ce moment, à l’idée de monter sans son guide, Zhang est à deux doigts d’abandonner : « Le climat était difficile. Et puis les Sherpas ne parlaient pas chinois et moi, je ne parlais pas anglais ! Comment allions nous faire ? Au dernier moment je me suis ravisé : on me disait qu'on y était presque. Si près du but, j'ai pensé à ma femme, à tous ceux qui m'avaient soutenu, ça aurait été trop bête de s’arrêter. » Dans un anglais rudimentaire qui se limite à ‘up’ et ‘down’, Zhang suit alors, pas à pas, les instructions des Sherpas. La fin de l’ascension dure plusieurs heures interminables : « Quand je demandais si on y était presque, les Sherpas me répondaient ‘dans une demiheure’. Mais après plusieurs demi-heures comme ça, épuisé, j’ai fini par arrêter de demander et par les suivre machinalement. »
Un alpiniste aveugle développe-t-il des compétences différentes par rapport à un grimpeur voyant ? Pas vraiment selon Zhang Hong : « Là où c'est difficile, c'est que je dépense quatre fois plus d’énergie qu'un grimpeur normal. À chaque pas, je ne sais pas ce qui m’attend, il me faut du temps pour explorer, ce qui demande de l'énergie. Un grimpeur normal voit tout de suite la situation et en un pas, il enjambe, c'est réglé. Pour moi, chaque pas amène ses peurs et difficultés, là où la vue permet au contraire tout de suite de se faire une idée du danger qui s'annonce et d'être rassuré sur une certaine distance. Sur un glacier, les crevasses n’obéissent à aucune règle, il faut que quelqu'un me dise de combien je dois enjamber le trou. Et même si on me dit qu'il y a un trou béant de 50 cm, dès que j'ai avancé mon pied, je n'ai aucune idée de comment sera le terrain à l'arrivée : plat, glissant, etc. Tout ce processus demande beaucoup de temps, un simple pas peut me demander plusieurs minutes. L'énergie, le temps que ça demande, font que pour moi la pression est énorme. L'incertitude est constante à chaque seconde. Or plus le temps que tu dépenses est long, plus le risque auquel tu t'exposes est grand. »
« En chacun de nous, il y a un autre Chomolungma. Un qu’on doit gravir tous les jours, et qui est parfois bien plus difficile que le vrai. »
Au bout d’un long moment, Zhang Hong commence à sentir la neige sous ses pieds, preuve que le sol s’aplanissait suffisamment pour que celle-ci s'y accumule. « Autour de moi je sentais qu'il y avait plus de vide, de lumière ; le son du vent était plus fort et rugissait au-dessus de ma tête. Je sentais qu'il n'y avait plus de relief aux alentours. On y était presque. Tout d'un coup un Sherpa s'est retourné et m'a dit en anglais : tu es arrivé ! J'osais à peine le croire, il m'avait trompé à plusieurs reprises tout ce temps. Il a répété plusieurs fois cette phrase. Je n'avais plus de force pour lui parler. Et puis il s’est mis à parler en népali, je ne comprenais pas ce qu'il disait, mais dans sa voix on sentait de la joie, il prononçait mon nom ! Là je me suis dit ok, on est bien arrivés. »
Au sommet, on n’est qu’à la moitié du chemin
Ni enthousiaste, ni excité, Zhang Hong pense au retour : « Un vieux grimpeur polonais que j'avais rencontré avant de partir à l'assaut du sommet m'avait dit de faire attention : une fois là-haut, on n'est en vérité qu’à la moitié du chemin. J'étais très conscient de cela. Peut-être que le plus gros danger était encore devant moi ! Il faut savoir que la plupart des accidents sur l'Everest ont lieu lors de la descente ! De plus, je n'avais aucune notion du temps. Quelle heure était-il ? Avait-on assez de temps pour rentrer ? Je ne savais pas comment le demander aux guides. Après avoir pris quelques photos, j'ai entendu un ‘go down !’, et nous sommes repartis. » Au bout d’une longue descente malaisée, le groupe arrive épuisé au camp 4 (le plus haut des 5 camps qui jalonnent le chemin vers le sommet, à 7 920 m). Là une dernière épreuve les attend : une tempête de neige approche et le camp doit être rapidement évacué d’ici une heure. Zhang croit alors devenir fou : « Le plan initial était de rentrer au camp 4, de s'y reposer un soir et de redescendre au camp 3 (7 470 m), le lendemain. En tout, depuis notre départ à minuit du camp 4, jusqu'au retour, nous avions mis 24 heures. 24 heures où chaque seconde nous avions été mordus par le froid, soumis au stress, à l’altitude, sans pouvoir se reposer… Les dernières heures étaient si difficiles qu'on ne pouvait penser à rien d'autre que d'essayer de repousser toujours un peu plus ses propres limites jusqu’au camp 3. » Zhang Hong et son équipe arrivent enfin sains et saufs. C’est une victoire. L’homme reste humble malgré l’exploit : « Certes j'ai été chanceux, mais ça aurait été impossible sans cette équipe, ni sans le soutien de tous. Dans la montée, ils n'ont pas arrêté de m'encourager, de me soutenir, à chaque moment où c'était difficile. »
Zhang Hong sur le toit du monde © InHope Pictures
Depuis cette aventure donc, Zhang Hong n’a pas pu rentrer en Chine. Son histoire a fait le tour du monde, quand lui réfléchissait à Katmandou sur ses nouveaux projets. D’abord, il faudra continuer dans la lancée et gravir les « 7+2 » sommets du monde (les sept sommets les plus hauts de chaque continent et ceux des deux pôles). Mais surtout il faudra partager son expérience, avec d’autres qui, comme lui naguère, souffrent d’un handicap et se renferment sur eux-mêmes, enchaînés dans une spirale de dépression, afin de leur apporter un peu de soleil. « J'ai longtemps pensé que la vie était injuste, me plaignant longtemps de ma condition. Je veux prouver que si tu es handicapé, ce n'est pas grave, tu peux toujours faire plein de choses. » Cela passera peut-être par la formation à son initiative d’une équipe spéciale d’alpinistes non-voyants, une idée plus compliquée qu’il n’y paraît : « Rien que pour un aveugle qui vit en ville, c’est déjà difficile de sortir, d’autant plus que la famille n'accepte pas forcément de laisser leur proche errer librement, a fortiori pas pour grimper le Chomolungma ! Il faut que la personne en ait envie, et que la famille, qui cherche à la protéger avant tout, soit aussi d'accord, c’est là la principale difficulté. Mais petit à petit, on peut se défaire de ces limites. »
Pour l’alpiniste, le combat est avant tout psychologique : « Même si dans la réalité, on te voit grimper le vrai Chomolungma, il ne faut pas oublier qu’en chacun de nous, il y a un autre Chomolungma. Un qu’on doit gravir tous les jours, et qui est parfois bien plus difficile que le vrai. »
Article rédigé avec l'aide d'Aladin Farré de China Compass Production
Photo du haut : Zhang Hong au camp de base de l'Everest (5 154 m) © InHope Pictures
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